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Le hameau de Yachimun : à la découverte de la poterie à fours en pente d’Okinawa

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Yachimun, sur l’île d’Okinawa, est un hameau regroupant plusieurs ateliers de potiers traditionnels. Allons nous y promener pour apprécier la profondeur esthétique des pièces qui sortent des fours en pente.

Un artisanat traditionnel d’Okinawa depuis le XVIIe siècle

Dans le dialecte d’Okinawa, yachimun signifie « céramique ». Les yachimun ont une texture épaisse et rustique et sont souvent généreusement décorés de motifs. Le hameau de Yachimun (Yachimun-no-Sato), qui fait partie du village de Yomitan, au centre de l’île d’Okinawa, regroupe une vingtaine d’ateliers. Il y a de quoi perdre la notion du temps quand on se promène à la recherche de pièces de céramique et de souvenirs à l’effigie des shīsā (créatures gardiennes ressemblant à des lions) en admirant les immenses fours en pente couverts de tuiles rouges.

Le grand parking à l'entrée du village. Le village de Yomitan possède de riches ressources d’argile, d’eau et de bois de chauffe, les éléments essentiels à la fabrication des yachimun.
Le grand parking à l’entrée de Yomitan. Le village possède de riches ressources d’argile, d’eau et de bois de chauffe, les éléments essentiels à la fabrication des céramiques yachimun.

Si vous êtes pressé, le tour du village peut se faire en une heure et demie environ. Les ateliers de verre à bulles des Ryûkyû sont également très courus.
Si vous êtes pressé, le tour du village peut se faire en une heure et demie environ. Les ateliers de verre à bulles des Ryûkyû sont également très courus.

La boutique coopérative de Yomitan-zan yaki, située au centre du village. Au fond à droite, le toit oblique d’un four en pente.
La boutique coopérative de Yomitanzan-yaki, située au centre du village. Au fond à droite, le toit oblique d’un four en pente.

La céramique d’Okinawa a connu une avancée décisive dès le XVe siècle, sous l’influence de la céramique de Chine, de Corée, et d’Asie du sud-est, régions avec lesquelles le royaume de Ryûkyû commerçait de façon intensive. Ce sont des potiers coréens de la région de Satsuma (aujourd’hui préfecture de Kagoshima) qui se sont installés à Okinawa au début du XVIIe siècle et ont jeté les bases des yachimun d’aujourd’hui.

En 1682, le royaume décida d’encourager la production de poteries et réunit des artisans de toute l’île à Tsuboya (aujourd’hui un quartier de Naha, la capitale d’Okinawa), près de la rivière Asato, où les matières pouvaient être facilement centralisées. Ainsi naquit le style de poterie « Tsuboya-yaki », la céramique qui aujourd’hui encore est la plus représentative d’Okinawa. Le Tsuboya-yaki fut utilisé pour contenir les offrandes à la maison royale, mais aussi les produits d’exportation qui soutenait le commerce de l’île, tels que l’awamori (alcool de riz) et les produits de la mer, sans oublier la vaisselle quotidienne des gens ordinaires, pour manger et boire.

Le motif en anneau blanc sur les assiettes, appelé “l’œil de serpent”, est caractéristique du yachimun. Les assiettes sont cuites empilées les unes sur les autres, et c’est la base du “pied”, grattée pour éliminer la glaçure avant cuisson, de la pièce posée immédiatement au-dessus dans la pile, qui donne son accent unique au motif de la pièce en-dessous.
Le motif en anneau blanc sur les assiettes, appelé janome, « l’œil de serpent », est caractéristique du yachimun. Les assiettes sont cuites empilées les unes sur les autres, et c’est la base du « pied », grattée pour éliminer la glaçure avant cuisson, de la pièce posée immédiatement au-dessus dans la pile, qui donne son accent unique au motif de la pièce en-dessous.

Un hameau né d’un trésor national vivant et d’un problème de pollution

Après la guerre, le quartier de Tsuboya, situé à proximité de Kokusai-dôri, la rue commerçante la plus fréquentée de Naha, la capitale de l’île, s’est rapidement urbanisé. Au début des années 1970, les fumées des fours à bois des potiers engendraient un problème de pollution et la ville de Naha prononça leur interdiction en ville.

De nombreux potiers passèrent aux fours à gaz à cette occasion. Mais un certain nombre d’irréductibles, comme Kinjô Jirô, entendaient demeurer fidèles aux fours à bois en pente. Kinjô Jirô deviendra par la suite le premier artisan nommé « Trésor National Vivant » natif d’Okinawa. Dans le même temps, la commune de Yomitan encourageait le concept de « village culturel », en tirant parti d’un ancien terrain militaire américain, et proposa l’installation d’un four en pente. Kinjô Jirô s’y installa en 1972, provoquant l’établissement d’un nombre croissant de potiers à sa suite. Vers 1980, le hameau de Yachimun était officiellement né.

Plusieurs ateliers tenus par des membres de la famille de Kinjô Jirô sont regroupés au hameau de Yachimun. Ainsi, l’Atelier de céramique Fuji est une galerie tenue par sa petite-fille, Fujioka Kanako.
Plusieurs ateliers tenus par des membres de la famille de Kinjô Jirô sont regroupés au hameau de Yachimun. Ainsi, l’Atelier de céramique Fuji est une galerie tenue par sa petite-fille, Fujioka Kanako.

Quelques œuvres de Kinjô Jirô exposées dans une vitrine dans l’Atelier de céramique Fuji.
Quelques œuvres de Kinjô Jirô exposées dans une vitrine dans l’Atelier de céramique Fuji.

Diverses pièces de vaisselle décorées de motifs de poissons, l’un des designs typiques de Kinjô Jirô. On trouve également une grande variété de figurines shīsā.
Diverses pièces de vaisselle décorées de motifs de poissons, l’un des designs typiques de Kinjô Jirô. On trouve également une grande variété de figurines shīsā.

Le symbole du hameau de Yachimun est sans aucun doute le « four communautaire Yomitanzan-yaki », construit en 1980. C’est un très grand four en pente, constitué de 9 cellules à flanc de colline. Le bois brûle tout en bas et la chaleur produite est telle que même les pièces de la dernière cellule tout en haut sont cuites à la bonne température. Il fut suivi par la mise en service en 1992 du four « Yomitanzan-yaki nord », encore plus grand avec 13 cellules. Chacun des deux fours dispose de sa boutique coopérative propre, où les œuvres de chaque artisan-créateur rivalisent d’individualité et d’originalité.

Aujourd’hui, Tsuboya est surnommé « le village natal des Yachimun », et Yomitan, pour sa part, est appelé « la terre sacrée des Yachimun ». Cuites dans un four en pente traditionnel, les créations qui sortent de Yachimun n’en sont pas moins de style très libre et innovant. Bien sûr, il suffit de visiter les boutiques coopératives pour admirer l’étendue du talent de chaque artisan, mais avouez que ce serait dommage de ne pas prendre le temps de visiter chaque atelier en se promenant tranquillement dans le village !

Le four communautaire du Yutanza-yaki-gama et son toit de tuiles rouges typique d'Okinawa. C’est autour de ce four que c’est constitué le hameau de Yachimun.
Le four communautaire du Yomitanzan-yaki et son toit de tuiles rouges typique d’Okinawa. C’est autour de ce four que s’est constitué le hameau de Yachimun.

La partie inférieure du four. Une fois la chambre chargée de bois et le feu allumé, la chaleur se transmet à toutes les cellules en suivant la pente ascendante.
La partie inférieure du four. Une fois la chambre chargée de bois et le feu allumé, la chaleur se transmet à toutes les cellules en suivant la pente ascendante.

La boutique coopérative du four nord est accueillante et propose un large éventail de pièces uniques.
La boutique coopérative du four nord est accueillante et propose un large éventail de pièces uniques.

Chemin de randonnée dans le village. Le hameau de Yachimun a rendu à Yomitan sa renommée de village de potiers.
Chemin de randonnée dans le village. Le hameau de Yachimun a rendu à Yomitan sa renommée de village de potiers.

(Reportage, texte et photos de Nippon.com. Photo de titre : le four en pente Yomitanzan-yaki et ses neuf cellules.)

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