Tennis de table japonais : la relève est assurée
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En tennis de table, la relève est aujourd’hui assurée au Japon. En octobre 2016, Hirano Miu (16 ans à l’époque) remportait la coupe du monde en simple dames ; en juin 2017, le Japon raflait une médaille d’or, une médaille d’argent et trois de bronze lors des championnats du monde à Düsseldorf, du jamais vu depuis 42 ans, tandis qu’en simple messieurs, Harimoto Tomokazu, créait la sensation en se hissant en quarts de finale au jeune âge de 13 ans, un record. Notons qu'il est devenu le nouveau champion national en janvier 2018.
Les Japonaises figurent en bonne place au classement mondial de la Fédération internationale de tennis de table (janvier 2018) : chez les dames, Ishikawa Kasumi, 24 ans, est 4e, suivie par Itô Mima et Hirano Miu en 5e et 6e positions puis Hayata Hina à la 11e place, toutes trois âgées de 17 ans.
Formés dès le plus jeune âge
Dans les années 1950 et 60, avec des joueurs comme Ogimura Ichirô qui fut 12 fois champion du monde, le Japon dominait le tennis de table mondial. Mais à partir des années 70, avec l’expansion internationale de la discipline, les victoires se sont raréfiées. C’est en 1981 que M. Ogimura, inquiet de cette perte de vitesse, a créé le tournoi national de tennis de table pour enfants.
« Cependant, précise Maehara Masahiro, parmi les vainqueurs de ce tournoi, seulement deux joueurs ont réussi à participer aux Jeux olympiques en simple dans les vingt années suivantes. Les entraîneurs avaient tendance à se concentrer sur les tournois nationaux, au détriment de la scène mondiale. À l’époque, peu d’entre eux étaient en mesure d’enseigner aux jeunes un style de jeu susceptible de les faire gagner à l’international. »
M. Maehara, entraîneur national, est chargé à partir d’octobre 2001 de créer un programme d’entraînement à la compétition. « Il s’agissait de mettre en place des camps d’entraînement pour écoliers afin de former des joueurs dotés d’une technique et d’un mental qui leur permettraient de se battre au niveau mondial », se souvient-il.
Chaque année, entre 20 et 24 écoliers prometteurs sont sélectionnés et invités à un stage d’entraînement de trois jours. La grande particularité de ce camp est de faire participer aussi les entraîneurs et les parents des enfants sélectionnés. Dans le même temps, une équipe nationale de jeunes, baptisée Hopes National Team, est créée.
Un entraînement multi-facettes
Pour M. Maehara, la Hopes National Team repose sur quatre piliers : une technique de niveau mondial, un entraînement physique adapté à la croissance et à la maturité des joueurs, une prise en charge psychologique et un programme nutritionnel adapté.
« Pour gagner sur la scène mondiale, il faut d’abord être capable d’attaquer en coup droit comme en revers. Sur le plan psychologique, il faut apprendre à se maîtriser même dans une situation déplaisante, à garder son sang-froid en toutes circonstances. Au niveau nutritionnel, nous insistons sur l’importance d’une alimentation équilibrée, en particulier pour les repas servis sous forme de buffet lors des camps d’entraînement ou des matchs à l’extérieur, quand les enfants sont tentés de manger seulement leurs plats préférés. Enfin, nous les aidons à développer leurs capacités d’expression en public. »
« Lors des réunions entre entraîneurs de filière sport-études au niveau national, nous utilisons des vidéos pour étudier les tendances techniques dans les tournois internationaux. Au début, il n’a pas été aisé de faire comprendre l’importance de cette analyse. Mais avec les images, tout est plus facile. Nous avons toujours une caméra à la main pour filmer les joueurs et leurs nouvelles techniques de service, en Chine ou en Suède par exemple, ce qui nous permet de les analyser. »
Et cela ne se limite pas aux parties jouées. L’équipe montre aux enfants la montagne d’affaires oubliées par les joueurs à l’issue des tournois, ou encore les comportements répréhensibles repérés, pour leur faire prendre conscience des problèmes.
Au bout de cinq ans, ces actions ont commencé à porter leurs fruits. Mizutani Jun (28 ans), qui a remporté la première médaille de bronze japonaise en simple messieurs aux Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro, a intégré la Hopes National Team en 2002. Ishikawa Kasumi aussi est une ancienne de l’équipe.
En 2008, un centre d’entraînement national a été inauguré à Tokyo, dans l’arrondissement de Kita. Les joueurs sélectionnés sont scolarisés dans un collège voisin et participent toute l’année à l’Académie d’élite du comité olympique japonais.
L’accent est mis sur la performance au niveau mondial. On souligne entre autres la nécessité de maîtriser l’anglais dans les compétitions internationales, avec par exemple la vidéo d’un footballeur de l’équipe nationale en train de protester en anglais contre une décision de l’arbitre.
Mettre en valeur les matchs
« En 2004, quand les performances de Fukuhara Ai ont fait connaître le tennis de table, il n’existait même pas d'affiche présentant le championnat national, rien n’était fait pour mettre en valeur les matchs, les cérémonies ou les évènements », se désole M. Maehara. Depuis, pour y rémédier, il a proposé aux directeurs de la fédération d'apporter quelques modifications efficaces. Il les a emmenés voir des matchs de K-1 (kick-boxing japonais) dans l'arène du Budôkan pour les convaincre.
« Tout en haut des gradins, on voit les joueurs s’affronter en bas, ils sont tout petits mais on entend parfaitement les coups. On se sent très proche de l’action. C’est parce qu’il y a des enceintes juste derrière les gradins. »
Par la suite, M. Maehara a fait installer des micros sous les tables de tennis, et il a vérifié par lui-même l’ambiance sonore dans les gradins. Les améliorations apportées à la façon de montrer les matchs ont permis de les rendre plus intéressants. Qui ne tente rien n’a rien : telle est la devise de M. Maehara.
En 2002, la Fédération japonaise de tennis de table comptait 258 000 adhérents ; en 2016, ils étaient 75 000 de plus, atteignant les 333 000. La moitié d’entre eux sont des collégiens. L’intérêt renouvelé pour la discipline et le plus large vivier de joueurs vont permettre d’atteindre un meilleur niveau. À l’automne 2018, une ligue de tennis de table professionnelle devrait également voir le jour. M. Maehara rêve d’une médaille d’or aux Jeux olympiques de 2020 à Tokyo ; les joueurs aussi, nous assure-t-il.
(D’après un original en japonais de Doi Emiko, Nippon.com. Photo de titre : Ishikawa Kasumi remporte le tournoi Japan Top 12. Le 4 mars 2017, au gymnase n°2 du Stade national de Yoyogi, Tokyo. Jiji Press)