Un pèlerinage divin en noir et blanc

Pèlerinage de Chichibu : les bouddhas du mont Shûkutsu et la falaise sacrée du Kannon-in

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Dans son objectif, Osaka Hiroshi immortalise en noir et blanc ces sites naturels (kannabi) ou ces rochers (iwakura) sacrés qui abritent les dieux. Il nous emmène aujourd’hui à l’ouest de la préfecture de Saitama, près de la capitale, où on révère d’innombrables bouddhas gravés dans la falaise.

Les « 108 000 bouddhas » de la falaise

Quand ils se rendent en pèlerinage sur des lieux sacrés et spirituels du bouddhisme, les fidèles prient en espérant être gratifiés des bienfaits qui les attendent dans chaque temple, ils font apposer sur leur livret la calligraphie attestant de leur passage, puis se dirigent vers le site suivant.

On se recueillait jadis en montagne, devant de gigantesques rochers ou des cascades. Ces sites, qui sont devenus des endroits sacrés du shugendô (ascèse), ont continué d’attirer les pèlerins après la fusion avec le bouddhisme. À l’apogée du bouddhisme (de Heian à Kamakura), les temples dédiés à la divinité Kannon ont servi de lieux de pèlerinage. Avec ses 100 km de route, le vénérable circuit des 34 sites sacrés de Chichibu dédiés au bodhisattva de la miséricorde est relativement resserré. Proche de la ville d’Edo, il était très couru des fidèles.

Le pavillon Kannon-dô est adossé à la falaise.

Le pavillon Kannon-dô est adossé à la falaise.

À la 31 étape du circuit de Chichibu, après le portail du temple Kannon-in du mont Shûkutsu, les 296 marches d’un escalier de pierre attendent le visiteur.

Arrivés en haut, on découvre à bout de souffle, un petit temple cerné de rochers. Comme enlacé par l’immense paroi rocheuse, le pavillon Kannon-dô se dresse devant nous. La falaise de grès a plus de 17 millions d’années, on y voit des traces de sédimentation que les géologues disent en « stratification croisée ».

Derrière, à gauche de l’édifice, on aperçoit la cascade appelée « Seijô no Taki ». Elle fait 30 mètres de haut, mais aujourd’hui son débit est faible. On dit qu’autrefois des moines y pratiquaient l’ascèse, mais le débit devait être plus important et le courant plus rapide.

Sur le pan de falaise à gauche de la cascade, on distingue une série de bouddhas gravés faisant chacun environ 18 cm. Ces innombrables Shûkutsu Magai-butsu que l’on retrouve à différents endroits de la paroi et au niveau du sol, sont appelés les « 108 000 bouddhas ». On ignore quand ils ont été gravés exactement mais l’ouvrage daterait de l’époque Muromachi (1333-1573).

À contempler la gigantesque paroi rocheuse, on ne peut que ressentir la puissance et la grandeur de ce site sacré connu depuis l’Antiquité.

La cascade égrène son eau.

La cascade égrène son eau.

Site du temple Kannon-in au mont Shûkutsu

  • Bouddha principal : Shôkanzeon Bosatsu
  • Adresse : 2211 Iida Kannon, Ogano-machi, Chichibu-gun, Saitama-ken

Ce temple de l’école Sôtô est situé à mi-hauteur du mont Kannon, un pic rocheux de 698 mètres. La légende voudrait que le site ait été fondé au début de l’époque Kamakura, après que Hatakeyama Shigetada (1164-1205), un guerrier venu chasser dans la région, a découvert une statue de Kannon dans un nid d’aigle. On dit que ce site du shugendô, sacré depuis l’Antiquité, est l’étape la plus difficile à atteindre du circuit de Chichibu.

Venir à bout de l’escalier de pierre suffit pour s’attirer les bienfaits et la protection de Kannon.
Venir à bout de l’escalier de pierre suffit pour s’attirer les bienfaits et la protection de Kannon.

Statue de Kôbô Daishi (774-835) dont la légende dit qu'il aurait gravé les bouddhas dans la roche.
Statue de Kôbô Daishi (774-835) dont la légende dit qu’il aurait gravé les bouddhas dans la roche.

Fudô Myôô, le protecteur des pratiquants du shugendô, est révéré en bas de la cascade.
Fudô Myôô, le protecteur des pratiquants du shugendô, est révéré en bas de la cascade.

(Toutes les photos : © Ôsaka Hiroshi)

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