Un pèlerinage divin en noir et blanc
Ishigami-sama, un culte aux rochers
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Quand des rochers « grandissants » veillent et protègent des hameaux
Yanagita Kunio (1875-1962), le père de l’ethnographie japonaise, s’est attaché à recueillir des traditions et des contes tombant dans l’oubli pour les rassembler dans son ouvrage intitulé « Légendes du Japon » (Nihon no densetsu, 1929). Il y décrit notamment l’histoire de ces « cailloux de manche » (tamoto ishi). Il a trouvé ce type de récit dans toutes les régions du Japon. Mais quels sont ces cailloux qui après avoir été ramassés grossissent et grandissent dans les manches de kimono ?
Jadis au Japon, on croyait que les déités et les esprits pouvaient venir se loger dans les rocs. Ce n’est pas que ces rochers soient considérés comme des divinités en tant que tels, les Japonais leur rendaient un culte car ils considéraient que ces yorishiro étaient des médiums pouvant accueillir des divinités. Mais ce n’est pas tout, la croyance que ces rochers avaient la particularité de peu à peu grandir et grossir se serait ensuite largement répandue.
Cap sur Hinokage, dans cette commune située au nord de la préfecture de Miyazaki, nous attend la très belle légende du rocher vénéré sous le nom de Ishigami-sama.

D’imposants rochers vénérés sous le nom de Ishigami-sama.
Selon mon GPS, le sanctuaire de Takenoharu où est vénéré Ishigami-sama, est à environ 40 minutes en voiture du centre-ville de Nobeoka. Mais la voie menant au sommet de la colline semble introuvable. Je me gare, puis je marche quelque temps sur un chemin de terre offrant une vue imprenable sur les rizières aux alentours du village, avant d’apercevoir enfin un portique shintô torii.

Vue du village où se trouve le sanctuaire de Takenoharu
Je passe sous le torii et gravis l’escalier de pierre. Arrivé à une esplanade au sommet de la colline, je vois se dresser devant moi un sanctuaire assez simple d’apparence, si désert et tranquille on pourrait presque croire qu’il est abandonné, alors qu’il est impeccablement entretenu.

Le chemin menant au sanctuaire est bordé de grands arbres.
Ishigami-sama trône à l’arrière du sanctuaire, là se trouvent côte-à-côte deux grands rochers faisant près de 3 mètres de haut. La légende voudrait que jadis les villageois les aient transportés jusqu’au sommet de la colline, alors qu’ils jouxtaient autrefois le village ! Il est rare que des pierres soient déplacées de leur emplacement naturel pour faire l’objet d’un culte. On dit qu’à l’origine, l’espace entre les deux rocs était suffisamment grand pour qu’un homme puisse y passer. Mais les rochers auraient tant et si bien grossi au fil du temps, que le passage aurait fini par se réduire à peau de chagrin. Étaient-ils moins imposants quand ils ont été déplacés au sommet ? L’été battait son plein quand j’ai visité le site, les vénérables rochers étaient enfouis sous la végétation, les dieux semblaient se dissimuler aux regards. Les paroissiens s’occupent sans doute de couper le feuillage quand vient le moment des célébrations annuelles. J’ai aimé imaginer leur ferveur face à ces rocs majestueux.

La légende veut que l’interstice entre les deux rochers ait rétréci au fil du temps.
Sanctuaire de Takenoharu
- Divinités vénérées : Susanoo et Sukunahikona
- Adresse : 3620-1 Nanaore, Hinokage-chô, Nishiusuki-gun, Miyazaki-ken
Le sanctuaire Takenoharu où l’on rend un culte à Ishigami-sama, aurait été fondé à l’époque Tenshô (1573-1592). Pendant l’époque d’Edo, un seigneur de la région l’aurait honoré du nom de « Ishigami Daimyôjin » et il aurait pris le statut de déité protectrice de la région.
(Reportage et texte : Kitasaki Jirô. Toutes les photos : Ôsaka Hiroshi, sauf mention contraire)