Les ressorts de la nouvelle diplomatie de M. Abe (1ère partie)

Politique

Au cours des sept derniers mois, la diplomatie foisonnante d’Abe Shinzô a embrassé la quasi-totalité de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie — sans parler des États-Unis. Mais est-elle en mesure de restaurer les liens fortement dégradés que le Japon entretient avec ses voisins ? Dans cette interview exclusive, Yachi Shôtarô, un ancien fonctionnaire aux affaires étrangères possédant une connaissance intime des coulisses du pouvoir, exprime sans ambages son opinion sur l’essence et l’efficacité de la « vison aérienne » sur laquelle se fonde l’approche adoptée par M. Abe en matière de politique étrangère.

Yachi Shôtarô YACHI Shōtarō

Ancien membre du comité de rédaction de nippon.com. Né en 1944. En 1969, diplômé de troisième cycle en politique de la faculté de droit de l’Université de Tokyo, il intègre le ministère des Affaires étrangères. Directeur du Bureau de politique étrangère puis adjoint au secrétaire général du gouvernement, et occupe le poste de vice-ministre administratif des Affaires étrangères de 2005 à 2008. Enseigne actuellement dans les universités de Waseda, Keiô et Tokyo. Conseiller du cabinet du Premier ministre Abe Shinzô depuis décembre 2012.

C’est en décembre dernier — il y a à peine plus de sept mois — qu’Abe Shinzô a formé son second gouvernement, et pourtant les contours d’une « diplomatie Abe » unique en son genre sont déjà en train d’apparaître. Yachi Shôtarô, conseiller spécial auprès du cabinet, nous a accordé une interview exclusive, que nous publions en deux épisodes, dans laquelle il nous fait partager sa vision de l’intérieur de l’état actuel des relations du Japon avec les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud et la Russie, et nous offre des éclaircissements sur le projet diplomatique du gouvernement Abe en ce qui concerne l’Europe, l’Afrique et d’autres régions. La première partie traite principalement de l’Asie — notamment des relations sino-japonaises, mises à mal par divers problèmes, dont le tapage autour des îles Senkaku. Évoquant la possibilité de réunir un sommet bilatéral pour renverser la situation, M. Yachi observe que le premier ministre Abe est conscient de la nécessité du dialogue, mais aussi de l’obligation de progresser pas à pas, compte tenu des fortes divergences qui séparent aujourd’hui les gouvernements des deux pays. « Je pense que l’objectif est actuellement d’approfondir le dialogue à bien des niveaux », dit-il, « instaurer une atmosphère constructive, tournée vers l’avenir et, dans le même temps, préparer le terrain pour un sommet bilatéral. »

Les doctrines Abe

——Après la série de revers diplomatiques enregistrés quand le Parti démocrate du Japon (PDJ) était au pouvoir, le premier ministre Abe Shinzô a inauguré une nouvelle ère, celle d’une diplomatie très proactive. Je sais que M. Abe s’est déclaré partisan d’une « diplomatie axée sur les valeurs », mais quelle est la stratégie de base de son gouvernement ?

YACHI SHÔTARÔ  Les principes fondamentaux qui régissent la politique étrangère sous le second mandat de M. Abe ne sont pas différents de ceux qui étaient en vigueur dans son premier gouvernement (septembre 2006-septembre 2007). Toutefois, dans la mise en œuvre de cette politique, le cabinet actuel s’est efforcé de tirer les leçons des faux pas commis par le PDJ. En tout premier lieu, cela veut dire ne jamais perdre de vue le fait que l’alliance nippo-américaine est le pivot de la politique étrangère japonaise — un fait que le premier ministre Abe a toujours clairement affirmé —, tout en poursuivant des stratégies diplomatiques multidimensionnelles. M. Abe a également parlé d’aborder la politique étrangère à partir d’une « perspective panoramique de la carte du monde » — autrement dit une vision aérienne vue d’ensemble des affaires mondiales.

——Qu’est-ce que cela veut dire ?

YACHI  Cela veut dire jeter les fondations d’une politique étrangère équilibrée, multidimensionnelle. Par exemple, compte tenu de notre incertitude en ce qui concerne l’évolution du rapport de force entre les États-Unis et la Chine, nous avons dit clairement que, dans sa propre conduite des affaires étrangères, la Chine devait se comporter en nation respectueuse des valeurs universelles. Le choix d’une « diplomatie axée sur les valeurs » va de pair avec un engagement en faveur de valeurs universelles telles que la liberté, les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. Dans le même temps, le gouvernement Abe veut que les Japonais apprécient les spécificités de leur histoire, de leurs traditions et de leur culture, sans parler des traits de caractère que nous voyons à l’œuvre dans nos réactions au Grand séisme de l’Est du Japon.

——Le gouvernement actuel semble également avoir fait sien le concept d’« arc de liberté et de prospérité » prôné par le vice-premier ministre Asô Tarô depuis l’époque où il était ministre des affaires étrangères dans le premier gouvernement Abe. Il est certes indubitable que le Japon a de nombreux amis et soutiens groupés sur le bord extérieur du continent eurasiatique, mais sous le premier gouvernement Abe, puis sous celui d’Asô (septembre 2008-septembre 2009), ce projet a été perçu comme une tentative flagrante d’encerclement de la Chine, et il n’a jamais vraiment décollé.

YACHI  Il est vrai qu’aux yeux de certains l’« arc de liberté et de prospérité » s’inscrivait dans une stratégie d’encerclement de la Chine, mais ces gens-là se trompaient. À supposer même que le Japon soit en mesure d’encercler la Chine, cela n’est jamais entré dans les intentions de M. Abe. Dans notre vision des choses, les pays disposés le long de l’arc sont comparables à des coureurs effectuant un marathon, tous en quête de liberté et de prospérité. Tout ce que veut le Japon, c’est courir à leurs côtés et les soutenir par des moyens pacifiques tels que l’aide publique au développement et les échanges de peuple à peuple. Loin de vouloir exclure la Chine, nous serions très heureux d’obtenir son approbation et sa coopération. Le gouvernement n’appelle plus cette politique par le même nom, mais je pense que l’idée sur laquelle elle reposait reste en vigueur.

La Chine : trouver la vitesse adéquate

——Les tensions entre Tokyo et Pékin restent vives. Je crois savoir que vous avez séjourné à Pékin du 15 au 18 juin en vue d’aplanir le terrain pour que puisse s’instaurer un dialogue constructif. Le 19 juin, depuis Londres, le premier ministre lui-même s’est déclaré « entièrement prêt à renouer le dialogue » avec le président Xi Jinping. Ceci étant, que pensez-vous de l’idée d’un sommet de ce genre ?

YACHI  La première fois que M. Abe est devenu premier ministre, il y avait aussi des problèmes dans les relations sino-japonaises, suite aux visites du premier ministre Koizumi Jun’ichirô au sanctuaire de Yasukuni. À cette occasion, sa réaction a été immédiate et il a pris ses dispositions pour se rendre à Pékin à peine deux semaines après son entrée en fonction. Le sommet d’octobre 2006 a débouché sur un accord en vue d’établir une « relation mutuellement bénéfique fondée sur des intérêts stratégiques communs ». Malheureusement, la situation est bien pire aujourd’hui, du fait de l’exacerbation des tensions consécutive à l’affaire des îles Senkaku.

Ceci dit, le Japon et la Chine jouent tous deux un rôle important au niveau régional comme mondial, et les liens profonds qui nous unissent perdurent depuis des siècles. Les tensions actuelles entre les deux pays constituent inévitablement un facteur de déstabilisation pour la région et pour le monde. C’est pourquoi la communauté internationale attend de nous que nous évitions de nous lancer dans la moindre escalade et nous engagions au contraire sur la voie du rapprochement. Le premier ministre Abe sait que le dialogue est nécessaire. Mais, compte tenu du fossé qui sépare nos dirigeants sur la question des îles Senkaku, je ne pense pas que le temps soit mûr pour des pourparlers au sommet. Je pense que l’objectif est actuellement d’approfondir le dialogue à bien des niveaux, instaurer une atmosphère constructive, tournée vers l’avenir et, dans le même temps, préparer le terrain pour un sommet bilatéral.

——Vous voulez donc aller doucement, pas à pas.

YACHI Je pense que nous devons avancer prudemment et dans le même temps avancer avec toute la vitesse requise pour amorcer le dialogue à tous les niveaux.

——Quelle est votre idée de la vitesse ? L’automne ou plus tard ? Le gouvernement espère-t-il mettre les choses en route immédiatement après les élections à la Chambre des conseillers ?

YACHI  Il entend le faire dès que possible, mais pas avant d’en avoir fini avec les préparatifs. Personne ne prône la lenteur pour la lenteur. Mais même en 2006, la visite de M. Abe en Chine a exigé de nombreuses heures de planification et de consultations préalables. La Chine est un très grand pays, pas facile à faire bouger, et le gouvernement ne peut tout simplement pas changer de politique du jour au lendemain. Le gouvernement Abe est déterminé à avancer le plus vite possible, mais ce genre de choses prend inévitablement du temps.

——Quels changements êtes-vous le plus impatient de voir advenir en Chine ? Je suppose que le respect de l’état de droit, notamment le droit maritime, en fait partie ?

YACHI  Je pense que nous devons continuer d’appliquer la diplomatie de la piste 2 et de la piste 1,5(*1), qui vise à inciter la Chine à bien comprendre les lois et les règlements régissant les affaires internationales. Avec tout le respect qui lui est dû, la Chine a une longue histoire en tant que super-puissance régionale, avant l’époque moderne, mais en tant que nation moderne, elle reste une puissance émergente. Je souhaite que les Chinois commencent sans tarder à faire montre d’une meilleure compréhension des lois et règlements gouvernant la société internationale. Car, franchement, si l’on se fie aux déclarations émises par leur gouvernement, il leur reste beaucoup de chemin à faire.

——Lors de la visite qu’il a effectuée aux États-Unis au mois de juin, le président Xi Jinping aurait dit : « L’océan Pacifique est suffisamment vaste pour que les États-Unis et la Chine y trouvent chacun leur place. » Quant au président Barack Obama, il a tenu à souligner l’importance que son pays attache à l’alliance nippo-américaine, et ses propos laissent à penser qu’il faisait clairement référence à la question des îles Senkaku. Qu’avez-vous pensé de cette déclaration ?

YACHI  La Chine, qui est désormais la deuxième puissance économique mondiale, est également une grande puissance militaire. Dans les cercles de la politique étrangère américaine, l’idée d’un « Groupe des deux », conçu comme un cadre de travail informel, gagne du terrain, et certains vont jusqu’à suggérer que la Chine devrait être le premier partenaire mondial et régional des États-Unis. Mais la relation nippo-américaine a des racines tellement plus profondes. Notre partenariat dans le domaine de la sécurité, au titre de l’alliance nippo-américaine, remonte à la fin de l’occupation américaine, et notre coopération économique en tant que deux des plus grandes économies du monde se poursuit depuis des années. Plus important encore, la relation nippo-américaine se fonde sur le socle solide des valeurs démocratiques que nous partageons, et tous les discours de la Chine ne pourront jamais combler ce retard. Je pense que la déclaration du président Obama reflète une certaine compréhension de notre histoire commune.

——Compte tenu de l’intensité des activités et des tensions qui tournent autour des îles Senkaku, ne craignez-vous pas qu’un incident, par exemple l’arraisonnement d’un bateau de pêche japonais ou une collision en mer, puisse déclencher une crise ?

YACHI  Il y a certainement des faucons en Chine qui aimeraient bien que cela arrive. Mais je ne pense pas que les plus hauts dirigeants partagent ce sentiment. En termes d’orientation politique de base, je pense que les dirigeants chinois reconnaissent qu’il est important, pour le développement à long terme de leur pays, que celui-ci entretiennent de bonnes relations avec le Japon. Mais, toute considération sur l’orientation politique de base mise à part, il n’existe aucune garantie que des tenants de la ligne dure ne prendront pas la haute main. Compte tenu de la situation qui règne aujourd’hui dans les eaux entourant les îles Senkaku, le risque qu’il se produise une collision en mer est indubitablement réel. Et l’histoire offre d’innombrables exemples, d’un bout à l’autre du monde, de petits incidents qui dégénèrent en graves problèmes. Pour parer à ce risque, nous devons renforcer les capacités des Garde-côtes japonais et des Forces maritimes d’autodéfense, ainsi que l’alliance nippo-américaine.

(*1) ^ La piste 2 et la piste 1,5 sont des canaux diplomatiques informels permettant des échanges non officiels. Dans la piste 1,5, où ils participent aux réunion à titre privé, les membres des gouvernements peuvent exprimer franchement leurs opinions individuelles.——N.D.L.R.

Corée du Sud : il est temps de faire baisser la pression

——Les relations entre le Japon et la Corée du Sud traversent elles aussi une nouvelle crise, comme en témoignent les éclats à propos de l’interprétation de l’histoire et le litige relatif aux rochers Takeshima. Ces relations semblent prises dans un cercle vicieux. Que peut-on faire pour en sortir ?

YACHI  Comme avec la Chine, nous devons nous engager dans un dialogue en vue de désamorcer les tensions. Nous devons nous efforcer patiemment de restaurer les liens bilatéraux en développant les échanges culturels et de peuple à peuple. La Chine et la Corée du Sud ont toutes deux tendance à geler les relations dans tous les secteurs dès qu’un problème apparaît quelque part. Malgré l’ancienneté des relations que nous avons avec ces deux pays, je crains que ni l’un ni l’autre ne soit arrivé à ce qu’on pourrait appeler la maturité. Les différences d’opinions sont inévitables et il me semble que nous devons préserver l’essence de notre diplomatie sans tenir compte de ces prises de bec.

——Aux États-Unis, certains observateurs ont exprimé les graves inquiétudes que leur inspirait la dégradation des liens entre Tokyo et Séoul.

YACHI
Je n’ignore pas que des voix se sont élevées en ce sens aux États-Unis. Mais nous ne sommes pas dans une situation où le gouvernement japonais souhaiterait la détérioration des liens avec la Corée du Sud. Du point de vue de la sécurité, celle-ci joue un rôle très important pour le Japon. Il se trouve malheureusement qu’il règne là-bas une atmosphère de poudrière. Il existe certes des poches de sentiment anti-sud-coréen au Japon, mais en Corée du Sud les médias et l’Assemblée nationale alimentent un flot ininterrompue de rhétorique anti-japonaise, et l’atmosphère qui en résulte est telle que le plus petit incident peut déclencher un gigantesque tollé. Il ne va pas être facile de reconstruire nos relations dans de telles circonstances, mais nous devons essayer de faire baisser la pression.

——À l’heure actuelle, la Chine et la Corée du Sud attendent toutes deux de voir si M. Abe va aller rendre hommage au sanctuaire Yasukuni. Lors de son précédent mandat de premier ministre, il a choisi la voie de l’« ambiguïté stratégique », en refusant de dire s’il s’y rendrait ou non.

YACHI  La position de M. Abe sur le sanctuaire Yasukuni a toujours été de ne pas dire s’il avait ou non l’intention d’y effectuer une visite et de ne pas confirmer cette visite ou cette absence de visite, et je ne pense pas qu’il va changer d’attitude.

Corée du Nord : mettre les choses en perspective

——La Corée du Sud commence à attacher davantage d’importance à ses relations avec la Chine et elle donne parfois l’impression de faire équipe avec ce pays contre le Japon. Je pense que, pour Séoul, le choix du renforcement des liens avec Pékin vise avant tout le problème nord-coréen, mais tout le monde au Japon ne voit pas les choses de cette façon.

YACHI  La Corée du Nord y est sans doute pour beaucoup. À côté de cela, la Chine a une très grande importance pour la Corée du Sud sur le plan économique. L’économie chinoise montre certes des signes de ralentissement, mais le gouvernement maintient son objectif de 7,5 % pour la croissance du PIB cette année. Je pense que des considérations sécuritaires et économiques sont à l’arrière-plan des efforts de la Corée du Sud en vue d’améliorer ses relations avec la Chine.

——Entre-temps, la Corée du Nord continue de jouer la stratégie de la corde raide en politique étrangère. Depuis quelque temps, le gouvernement a toutefois mis un bémol à sa rhétorique. Et en mai dernier, Iijima Isao, conseiller spécial auprès du cabinet, a créé la surprise en effectuant une visite impromptue en Corée du Nord, probablement pour parler du problème des enlèvements de citoyens japonais. Quel est votre point de vue sur l’évolution de la situation en Corée du Nord ?

YACHI  Au stade précoce où nous en sommes, le régime de Kim Jong-un a encore besoin de consolider son pouvoir, et sa position vis-à-vis de la communauté internationale n’est pas encore vraiment définie. Il a commencé par adopter une ligne très dure, qu’il a entrepris de moduler et d’assouplir maintenant qu’il a observé les réactions des autres pays. Je pense que le régime est en train de tâter le terrain pour voir comment ces changements vont être perçus par les couches de la population qui soutiennent Kim Jong-un. Il n’y a pas de raison de s’emballer à chaque fois que le vent tourne un tant soit peu.

En ce qui concerne la question des enlèvements, la position officielle est de la traiter, de concert avec celle des armes nucléaires, dans le contexte de négociations globales en vue de normaliser nos relations diplomatiques. Mais vu que les deux questions sont fondamentalement distinctes, rien ne justifie logiquement qu’on renonce à avancer sur l’une d’entre elles au simple prétexte qu’on piétine sur l’autre. Il se trouve en outre que l’âge avancé des familles des victimes d’enlèvements nous contraint à trouver le plus vite possible une solution à ce problème. Le gouvernement japonais doit explorer toutes les voies qui s’offrent à lui.

Diplomatie asiatique : M. Abe marche-t-il sur les traces de son grand-père ?

——Le premier ministre Abe a montré son intention d’accorder une haute priorité aux relations du Japon avec d’autres pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Depuis le début de son mandat actuel, son premier déplacement à l’étranger a eu pour destination trois pays de l’Asie du Sud-Est [le Vietnam, la Thaïlande et l’Indonésie], où il s’est rendu au milieu du mois de janvier de cette année. Il est en outre allé en Mongolie en mars et au Myanmar en mai. La diplomatie asiatique de M. Abe a-t-elle produit les résultats escomptés ?

YACHI  Et bien au-delà... Je pense d’ailleurs que la population apprécie aussi ces efforts. Le gouvernement PDJ de Hatoyama Yukio a donné l’impression qu’il souhaitait axer la politique étrangère du Japon davantage sur l’Asie que sur l’alliance nippo-américaine, mais le cabinet Abe a clairement laissé savoir que sa diplomatie asiatique se fonde sur le pivot de l’alliance nippo-américaine. À l’origine, le premier ministre avait en fait le projet de se rendre d’abord aux États-Unis pour réaffirmer l’engagement irréductible du gouvernement en faveur de l’alliance bilatérale, et de visiter ensuite l’Asie. Les choses ont fait que sa première destination a finalement été l’Asie du Sud-Est, en raison de problèmes d’échéanciers apparus du côté américain.

——J’ai cru comprendre qu’il projette de rendre visite aux dix membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.

YACHI  Le vice-premier ministre Asô est récemment allé en Inde, Kishida Fumio, le ministre des Affaires étrangères a effectué des visites aux Philippines, à Singapour, au Brunei et en Australie. En voit donc que, à eux trois, ils se sont arrangés pour couvrir le plus gros de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie et, dans l’ensemble, cela s’est très bien passé.

L’ancien premier ministre Kishi Nobusuke, grand père de M. Abe, plaçait lui aussi les relations du Japon avec les pays de l’Asie du Sud et du Sud-Est très haut sur la liste de ses priorités. Lorsqu’il est entré en fonction, son premier pas a consisté à se rendre en Asie du Sud-Est pour obtenir le soutien des pays de la région, avant d’aller aux États-Unis parler de la révision de l’ancien traité de sécurité nippo-américain, qui constituait le premier point du programme de son gouvernement. Il est tout à fait possible que le premier ministre Abe ait conçu son programme diplomatique en ayant la stratégie de M. Kishi présente à l’esprit.  (À suivre en deuxième partie.)

(L'interview a été effectuée en japonais le 27 juin 2013 par Harano Jôji, directeur représentatif de la fondation Nippon Communications. Photographies de Hanai Tomoko.)

Les ressorts de la nouvelle diplomatie de M. Abe (2ème partie)

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