Le b.a.-ba du Japon

« Kôyô », la saison rouge et or du Japon

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Avec l’arrivée de l’automne, les forêts du Japon revêtent des teintes rayonnantes de rouge, d’orange et de jaune. Ce spectacle annuel de beauté a inspiré depuis des siècles artistes, poètes et chefs cuisiniers du Japon.

Teintes d’automne

Le kôyô (feuillages d’automne) est l’un des plus célèbres spectacles saisonniers du Japon, avec les cerisiers en fleur au printemps. Alors que l’automne avance, les forêts luxuriantes des montagnes du Japon changent doucement de couleur, s’habillant de rouge, d’orange et de jaune. Pour de nombreuses personnes, le Japon est le meilleur pays pour admirer la splendeur des feuilles d’automne. Car il est un pays de forêts et de montagnes qui couvrent près de 70 % de son territoire et possède 26 espèces d’arbres à feuilles caduques dans ses quatre principales îles étendues de Hokkaidô au nord à Kyûshû au sud sur environ 2 000 km. Les parcs et les espaces verts sont aussi le lieu pour observer ces envoûtantes teintes automnales, attirant tous les ans des admirateurs de tout âge. Que ce soit des arbres au feuillage d’une seule couleur ou aux teintes multiples, la saison de kôyô présente des scènes spectaculaires de beauté naturelle.

Rouge, jaune et vert s’accordent autour du lac Shirakoma dans les montagnes de Kita-Yatsugatake de la préfecture de Nagano. (Photo : Chris Winkler)

L’érable japonais, le momiji, et sa brillante robe rouge automnale, est la vedette du kôyô. L’association est si forte que les deux mots sont écrits avec les mêmes caractères chinois 紅葉, ce qui signifie « écarlate » et « feuille » respectivement. Il y a au Japon plusieurs espèces autochtones d’érables, chacune ayant des caractéristiques automnales distinctes. Parmi elles on trouve le célèbre momiji iroha, dont on dit que les feuilles ressemblent aux délicates mains d’un bébé. L’éclat rouge de son feuillage est considéré comme le symbole le plus reconnaissable de l’automne.

D’innombrables poèmes ont été composés à la gloire des feuilles d’automne. Les poètes du waka ont fait usage du momiji comme kigo (mot de saison) depuis l’Antiquité. Cette adoration du momiji est exprimée dans un célèbre haïku du prêtre zen et poète Ryôkan :

うらを見せ おもてを見せて 散るもみぢ Ura o mise / omote o misete / chiru momiji

Elle se montre de dos
Elle se montre de face
La feuille virevoltante de momiji

Feuilles d’un momiji iroha

Bien que l’érable soit présent dans de nombreuses régions du monde, les quelques variétés grandissant au Japon sont exclusivement originaires de Chine, du Japon et de la péninsule coréenne, faisant d’elles de véritables trésors botaniques. Le ginkgo biloba, ou ichô, illustre aussi la beauté de la saison en se parant d’un majestueux feuillage doré contrastant avec le rouge profond du momiji.

Personnes admirant le voile doré des ginkgos biloba (icho) au parc mémorial de Shôwa à Tokyo. (Photo : Taichiro Ueki)

À la poursuite du kôyô

Tout comme les foules qui s’amassent sous les cerisiers pour le hanami au printemps, beaucoup de gens prennent plaisir à observer les changements de couleurs des feuilles d’automne, un passe-temps appelé momiji gari. L’automne est une saison importante pour l’industrie du voyage et tourisme. Les agences de voyage proposent des visites vers des destinations célèbres de kôyô.

La saison de kôyô commence sur l’île de Hokkaidô au nord du Japon en septembre, quand les feuilles sur le mont Taisetsu et d’autres sommets commencent à changer de couleur, avant de descendre lentement vers le sud sur toute la longueur du Japon. Les gens qui veulent suivre cette progression peuvent se référer au kôyô zensen (avancée du front du feuillage d’automne). Tout comme le sakura zensen (avancée du front de floraison des cerisiers), cette information prévoit le moment où les feuilles seront les plus belles.

Le kôyô dure environ un mois, les feuilles étant les plus resplendissantes environ 20 à 25 jours après le début du changement des couleurs. Le kôyô atteint son summum en octobre à Hokkaidô et dans la région de Tôhoku et s’étend de novembre à décembre dans les régions de Kantô et Kyûshû. Le kôyô arrive également plus tôt dans les zones montagneuses car il y fait plus froid qu’en basse altitude.

Le kôyô dans la culture culinaire

Les feuilles d’automne peuvent être observées à travers tout le Japon, mais les lieux particulièrement célèbres pour le kôyô sont Oirase dans la préfecture d’Aomori et Nikkô dans la préfecture de Tochigi, ainsi que de nombreux temples de Kyoto et de Kamakura. Certains des sites les plus visités, tels que Arashiyama et le temple Kôdai-ji à Kyoto, proposent même des visites nocturnes. C’est une expérience nouvelle que d’admirer le kôyô la nuit sous les projecteurs.

Un manjû en forme de momiji.

Dans le monde de la cuisine, le momiji prête son nom à un grand nombre de plats et d’assaisonnements célèbres. Un condiment appelé momiji oroshi, fait avec du radis (daikon) râpé mélangé avec du piment rouge séché, est essentiel lors de la préparation d’un nabe (pot-au-feu japonais). D’autres exemples sont le momiji nabe à base de viande de cerf, le tempura de feuille d’érable, un plat aigre-doux aux pieds de poulet bouillis simplement baptisé momiji pour sa ressemblance avec les feuilles d’érable et le célèbre manjû sucré en forme de momiji de Hiroshima.

(Photos : Chris Winkler / Taichiro Ueki)

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