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Le tourisme médical des étrangers en visite au Japon en progression

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Grâce à des éléments favorables comme la faiblesse du yen et l’assouplissement des conditions d’obtention d’un visa, le nombre de visiteurs étrangers au Japon est en pleine augmentation et devrait atteindre les 20 millions de personnes pour l’année 2015. Parmi ces touristes, se trouvent des patients venant au Japon pour bénéficier de ses technologies et de ses soins médicaux de pointe. Leur nombre ne cesse d’augmenter.

Plus de 50 000 personnes par an ?

Le tourisme médical est un système dans lequel les habitants des pays avancés ou les personnes favorisées des pays émergents se rendent à l’étranger pour y recevoir des soins médicaux à meilleur prix ou qui n’existent pas dans leur pays. Si l’on ne dispose malheureusement pas de données exactes sur le nombre de patients étrangers ayant bénéficié de soins au Japon ces dernières années, le chiffre de 27 000 personnes, avec une augmentation de 5 000 personnes par rapport à l’année précédente, a été avancé pour l’année 2012, selon les estimations du ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie.

Pour ce qui est des tendances par la suite, Takahashi Nobuyuki du JTB, une des plus grandes agences de voyage du Japon, déclare : « Nous ne connaissons pas les chiffres exacts, mais on peut penser que le nombre de ces patients augmente en parallèle avec le nombre de visiteurs au Japon. » Vu que le nombre de visiteurs a doublé en trois ans, et en supposant une augmentation avec un taux équivalent, nous arrivons à une fourchette allant de 50 000 à 60 000 personnes par an.

Appui du gouvernement depuis 2010

C’est en 2010, alors que le Parti démocrate du Japon est au pouvoir, que le gouvernement commence à promouvoir l’accueil au Japon des patients étrangers. Avec l’approbation de la « Nouvelle stratégie de croissance » par le conseil des ministres, le secteur de la santé fait désormais partie de la stratégie adoptée qui intègre donc la promotion du tourisme médical. Et en 2011, un visa de séjour médical, medical stay visa, est établi pour permettre le séjour à long terme des patients au Japon ou encore les allers-retours vers le pays d’origine. Avec l’appui du gouvernement, des mesures sont prises sur le plan organisationnel, dont notamment la mise en place d’un organisme de soutien à l’accueil des patients étrangers nommé Medical Excellence JAPAN (MEJ).

Les mesures prises par le gouvernement du Japon

Juin 2010 Dans la « Nouvelle stratégie de croissance » du Parti démocrate du Japon, la santé fait partie des 7 secteurs stratégiques choisis et l’accueil des patients étrangers ainsi que la promotion du tourisme médical sont intégrés.
Janvier 2011 Mise en place du visa de séjour médical
Avril 2011 Établissement par Medical Excellence JAPAN (MEJ) d’un site Web et d’un Call Center comme centres d’information destinés aux étrangers.
Octobre 2011 Tranformation du MEJ en personne juridique et promotion des activités d’accueil des étrangers
2012 Mise en place d’un système d’accréditation des établissements médicaux accueillant les étrangers (Japan Medical Service Accreditation for International Patients, JMIP), avec 11 établissements accrédités en octobre 2015.
Avril 2013 Restructuration du MEJ pour une concentration sur les activités « sortantes »
Juin 2013 Internationalisation des soins médicaux considérée comme mesure importante dans la « Stratégie pour la revitalisation du Japon » du gouvernement Abe
Août 2013 Établissement du Bureau pour une stratégie des soins médicaux et de santé au sein du Cabinet du Premier ministre
Septembre 2015 Deux agences, dont le JTB, approuvées comme « agences de soutien aux voyages de tourisme médical »

 

En revanche, avec les écarts entre les langues, les cultures et les systèmes d’assurance, la plupart des établissements médicaux au Japon sont très négatifs pour ce qui est de l’internationalisation des soins. L’Association Japonaise des Médecins a déclaré que « subsistaient les problèmes du principe de la non-lucrativité des soins médicaux et de l’interdiction de la facturation pour les services médicaux mixtes » et se montre unanimement contre la promotion du tourisme médical.

Pour les organisations médicales favorables à l’accueil des patients étrangers, elles prévoient une demande potentielle dans les pays d’Asie où la croissance économique se poursuit et espèrent faire du tourisme médical un des piliers de leur gestion à l’avenir. Alors qu’au Japon la tendance à freiner les dépenses médicales est encore de mise, ce serait pour ces établissements l’occasion idéale d’augmenter leurs revenus hors assurance médicale ainsi que le taux de fonctionnement des équipements médicaux onéreux si le haut niveau de qualité des soins au Japon se faisait mieux connaître à l’étranger.

Le nombre de patients venus se faire soigner au Japon par pays indiqué par le ministère de l’Économie est présenté dans la figure ci-dessous. D’après Takahashi Nobuyuki, cité précédemment : « Dans notre cas, 90 % des patients viennent de Chine et un peu moins de 10 % de Russie. La répartition entre traitement et examen est pratiquement identique. Les inscriptions se font principalement par l’intermédiaire d’entreprises et, dans de nombreux cas, les voyages organisés sont dotés d’une option avec visite médicale. »

400 mille yens pour deux jours et une nuit d’hôpital pour examen complet

Parmi les établissements hospitaliers accueillant activement les touristes venus de Chine pour se faire soigner, se trouvent entre autres, le Kameda Medical Center (Kamogawa, préfecture de Chiba), le Cancer Institute Hospital (Tokyo, arrondissement Chûô), le Nippon Medical School Hospital (Tokyo, arrondissement Bunkyô) et le St Luke International Hospital (Tokyo, arrondissement Chûô).

Kawakami Risa, responsable des relations publiques du Kameda Medical Center, déclare que le nombre de patients en provenance de Chine était d’environ 50 en 2014, mais se montait à 108 du début de l’année jusqu’en août 2015, pour atteindre 160 personnes en incluant les réservations jusqu’en décembre. Outre l’hospitalisation pour un examen médical complet, les examens et les soins pour le cancer du sein sont nombreux. Il faut compter 400 mille yens pour deux jours et une nuit d’hôpital pour examen complet et 450 mille pour trois jours et deux nuits.

Madame Kawakami nous a indiqué que les 80 % de patients chinois ayant répondu aux enquêtes s’étaient déclarés satisfaits à 100 % des soins médicaux, des services du personnel et des composants des examens, avec un pourcentage de satisfaction de 90 % environ pour ce qui est de l’hébergement et des repas à l’hôpital.

Des bases médicales japonaises à l’étranger

Le gouvernement actuel a révisé les orientations du gouvernement précédent qui mettait principalement en avant l’accueil des patients étrangers. Dans la Stratégie pour la revitalisation du Japon de juin 2013, l’importance de la promotion du développement en partance vers l’étranger des technologies et des services médicaux du Japon a été soulignée et des objectifs précis ont été avancés avec « l’établissement, principalement dans les pays émergents, de dix centres de soins médicaux japonais environ d’ici 2020 en vue de créer un marché de 5 mille milliards de yens d’ici 2030.

Cette exportation active des services médicaux du Japon a également pour but de soutenir la croissance des secteurs connexes, comme les appareils médicaux, les produits pharmaceutiques, et les systèmes informatiques pour les examenx médicaux à distance.

(Adapté d’un original en japonais écrit par Murakami Naohisa. Photo de titre : un patient chinois vient de passer un examen médical dans un hôpital à Kishiwada, préfecture d’Osaka, en décembre 2012. Jiji Press)

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