Les musées totalement insolites

Un bateau espion nord-coréen à Yokohama : le Musée des gardes-côtes japonais

Culture

Le Musée des gardes-côtes japonais, situé à Yokohama, traite d’un incident digne d’un roman d’espionnage : le naufrage d’un navire espion nord-coréen, déguisé en bateau de pêche chinois. Y sont exposés le bateau et différents objets mettant en cause les activités clandestines de la Corée du Nord.

Le 22 décembre 2001, les Garde-côtes du Japon reçoivent un rapport selon lequel un bateau suspect aurait été détecté dans les eaux au sud-ouest de Kyûshû. Des avions et des navires de patrouille sont alors dépêchés pour enquêter sur l’intrus, provoquant une poursuite qui fut présentée de manière répétée aux actualités télévisées pendant plusieurs jours. Une vidéo dans le musée montre les bateaux des Garde-côtes poursuivant le bateau suspect, lui ordonnant de s’arrêter et tirant ensuite des tirs d’avertissement vers sa proue.

Un écran vidéo devant la coque du bateau espion récupéré montre les images de l’interception.

Une mission d’espionnage au destin tragique

Finalement, après un échange prolongé de coups de feu, le bateau a été coulé. Ce n’est que quelques mois plus tard, lorsqu’il a été remonté à terre, que les Japonais ont pu confirmer le fait qu’il s’agissait bien d’un bateau espion nord-coréen.

Des centaines d’objets ont été récupérés sur le fond marin ou à bord du bateau lorsqu’il a été remonté à la surface. Ces pièces – avec le bateau de 29,7 mètres de long lui-même – sont exposées dans ce petit musée très instructif, situé sur le front de mer de Yokohama, préfecture de Kanagawa.

Un téléphone cellulaire fabriqué au Japon et un dictionnaire anglais-coréen retrouvés dans le bateau.

Les vitrines du musée exposent des fusils d’assaut, des mitraillettes de gros calibre et même des lanceurs pour grenades propulsées par fusées. On peut découvrir, dans d’autres unités de présentation, des dispositifs explosifs, des combinaisons et des équipements de plongée, ainsi que des cartes détaillées.

Un casque en acier et des pièces d’un canon sans recul soviétique B-10.

D’autres armes récupérées après le naufrage.

Un commutateur électrique destiné à servir dans un détonateur.

Un canot gonflable est également exposé, avec des radios et des équipements électroniques, une cachette de documents et – preuve accablante – un insigne de boutonnière avec le portrait de Kim Il-Sung, le fondateur et premier dirigeant de la République populaire et démocratique de Corée.

Kim Il-Sung, au pouvoir jusqu’à sa mort en 1994, sur un insigne de boutonnière trouvé dans le bateau.

Un bateau de pêche peu ordinaire

C’est le bateau très endommagé, déguisé en bateau de pêche chinois mais identifié comme le Changyu 3705 nord-coréen, qui constitue la pièce centrale du musée. Les visiteurs peuvent regarder dans la poupe, par des portes qui avaient été installées pour permettre à un plus petit bateau de sortir pour débarquer des agents ou de la contrebande.

Un canot en caoutchouc pouvait être sorti par des portes spéciales installées dans la coque du bateau.

Vue à l’intérieur du bateau.

Le bateau est rouillé en raison de son séjour au fond de l’eau et il est criblé de balles. Une zone d’observation en hauteur permet aux visiteurs d’examiner la partie supérieure du bateau malgré les dégâts importants qu’il a subis et le fait que la timonerie et le mât avant aient été détruits durant l’échange de tirs. Des rails sont toutefois encore en place à l’endroit où un canon anti-aérien à double calibre de 14,5 mm – également exposé – était caché dans la structure derrière le pont.

Les impacts de balles racontent bien l’histoire de la bataille qui a envoyé le bateau par le fond.

La section finale du musée est réservée aux bateaux et aux avions composant les Garde-côtes japonais et donne des informations sur l’entraînement que son personnel doit suivre ainsi que sur les tâches qu’il accomplit.

Ces tâches quotidiennes ne consistent pas nécessairement en l’interception des bateaux espions nord-coréens… Le sauvetage des équipages des navires en détresse et la prévention du braconnage, de la contrebande et de la piraterie sont leurs plus importantes obligations.

Une brochure complète en anglais est disponible au bureau d’accueil ainsi qu’un dépliant en anglais détaillant l’exposition du bateau espion.

Musée des gardes-côtes japonais

  • Adresse : Base de prévention des catastrophes maritimes de Yokohama, 1-2-1 Shinko, Naka-ku, Yokohama-shi, Kanagawa-ken 231-0001
  • Site web (en japonais uniquement)
  • Ouverture : de 10h à 17h. Fermé le lundi et les vacances de fin d’année.
  • Frais d’entrée : gratuit
(Article écrit à l’origine en anglais. Photo de titre : la coque du Changyu 3705.)

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