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Omikuji et Ema

Culture Vie quotidienne

Dans les sanctuaires ou les temples visités en début d’année, les petits papiers prédisant la bonne fortune de l’année s’appelent omikuji. Et les ema sont de petites plaques de bois ornées d’un dessin où s’inscrivent les vœux et les déclarations de reconnaissance lorsque le souhait a été réalisé.

« Omikuji », les oracles prédisant la nouvelle année

Lors de la première visite de l’année au sanctuaire ou au temple, on tire au sort un petit papier appelé omikuji qui décide de la chance de cette nouvelle année. Il n’y a que de faibles possibilités de tirer la plus grande chance, daikichi (大吉), suivie par chûkichi (中吉), chance moyenne, shôkichi (小吉), petite chance et suekichi  (末吉), quasi-chance, le plus mauvais tirage étant kyô (凶), signifiant la malchance.

Les omikuji ont pris leur forme actuelle aux alentours de l’ère Edo (1603-1868), semble-t-il, et trouvent leur origine dans le tirage au sort « kuji» qui était alors pratiqué pour demander l’avis des dieux avant de décider des affaires politiques, d’un successeur ou d’un mariage.

On considère depuis longtemps au Japon que l’attention des dieux est égalitaire et que le hasard met tout le monde au même niveau. L’utilisation des omikuji était autrefois un excellent moyen d’entretenir de bonnes relations au sein des communautés locales.

Sanctuaire Tsurugaoka Hachiman de Kamakura. Une baguette numérotée est tirée du tambour et l’on reçoit le petit papier de l’oracle. (Photo : clio1789)

La façon de tirer l’omikuji

Après avoir payé le prix de l’omikuji (de 100 à 200 yens) au guichet du sanctuaire, il faut tirer une baguette numérotée pour recevoir les prédictions sur un papier ayant le même numéro. Le visiteur doit parfois choisir lui-même dans la boîte le papier de prédictions. Sur cet oracle, figurent non seulement le degré de chance ou de malchance mais également des explications personnelles sur les propositions de mariage et les relations amoureuses, la santé et les études, entre autres. En cas de bonne prédiction, le papier se conserve dans le porte-monnaie mais en cas de malchance, il est accroché aux branches des arbres dans l’enceinte du sanctuaire pour que la chance tourne en faveur de l’intéressé.

Des omikuji accrochés aux cordes. Le sanctuaire Gokoku de Hiroshima. (Photo : GetHiroshima.com)

Les omikuji se sont diversifiés selon les époques, certains d’entre eux se spécialisant dans les rencontres amoureuses « koï mikuji » alors que d’autres sont rédigés en anglais ou en chinois à l’intention des touristes étrangers. D’autres encore sont placés dans des statuettes de chat en terre cuite ou des figurines de Daruma en bois, et constituent des souvenirs originaux prisés par les touristes.

Liens utiles :

Temple Sensoji [EN]
Temple Naritasan Shinshôji [EN]

Et le résultat du tirage est…« daikichi », la meilleure fortune ! (Photo : cotaro70s)

Pour exaucer un vœu, les ema

Les petites plaques de bois que l’on voit dans l’enceinte des sanctuaires et des temples, ornées du dessin d’un cheval où sont inscrits des vœux s’appelent ema. Durant la période des examens, les sanctuaires Yushima Tenjin de l’arrondissement Bunkyô de Tokyo ou Dazaifu Tenmangu de Fukuoka regorgent de plaques ema avec des vœux de réussite.

Les vœux qui sont inscrits sur les plaquettes sont variés et incluent « la protection de la famille », « la prospérité du commerce », « la bonne santé » et « l’heureux accomplissement d’une relation amoureuse ». Il est courant, par exemple, que les étudiants préparant leurs examens de passage se rendent dans l’un des 12 000 sanctuaires Tenmangu dédiés au dieu des études pour offrir un ex-voto de réussite. Ces sanctuaires sont dédiés à Sugawara no Michizane, considéré comme le dieu de la culture. Les pélerins choisissent un sanctuaire ou un temple vénérant le dieu auquel ils adressent leur prière, ils y achètent un ema pour inscrire leur vœu qu’ils laissent dans l’enceinte. Il n’y a pas de règle pour écrire un ema. En principe, le côté comportant le dessin est le recto et le vœu s’écrit au verso, avec le nom et l’adresse du demandeur. Si vous ne voulez pas que votre nom y figure, il n’est pas nécessaire d’inscrire l’adresse. On peut soit laisser l’ema dans le sanctuaire soit le ramener chez soi. Le prix des ema varie de 500 à 1 000 yens.

La plaquette de vœu ema du président Obama au sanctuaire Meiji Jingu lors de sa visite au Japon. (Jiji Press)

Le calendrier astrologique transmis de Chine et utilisé au Japon vers la seconde moitié du VIe siècle comporte douze signes du zodiaque chinois. Chaque année est placée sous le signe du rat, du bœuf, du tigre, du lapin, du dragon, du serpent, du cheval, du mouton, du singe, du coq, du chien et du sanglier, dans cet ordre, et le cycle se répète. Récemment, les ema ne sont plus seulement décorés du cheval d’où ils tirent leur nom (le ma 馬 de l’ema 絵馬 signifiant cheval) mais du signe du zodiaque de l’année ou des animaux au service des divinités comme le serpent, le bœuf ou le renard.

Douze animaux représentant les signes du zodiaque chinois

caractères chinois japonais français années
ne (nezumi) rat 1960 1972 1984 1996 2008
ushi bœuf 1961 1973 1985 1997 2009
tora tigre 1962 1974 1986 1998 2010
u (usagi) lapin 1963 1975 1987 1999 2011
tatsu dragon 1964 1976 1988 2000 2012
mi (hebi) serpent 1965 1977 1989 2001 2013
uma cheval 1966 1978 1990 2001 2014
hitsji mouton 1967 1979 1991 2003 2015
saru singe 1968 1980 1992 2004 2016
tori coq 1969 1981 1993 2005 2017
inu chien 1970 1982 1994 2006 2018
i (inoshishi) sanglier 1971 1983 1995 2007 2019

Ils ne sont pas non plus offerts uniquement pour le Nouvel An ou les examens et peuvent comporter des vœux pour que le travail marche bien ou pour une guérison. Si le souhait s’est réalisé, l’ema est présentée en offrande dans un esprit de reconnaissance. Les ema suspendus dans les sanctuaires et les temples sont la forme concrète des souhaits et de la gratitude des gens à travers les époques.

(Photo de titre : Wally Gobet. Autres Photos : clio1789 / GetHiroshima.com / cotaro70s)
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