[Galerie photos] Un festival de danses rituelles dans le froid de l’hiver, le Dainichidô Bugaku

Culture

Tous les ans, le 2 janvier, les habitants de quatre villages du nord du Japon se rassemblent pour un spectacle de danses rituelles, connu sous le nom de Dainichidô Bugaku. Ce diaporama vous offre une atmosphère palpitante autour d’une tradition vieille de 1 300 ans.

De jeunes voix enjouées résonnent à travers le village de montagne recouvert d’une épaisse couche de neige. Dans la ville de Kazuno, dans la préfecture d’Akita au nord du Japon, située près des frontières des préfectures d’Iwate et d’Aomori, les températures peuvent descendre jusqu’à -20°C. Chaque année, le 2 janvier, des habitants de quatre communautés locales se réunissent à l’entrée du Dainichidô du sanctuaire Ôhirumemuchi, et offrent un spectacle composé de neuf danses sacrées : le festival Dainichidô Bugaku, inscrit depuis 2009 au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Un air de Kyoto dans le nord du Japon

Il y a 1 300 ans, les danses bugaku, initialement exécutées au Palais impérial, auraient été introduites par une troupe originaire de l’ancienne capitale nippone, Kyoto. Cette tradition a été à maintes reprises menacée au cours des siècles. La plupart des documents historiques ayant été détruits en raison de nombreux incendies, les résidents locaux les plus âgés se sont vus sollicités. Leurs souvenirs ont permis de reconstituer les danses. Mais le vol de masques dorés utilisés pour certaines danses ont dû interrompre pour un temps les rituels shinto dans les quatre communautés.

Les paroles chantées sur scène se transmettaient oralement de génération en génération, mais lorsque le chanteur du spectacle mourut soudainement, elles disparurent avec lui. Aujourd’hui, les interprètes du spectacle ne font plus que semblant de chanter.

Purifier l’Esprit

Pour se préparer à la danse, les artistes doivent subir une purification spirituelle très rigoureuse pouvant durer jusqu’à 48 jours. Pendant ce temps, ils doivent dormir seuls, séparés de leur conjoint, s’abstenir de se rendre au domicile d’une personne décédée et ne pas manger de viande. Par ailleurs, l’accouchement ne peut avoir lieu dans leur foyer pendant cette période. Les artistes interprètes exercent d’ordinaire diverses professions. Ils peuvent être charpentiers, agriculteurs, pompiers, coiffeurs, employés de bureau etc. Pour ceux qui ont un travail physique, les restrictions alimentaires peuvent s’avérer particulièrement difficiles.

Une des communautés impose de se baigner tôt le matin dans des eaux glacées, un rituel destiné à laver le corps et l’esprit du participant.

Des efforts de preservation

Malheureusement, la transmission des musiques et des danses de génération en génération est freinée par la baisse de la natalité. Le Torimai (danse de l’oiseau), qui s’exécute avec trois enfants, en est un exemple.

L’amour pour cette communauté, surmontant les plus incroyables difficultés afin de préserver cette merveilleuse tradition, est pour moi une source continue d’espoir et d’inspiration.

(Photos et texte : Chikura Yukari)


Artistes des villages d\'Azukizawa et d’Ôsato réunis pour exécuter les danses Gongenmai et Kôshômai


Participants marchant sur un chemin enneigé vers ie sanctuaire. En janvier, mois où se déroule le festival, les températures peuvent descendre jusqu’à -20°C.


Les participants doivent subir une purification spirituelle pouvant durer jusqu\'à 48 jours.


Photographies d\'anciens participants exposées dans une brasserie de saké fondée en 1856, restée en activité pendant 130 ans


Ablutions sous la neige, l’un des nombreux rituels de purification. Ce rituel n’est plus observé que dans l’une des quatre communautés.


Tête de cheval utilisée pour le Komamai (danse du cheval) à Ôsato. Le Komamai serait à l’origine de toutes les autres danses interprétées avec des chevaux dans l’Archipel.


Enfants se préparant pour le Torimai (danse de l’oiseau). La survie de cette danse est sans cesse menacée en raison du faible taux de natalité au Japon.


Les artistes des quatre villages rassemblés dans le sanctuaire se saluent et procèdent ensuite à un rituel de purification.


Participants s’inclinant respectueusement au son de la flûte avant le Kanatemai.


Un rituel relativement récent


Masques sacrés utilisés pour la danse Godaisonmai exécutée par les habitants du village Taninai. Il est formellement interdit de les toucher à mains nues.


Pour le Komamai, les deux participants font mine de monter à cheval et d’en tenir les rênes.


Pour le Torimai, trois enfants de la ville d’Ôsato portent des « casques d\'oiseaux », interprétant chacun les rôles du père, de la mère et du poussin. Le danseur représentant le père tient une cloche dans sa main droite et tous les autres portent des éventails décorés d’un soleil rouge hinomaru.


Le Gongenmai apporte la quiétude à l\'esprit d\'un prince local. Le danseur porte la tête de lion, avec des enfants agitant sa queue.


Dans le Godaisonmai, deux des danseurs sont parés de masques dorés appelés Ôbakase et Kobakase.


L’entrée du Dainichidô sous la neige. Le sanctuaire se trouve dans une région à la limite des préfectures d’Aomori, Iwate et Akita, où les fortes chutes de neige sont fréquentes.


Le festival se termine. Un nouveau jour commence. En été, vous pouvez admirer les rizières et les champs verdoyants, recouverts de neige en hiver.

paysage neige photographie danse