L’année en japonais

Les mots de l’année 2017

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Le palmarès des « mots de l’année » 2017 a été annoncé. Arrivent tout en haut du classement Insta-bae et sontaku, le premier terme désignant tout ce qui constitue une photo digne d’être publiée sur Instagram, et le deuxième, la « présomption d’intentions », une expression récurrente dans les actualités politiques. Voici ci-dessous la liste des dix finalistes de ce concours.

À l’approche de 2018, quels sont les mots qui caractérisent le mieux l’année qui s’achève ? Jiyû Kokumin-sha — l’éditeur de Gendai yôgo no kiso chishiki (Connaissances de base sur la terminologie contemporaine), un lexique annuel des derniers néologismes introduits dans la langue japonaise et des événements qui leur ont donné naissance — a divulgué sa liste des 30 termes retenus comme « mots de l’année 2017 », autrement dit, les termes qui aident à comprendre quelle image les Japonais se sont faite de l’année écoulée. La liste des dix premiers finalistes et des gagnants du concours a été publiée le 1er décembre.

Les finalistes des mots de l’année 2017

Insta-bae

Ce néologisme associe le verbe haeru, qui veut dire « avoir fière allure » ou « se distinguer », et le nom Instagram, le fameux service de partage de photos. C’est grâce aux internautes en recherche permanente de clichés qui « crèvent » l’écran — sur Instagram ou d’autres sites — que l’emploi de ce terme s’est généralisé cette année.

Sontaku

Ce mot a commencé à faire parler de lui lorsqu’il s’est avéré que Morimoto Gakuen, une société privée d’enseignement dirigée par un ami du Premier ministre Abe Shinzô, avait acquis des terrains publics à un prix bien inférieur à leur valeur. Confronté à la montée des interrogations sur son implication dans ce scandale foncier, le Premier ministre a répété avec insistance qu’il n’avait donné aucune instruction afin que le terrain soit vendu à bas prix. Mais des voix se sont élevées pour suggérer que des fonctionnaires sous sa direction avaient « suivi ses intentions implicites ». D’autres scandales du même type, où des subalternes se sont mis à penser et agir à la place de leurs supérieurs, sont survenus en 2017. À partir de la mi-mars et pendant quatre mois, c’est le mot sontaku, jusque-là plutôt obscur, qui a généré le plus grand nombre de recherches sur le dictionnaire en ligne Goo.

35 oku

L’humoriste japonaise Blouson Chiemi a fait sensation dans un sketch suggérant que, avec « 3,5 milliards » d’hommes sur la planète, les femmes avaient largement le choix pour trouver un partenaire.

J-Alert

En cette année où le territoire japonais a été survolé par des missiles nord-coréens, le « J-Alert », un nouveau système d’alerte rapide à l’échelle de la nation, a fait beaucoup parler de lui. Ce dispositif, mis en place en 2007 pour alerter la population en cas de menace naturelle, météorologique ou autre — ou extérieure, tirs de missile par exemple —, envoie des signaux d’alerte par satellite aux autorités locales, qui se chargent ensuite de diffuser l’information au sein de la population.

Suimin fusai

Le professeur Nishino Seiji, chercheur au Centre Stanford dans la Silicon Valley pour les sciences et la médecine du sommeil, a mis en garde contre le « dette de sommeil », qu’il considère comme un facteur de risques dans le développement de la démence et d’autres maladies.

Voir notre article :

La recherche de pointe sur le sommeil

Hifumin

Surnom de Katô Hifumi, le légendaire joueur de shôgi, qui a rangé les pièces de son jeu le 20 juin, après avoir consacré plus de soixante ans à sa carrière de joueur professionnel. La fidélité de ses partisans, séduits par son style de jeu et sa personnalité originale, ne s’est jamais démentie tout au long de sa carrière, entamée à l’âge tendre de 14 ans et 7 mois, un record pour l’époque. Son dernier match l’a opposé au collégien prodige Fujii Sôta (lui-même à l’origine de l’expression « fièvre Fujii », elle aussi sélectionnée pour les mots de l’année 2017).

Katô Hifumi a été battu par Fujii Sôta en décembre 2016, lors de l’entrée de ce dernier dans l’arène du shôgi professionnel. (© Jiji)

Fake news

Le Japon n’a pas été épargné par le déluge de fausses nouvelles qui a inondé Internet pendant la campagne pour l’élection du président des États-Unis. Nombre d’organes japonais d’information se sont couverts d’opprobre en reprenant à leur compte des histoires inventées provenant de sites apparemment crédibles.

Premium Friday

La campagne « Premium Friday » (Super vendredi) a été lancée au Japon dans l’espoir de remédier à la stagnation des dépenses de consommation en encourageant les salariés à quitter de bonne heure leur travail le dernier vendredi de chaque mois pour s’adonner au plaisir de faire les courses et de dîner en ville. Cette initiative mi-publique mi-privée a bénéficié du soutien de milliers d’entreprises et autres entités, tandis que boutiques, restaurants et autres réseaux de vente proposaient des bonnes affaires pour inciter les travailleurs à ouvrir leurs porte-monnaie.

Ma no 2 kaisei

L’expression « démon du deuxième mandat » désigne le nuage noir qui semblait planer au-dessus des parlementaires du Parti libéral-démocrate (PLD) au cours de leur deuxième mandat, à mesure que les carrières brisées par les gaffes, les affaires d’adultère ou les déclarations publiques incohérentes éclaircissaient leurs rangs.

-first

La définition des priorités s’est retrouvée sur le devant de la scène quand le président des États-Unis Donald Trump a mis l’isolationnisme à l’ordre du jour en s’engageant à placer « l’Amérique d’abord » et quand la formation Tomin First no kai (« Les citoyens de Tokyo d’abord ») créée par la gouverneure de Tokyo Koike Yuriko lui a valu une victoire écrasante aux élections de l’assemblée métropolitaine de la capitale. 2017 n’en reste pas moins une année où nombre de personnalités se sont vu reprocher publiquement d’avoir accordé la priorité à leurs propres intérêts.

Voir notre article :

Les ambitions politiques de Koike Yuriko, première femme à la tête de Tokyo

Les sélections spéciales du jury

Les membres du jury du concours de cette année ont choisi deux termes méritant une reconnaissance particulière, car il s’agit en effet de records battus : un dans le monde du sport, l’autre dans le monde du shôgi.

9,98 (10 byô no kabe)

En courant le 100 mètres en 9,98 secondes lors d’un championnat qui s’est déroulé le 9 septembre de cette année dans la préfecture de Fukui, Kiryû Yoshihide est devenu le premier sprinter japonais à briser la « barrière des 10 secondes » (10 byô no kabe). En battant la performance de Kôji Itô, détenteur du record national depuis 1998 avec un temps de 10,00 secondes, Kiryû s’est assuré d’une solide position en tant que premier sprinter japonais.

Voir notre article :

Kiryû Yoshihide, le premier japonais à passer sous la barre des 10 secondes sur 100 mètres

Au mois de septembre, en courant le 100 mètres en moins de 10 secondes, Kiryû est devenu le sprinter le plus rapide dans l’histoire de l’athlétisme japonais.(Jiji Press)

29 renshô

La plus longue série de victoires enregistrée depuis toujours dans le monde du shôgi professionnel, 29 consécutives, a été remportée cette année par l’un des plus jeunes joueurs de tous les temps, Fujii Sôta, un jeune prodige de 15 ans. L’expression 29 renshô, qui ne figurait pas dans la liste des gagnants des mots de l’année 2017 établie le mois dernier, n’en a pas moins été retenue pour la cérémonie finale.

Voir notre article :

La rencontre entre la légende du sumo et le jeune prodige du shôgi

Sur la scène de l’hôtel impérial de Tokyo, lors de la cérémonie qui s’est déroulée le 1er décembre, sont alignés les représentants des mots gagnants et ceux des lauréats invités à recevoir un prix en leur nom. (Jiji Press)

(Photo de titre : des mannequins de la revue de mode Cancam représentent le mot gagnant Insta-bae lors de la cérémonie de remise des prix, à Tokyo, le 1er décembre 2017)

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