Un pèlerinage divin en noir et blanc

Le sanctuaire d’Udo et son « Rocher de la tortue »

Images Tourisme

Le photographe Ôsaka Hiroshi a de nouveau visité pour nous un site sacré de la région de Miyazaki, au sud-ouest du pays. Il s’agit du sanctuaire d’Udo et du Rocher de la tortue. Partons avec lui découvrir le berceau d’anciens mythes mettant en scène Toyotama-hime la princesse des mers et son fils Ugaya-fukiaezu, célèbre pour avoir été le père de Jinmu, le légendaire premier empereur du Japon.

Une grotte sacrée dédiée à l’amour maternel

Pour rejoindre le sanctuaire au départ de l’île d’Aoshima, célèbre pour ses liens avec la légende de Hoori (l’arrière-petit-fils de la déesse du soleil Amaterasu), il faut compter 40 minutes en voiture. Cap du Sud, on emprunte la route qui longe le littoral de Nichinan jusqu’à Udo-zaki, où se poursuit notre saga. Les paysages sauvages sont spectaculaires, parsemés d’immenses falaises, des formations rocheuses aux apparences torturées qui paraissent presque surnaturelles s’égrènent le long du Pacifique. Depuis les temps préhistoriques, ce site inspire le respect et l’admiration.

Niché au milieu des falaises de ce littoral rocheux se cache le sanctuaire d’Udo.

Gardé par son portail rouge (torii), le pavillon principal du sanctuaire se trouve à l’intérieur d’une grotte.
Gardé par son portail rouge (torii), le pavillon principal du sanctuaire se trouve à l’intérieur d’une grotte.

Le pavillon principal du sanctuaire (honden) se trouve à l’intérieur d’une grotte peu profonde creusée dans la falaise par les vagues, millénaire après millénaire. La divinité vénérée ici est Ugaya-fukiaezu, l’enfant né des amours de Hoori et de Toyotama-hime, la fille du dieu de la mer. En entrant dans la grotte, on voit se détacher de l’obscurité le rouge vif du honden tout orné de peintures et de parties sculptées.

Le sanctuaire attire un flux constant de visiteurs venus se recueillir dans l’espoir d’une naissance ou pour que leurs enfants restent en bonne santé.
Le sanctuaire attire un flux constant de visiteurs venus se recueillir dans l’espoir d’une naissance ou pour que leurs enfants restent en bonne santé.

Deux proéminences rondes et galbées se distinguent au plafond de la grotte. La légende raconte que quand Toyotama-hime dut s’en retourner au palais du dieu de la mer et laisser derrière elle son nouveau-né. Elle prit soin de laisser sa poitrine dans la grotte pour pouvoir continuer d’allaiter son fils. De nos jours encore, de petites gouttes d’eau coulent silencieusement des mamelons de la roche (O-chichi-iwa).

De l’entrée de la grotte, on peut contempler la mer.
De l’entrée de la grotte, on peut contempler la mer.

Le Rocher de la tortue qui exauce les vœux

Au sortir de de la grotte, la pénombre laisse la place à des flots scintillant sous l’éclatant soleil des contrées méridionales. Le rivage abonde de rochers aux formes torturées. L’un d’eux se détache : voici le célèbre « Rocher de la tortue » (Kame-ishi), il s’agirait de la tortue géante ayant transporté Toyotama-hime quand elle a quitté le palais du dieu de la mer pour venir sur la terre ferme donner naissance à son enfant.

Des rochers aux formes étranges font face au honden du sanctuaire. Au centre de la photo on distingue le « rocher de la tortue », une corde shimenawa delimite la partie la plus sacrée du roc.

Des rochers aux formes étranges font face au honden du sanctuaire. Au centre de la photo on distingue le « rocher de la tortue », une corde shimenawa delimite la partie la plus sacrée du roc.

Le creux de forme carrée qui se trouve sur « le dos de la tortue » est ceint d’un shimenawa, cette corde blanche sert à marquer la présence du divin. La tradition veut que les visiteurs lancent des un-dama : les hommes jettent ces petits palets porte-bonheur de la main gauche, quand les femmes doivent le faire de la main droite. On fait un vœu avant chaque lancer et la légende dit qu’il sera exaucé si le petit palet arrive pile dans le creux. Les palets sont fabriqués à la main par les écoliers de la région et l’argent est reversé aux caisses servant notamment à financer les frais de scolarité des enfants.

La légende veut que le petit Ugaya-fukiaezu une fois adulte ait eu quatre enfants, dont Kamu-yamato-iwarebiko, qui, sous le nom de Jinmu, soit devenu le premier empereur légendaire du Japon. Les sources ne s’accordent pas mais sa tombe serait dans le grand tumulus à Ahirayama, ce site situé près d’Udozaki est un lieu sacré depuis l’Antiquité.

La coutume de lancer de petits « palets porte-bonheur » au lieu de mettre des pièces de monnaie dans des boîtes à offrandes ne date que du milieu du XXe siècle.
La coutume de lancer de petits « palets porte-bonheur » au lieu de mettre des pièces de monnaie dans des boîtes à offrandes ne date que du milieu du XXe siècle.

Les visiteurs lancent de petits « palets porte-bonheur » et tentent de les faire atterrir dans un trou faisant environ 60 cm de large situé à 12 mètres en contrebas de la falaise.
Les visiteurs lancent de petits « palets porte-bonheur » et tentent de les faire atterrir dans un trou faisant environ 60 cm de large situé à 12 mètres en contrebas de la falaise.

Sanctuaire d’Udo

  • Divinité vénérée : Ugaya-fukiaezu no Mikoto
  • Adresse : Miyaura 3232, Nichinan-shi, Miyazaki-ken

Les origines du sanctuaire sont inconnues, mais le site d’Udo-zaki semble avoir été considéré comme sacré depuis la préhistoire. En 782, avec l’instauration du bouddhisme d’État, l’empereur Kanmu établit un temple qu’il gratifie du nom de Gokoku-ji. Le sanctuaire prend son nom actuel avec la séparation du bouddhisme et du shintô décrétée au début de l’ère Meiji (1868-1912). En 2017, l’enceinte du sanctuaire d’Udo et ses alentours ont été inscrits au patrimoine national naturel du Japon.

(Reportage et texte : Kitasaki Jirô. Toutes les photos : Ôsaka Hiroshi)

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