Le problème des failles actives sous les centrales nucléaires

Politique

Le TPP, un nouveau challenge en matière de leadership pour Abe

Le 22 février, le Premier ministre Abe Shinzô, a rencontré pour la première fois à Washington Barak Obama, le Président des Etats-Unis. Les deux leaders, dans un communiqué conjoint concernant le Partenariat transpacifique (TPP), ont confirmé les 3 points ci-dessous.

  • Les négociations porteront sur la totalité des produits, mais des points sensibles existent au niveau du commerce bilatéral entre le Japon et les Etats-Unis.
  • Le résultat définitif sera décidé durant les négociations.
  • La participation aux négociations ne constitue pas un engagement préalable pour la suppression de la totalité des droits de douane sans exception.

Ce communiqué confirme « que la suppression des droits de douane sans aucune exception n’est pas une condition préalable » et fait écho aux promesses faites par le Parti libéral démocrate lors de sa campagne pour les élections générales de décembre 2012. Le gouvernement a pu ainsi annoncer qu’il participerait aux négociations du TPP. C’est là une décision à applaudir puisque le Cycle de Doha de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est dans l’impasse et que le Japon ne peut pas se permettre de ne pas participer à l’élaboration des règles en vue de construire une zone de libre échange dans la région Asie-Pacifique.

Comme le souligne également le communiqué, il y a de fortes possibilités pour que certains produits « sensibles » soient considérés comme des exceptions dans le TPP, en résultat des négociations. Il serait cependant plutôt gênant de voir apparaître des exceptions les unes après les autres, sous prétexte que « la suppression des droits de douane sans aucune exception n’est pas la condition préalable ». L’objectif du TPP est de construire, dans la région Asie-Pacifique, une zone de libre échange de grande qualité, avec le moins possible de produits faisant exception. C’est ici que l’on attend que le Premier ministre Abe fasse preuve d’encore plus de leadership.

Doutes sur le problèmes des failles actives sous les centrales nucléaires

Le 28 janvier, une mission d’experts de l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) a indiqué qu’il y avait de « fortes possibilités de présence d’une faille active » sous le bâtiment du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Tsuruga (ville de Tsuruga, préfecture de Fukui), et a conclu « qu’elle pouvait présenter des risques sur les principales installations de la centrale ».

La réunion des spécialistes de cette même Autorité, qui s’est tenue le 18 février, a également approuvé dans ses grandes lignes un projet de rapport indiquant qu’ « il était impossible de nier les possibilités d’existence d’une faille active » dans le terrain de la centrale de Higashidôri de Tôhoku Electric Power Co., Ltd. (village de Higashidôri, préfecture d’Aomori). En résultat, il y a de fortes possibilités pour que la reprise des opérations des centrales de Tsugura et de Higashidôri ne soit pas autorisée.

Je n’ai pas l’intention de jeter des doutes sur le jugement de ces équipes d’experts qui ont conclu que les possibilités d’existence d’une faille active dans les terrains des deux centrales ne pouvaient être niées. Mais je suis obligé de me poser des questions si l’installation d’un réacteur nucléaire sur une faille active n’est pas autorisée dans les Directives d’évaluation des sites des réacteurs nucléaires que le gouvernement japonais est actuellement en train de réviser.

Je confirme, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, que je ne dis pas que la révision des Directives d’évaluation des sites des réacteurs nucléaires est inutile.

Selon les directives gouvernementales jusqu’à présent, on ne pouvait pas décider qu’un site ne convenait pas uniquement parce que le réacteur nucléaire se trouvait au-dessus d’une faille active. Et, pour ce qui était de la sécurité antisismique des sites des réacteurs, la décision était prise conformément aux nouvelles directives antisismiques, après avoir évalué rigoureusement l’impact de la faille sur le site du réacteur et adopté le meilleur concept en matière de sécurité antisismique.

Aujourd’hui, après l’expérience de l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi, la majorité des Japonais ne peut pas avoir confiance dans le nucléaire avec ces directives. On comprend donc que c’est dans cet esprit que la NRA a révisé les Directives d’évaluation des sites des réacteurs nucléaires en novembre 2012 pour les rendre plus strictes et plus conformes aux normes internationales, et les appliquer également aux centrales nucléaires déjà construites.

Doutes sur la rationalité

Le problème, c’est le contenu de ces Directives. D’après le projet des grandes lignes des nouveaux standards de sécurité (antisismiques, anti-tsunami) de la NRA du 6 février, les orientations de base de la conception par rapport aux tremblements de terre et au tsunami stipulent que « les installations ayant des fonctions de sécurité importantes doivent être construites sur des terrains où l’absence d’affleurement de failles pouvant s’avérer actives à l’avenir a été confirmée ».

Ce qui est appelé ici « failles pouvant s’avérer actives à l’avenir », ce sont les failles qui semblent avoir été actives après le Pléistocène tardif (c’est-à-dire il y a 120 000 à 130 000 ans environ).

Pour ce qui est de l’approbation, il a été demandé de surcroît, au cas où l’activité au Pléistocène tardif ne peut pas être clairement identifiée (présence de plusieurs surfaces topographiques du Pléistocène tardif ou absence d’une couche géologique continue), de remonter jusqu’au Pléistocène moyen (il y a 400 000 ans environ) et de porter un jugement global après avoir étudié les caractéristiques topographiques, les structures géologiques et les champs de contraintes, entre autres.

On considère généralement que l’Homo sapiens est apparu sur terre il y a 140 000 à 200 000 ans. Et la civilisation remonte à il y a 5 000 à 6 000 ans, aux environs de 3 500 ans avant J.-C. en Mésopotamie (bassin du Tigre et de l’Euphrate) et vers 3 000 ans avant l’ère chrétienne en Egypte (bassin du Nil). Pour le Japon, la reine Himiko mentionnée dans les anciens textes chinois Chroniques des trois royaumes, a régné aux alentours de la moitié du troisième siècle, c’est-à-dire il y a 1 750 ans. En d’autres termes, ce que propose la NRA, c’est de ne pas construire de centrale nucléaire — ou si elle est construite de ne pas la remettre en service — sur un site comportant des couches géologiques ayant eu une activité sismique de quelle que magnitude que ce soit à un moment donné depuis l’apparition de la race humaine, et même plusieurs millénaires avant le début de l’histoire écrite. Est-ce vraiment là une politique rationnelle pour notre pays ? C’est ce que je mets en doute.

(D’après l’original éctit en japonais le 25 février 2013.)

Asie-Pacifique nucléaire chronique