Le précieux passage de religieux français à Hakodate, au nord du Japon
Visiterle Japon
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Au sommet de la colline abrupte de Hachiman-zaka, au pied du mont Hakodate, se tient le foyer des Sœurs de Saint Paul de Chartres. Le couvent est le foyer d’une Vierge Marie berçant gentiment l’enfant Jésus endormi. Visible depuis la rue, elle apporte un curieux sentiment de paix dans le cœur de ceux qui l’admire.
En 1878, alors que les cicatrices de la bataille de Hakodate, qui avait conclu la guerre civile de Boshin, étaient encore à vif, trois nonnes venues de France sont arrivées dans cette ville de l’île de Hokkaidô afin de servir les citoyens en enseignant et en exerçant la charité selon les principes de leur ordre. Cette petite statue de la Vierge Marie marque l’origine du réseau d’écoles de Shirayuri, qui s’est par la suite étendu tout autour du Japon.
Durant une visite récente, j’ai remarqué que l’exposition au vent et à la pluie avait rendu la surface de cette statue rugueuse, les ruisselets d’eau de pluie séchée sur le visage de Marie donnant l’impression qu’elle pleurait...
Les Sœurs de Saint Paul de Chartres, couvent de Hakodate
Accès : il faut compter 10 minutes à pied depuis l’arrêt Suehirochô du tramway de la ville de Hakodate.
Le Père Gourraud : une légende de Hakodate
Résident à long terme de la ville de Hakodate, le Père Philippe Gourraud vient à l’origine de l’ouest de la France. Il est né dans une famille de classe moyenne, et confesse avoir été une petite terreur enfant. Toujours infatigable et malicieux à l’école, il a arrêté de se rendre en classe et à commencé à étudier à la maison pour son baccalauréat, ce qui lui a permis d’entrer à l’université. Quand il avait expliqué à un de ses précédents enseignants qu’il souhaitait devenir prêtre, ce dernier lui a répondu : « Oui, pour quelqu’un comme toi, c’est soit ça, soit un gang de rue ! »
À l’âge de 28 ans, le Père Gourraud a été assigné à l’église catholique de Motomachi, à Hakodate. Il y est resté depuis plus de 50 ans, et est devenu l’un des visages les plus connus de la ville, se distinguant par son esprit vif et son amour de son foyer d’adoption. Son travail pour les relations franco-japonaises, pour la fondation de l’établissement de soins pour personnes âgées Asahigaoka, et du théâtre en plein air du parc Goryôkaku (qui est aujourd’hui dans sa trente-cinquième année) a fait de lui l’une des personnalités les plus chéries de Hakodate.
Lors d’une de mes nombreuses discussions avec le Père Gourraud, je lui avais demandé ce qui l’avait poussé à devenir prêtre. La franchise de sa réponse m’avait surpris :
« Parce que je n’arrivais simplement pas à croire à la conception virginale. Il fallait que j’élucide ce mystère. »
Il n’était pas entré dans les détails, mais m’avait promis d’en parler à nouveau prochainement, quand nous aurons plus de temps. Il est toutefois décédé en 2012, à l’âge de 85 ans, le jour de Noël. Je n’ai donc malheureusement jamais pu savoir ce qu’il avait découvert sur la naissance du Christ...
(Voir également un article du même auteur : Périple en noir et blanc à Hakodate avec un Leica)