Le cercle de pierres de Washinoki, un message de la préhistoire japonaise

Tourisme

Parmi les innombrables paysages facinants de l’île de Hokkaidô, au nord du Japon, se trouve un lieu qui suscite la curiosité : les roches de Washinoki, arrangées de façon circulaire depuis l’époque préhistorique. En les observant, ces pierres semblent presque vivantes, comme si elles venaient de s’éveiller d’un long et profond sommeil.

Me voici sur le site de Washinoki, à une heure de route de la grande ville de Hakodate, au sud-ouest de l’île de Hokkaidô. Je voulais rencontrer ces mystérieuses roches, environ 600, qui étincelent au soleil. Elles semblaient se réveiller d’un long sommeil depuis l’époque préhistorique Jômon.

Sur place, un archéologue m’avait alors expliqué les découvertes établies par les recherches scientifiques, et mon imagination s’est chargée du reste.

En les observant, les pierres semblent prendre vie (2004).
En les observant, les pierres semblent prendre vie (2004).

Avant l’invention des machines, une construction de cette sorte aurait requis un temps et des efforts considérables. En premier lieu, les travailleurs ont dû niveler la terre avec des charrues faites de pierres pointues reliées à un manche en bois. Ensuite, ils ont transporté les pierres depuis un lit de rivière sec éloigné de près de trois kilomètres, les empilants sur deux rondins portés par des équipes de trois ou quatre personnes.

J’imagine ces ouvriers se reposant fréquemment entre leurs allers et retours, essuyant leurs sourcils suintants, étanchant leur soif en buvant dans des vases d’argile, mangeant des morceaux de saumon séché ou grignotant des noix. Leur dur labeur commençait tôt le matin, et ils travaillaient d’arrache-pied à la chaleur du soleil s’élevant loin au-dessus du mont Komagatake, jusqu’à son coucher. C’est alors que les ouvriers finissaient leur journée éreintés, mais satisfaits de leurs progrès.

Vers la fin de la période Jômon, qui s’est étendue sur 10 000 ans, les êtres humains ont cessé de mener une existence entièrement dédiée à la survie et ont évolué vers un mode de vie avec plus d’abondance, profitant des richesses de la nature. C’est l’une des raisons probables pour laquelle, pour la première fois, les habitants des lieux pouvaient se permettre de collecter autre chose que des aliments. Des roches par exemple.

Mais qu’est-ce qui explique ce motif circulaire? Il y a certes un site funéraire non loin, mais le cercle de roches de Washinoki lui-même semble avoir été utilisé pour accomplir des rituels. Les cercles concentriques exercent une gravité qui attire les gens en leur centre. Oui, c’était sans doute le lieu de foi, l’espace sacré des gens de l’époque. Je les imagine donc bien danser au sein du cercle, priant le soleil de leur accorder ses grâces.

La neige du mont Komagatake, vue depuis ce site de prière de l’époque Jômon.
La neige du mont Komagatake, vue depuis le site de Washinoki

Alors que les habitants de l’Archipel traversaient la période Jômon, les Égyptiens, eux, construisaient déjà leurs pyramides. Des siècles plus tard, Napoléon encouragerait ses troupes en pointant du doigt ces monuments majestueux, déclarant : « Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent. »

Au XXIe siècle, la construction d’une autoroute à proximité du site de Washinoki a réveillé ces roches de leur long et profond sommeil. Quel message plurimillénaire ont-elles à nous délivrer ?

 Quels messages les pierres de Washinoki ont-elles à nous transmettre ?
Quels messages les pierres de Washinoki ont-elles à nous transmettre ?

Accès au site de Washinoki : une heure en voiture depuis Hakodate, ou cinq minutes en voiture de la gare de Mori (sur la ligne principale JR Hakodate)

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