Le tourisme à Minami-Sanriku et le 11 mars 2011 : transmettre la menace du tsunami aux générations futures

Tourisme Catastrophe

La ville de Minami-Sanriku a été dévastée par le tsunami du 11 mars 2011, qui a provoqué l’accident nucléaire de Fukushima. Dans le Parc de la Reconstruction de Minami-Sanriku, la structure rouge en acier du bureau de prévention des catastrophes est la seule chose qui subsiste de ce qui existait avant cette date fatidique. Avec le Mémorial Minami-Sanriku 311 qui lui est adjacent, ces deux monuments transmettront aux générations futures les archives et les souvenirs de la tragédie, ainsi que l’importante nécessité de prévenir les catastrophes naturelles.

Minami-Sanriku, dans la préfecture de Miyagi, au nord-est du Japon. 831 habitants ont péri dans le tsunami qui a suivi le séisme du 11 mars 2011. La tragédie du bâtiment du bureau de prévention des catastrophes et des contre-mesures, dans lequel de nombreux employés municipaux ont été engloutis par la vague alors qu’ils continuaient à appeler les habitants à évacuer, a souvent été évoquée dans les médias. La plus grande partie du bâtiment a été emportée et la structure en acier rouge qui se dresse seule dans le paysage dévasté, avec des gravats et du matériel de pêche emmêlés aux piliers, est devenu un symbole de la menace des raz-de-marée.

La zone a été aménagée par la ville de Minami-Sanriku en « Parc de commémoration pour la reconstruction ». De l’autre côté de la rivière Yawata, qui coule vers l’est, s’élève maintenant le Mémorial Minami-Sanriku 311 et la galerie commerciale Minami-Sanriku San San, qui attire un nombre croissant de visiteurs en tant que lieu de commémoration et de transmission de l’héritage de la catastrophe, ainsi qu’un endroit où déguster les fruits de mer frais qui font la réputation de la ville.

À gauche, l'ancien bureau de prévention des catastrophes, et à droite, derrière le panneau, la « Colline de prière ».
À gauche, l’ancien bureau de prévention des catastrophes, et à droite, derrière le panneau, la « Colline de prière ».

Ce qui restait du bâtiment de prévention des catastrophes photographié au début du mois de juin 2011. Près de trois mois après la catastrophe, les cicatrices du tsunami étaient encore vives.
Ce qui restait du bâtiment de prévention des catastrophes photographié au début du mois de juin 2011. Près de trois mois après la catastrophe, les cicatrices du tsunami étaient encore vives.

L'impressionnant bâtiment en bois du Memorial Minami-Sanriku 311. Le parc de la reconstruction se trouve à gauche, au-delà du pont Nakabashi.
L’impressionnant bâtiment en bois du Memorial Minami-Sanriku 311. Le parc de la reconstruction se trouve à gauche, au-delà du pont Nakabashi.

La prévision initiale était de 6 mètres, le tsunami réel a atteint 15,5 mètres

Déjà en 1960, le tsunami d’une hauteur de 5,5 mètres dû à un tremblement de terre au Chili avait coûté la vie à 60 habitants de la ville de Minami-Sanriku. Tirant les leçons de cette expérience, un bâtiment de trois étages en béton armé avec une terrasse à 12 mètres avait été construit en 1995 à une altitude de 1,7 mètre au-dessus du niveau de la mer. Le bureau principal se trouvait au deuxième étage, précisément pour le cas où le premier étage serait inondé par un tsunami.

Le 11 mars 2011, à 14 h 49, trois minutes après le grand séisme, les prévisions de l’Agence météorologique japonaise faisaient état d’un tsunami de 6 mètres ; ce qui allait de toute façon inonder le deuxième étage mais devait laisser le troisième étage indemne, de sorte que les responsables de la ville ont pensé qu’il était sans danger de monter au troisième étage. C’est du troisième étage que les employés ont continué à appeler par haut-parleurs les résidents à évacuer vers un terrain plus élevé. Cependant, à 15 h 14, l’alerte au tsunami a été révisée à « plus de 10 mètres » et les fonctionnaires se sont précipités sur le toit.

La structure du bâtiment de prévention des catastrophes conservée telle quelle dans le parc. L'escalier extérieur froissé témoigne de la puissance du tsunami.
La structure du bâtiment de prévention des catastrophes conservée telle quelle dans le parc. L’escalier extérieur froissé témoigne de la puissance du tsunami.

Sur la terrasse d'observation du Mémorial Minami-Sanriku 311, des panneaux préparés par le journal Kahoku Shimpô exposent des documents sur le bâtiment de prévention des catastrophes, détaillant la situation à l'époque.
Sur la terrasse d’observation du Mémorial Minami-Sanriku 311, des panneaux préparés par le journal Kahoku Shimpô exposent des documents sur le bâtiment de prévention des catastrophes, détaillant la situation à l’époque.

Le tsunami a atteint le bâtiment à 15 h 33 avec une hauteur de 15,5 mètres. Quarante-trois personnes ont perdu la vie sur le toit, dont trente-trois employés de la ville. Dix ont survécu parce qu’ils ont été coincés contre la main courante de l’escalier extérieur ou s’y sont accrochés, et deux se sont agrippés aux antennes. Un homme a été englouti par la vague mais s’est accroché à un tatami emporté par les flots, il s’est finalement échoué près de l’hôpital Shizugawa à plusieurs centaines de mètres de distance.

Même après le retrait du tsunami, c’était l’enfer. Les températures étaient inférieures à 0°C, les corps trempés et balayés par le vent, il n’y avait ni eau ni nourriture. Quand ils ont vu la ville détruite depuis la terrasse, certains survivants étaient si désespérés et avaient si froid qu’ils ont envisagé de sauter du toit. Mais ils se sont encouragés les uns les autres et ont réussi à faire un feu de camp avec un briquet à 100 yens qui par miracle n’avait pas été mouillé, et ont réussi à passer la nuit. Ils ont été secourus le lendemain.

La terrasse se trouve à un peu moins de 14 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les antennes et la rambarde en haut de l'escalier extérieur ont sauvé douze vies.
La terrasse se trouve à un peu moins de 14 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les antennes et la rambarde en haut de l’escalier extérieur ont sauvé douze vies.

Dans la salle d’exposition du mémorial Minami-Sanriku 311, les visiteurs peuvent écouter les récits des habitants et d'autres personnes, y compris des survivants sur le toit du bureau de prévention des catastrophes, sur la situation au moment de la catastrophe et pendant le processus de leur rétablissement.
Dans la salle d’exposition du mémorial Minami-Sanriku 311, les visiteurs peuvent écouter les récits des habitants et d’autres personnes, y compris des survivants sur le toit du bureau de prévention des catastrophes, sur la situation au moment de la catastrophe et pendant le processus de leur rétablissement.

Une prière à la mer dans une ville à présent surélevée

La zone de Shizugawa, au centre de Minami-Sanriku, a été « rehaussée » de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer par des travaux de terrassement. De sorte que l’ancien bureau de prévention des catastrophes se trouve à présent dans une dépression.

Vue de la route nationale 45, qui longe le front de mer, passe maintenant à la hauteur de la terrasse du bâtiment, ce qui donne une idée de l’énormité du tsunami : « Les vagues étaient encore plus hautes... »

Vue de l'ancien bureau de la prévention des catastrophes, depuis la route nationale 45. La zone bordée d'arbres au premier plan est la « Forêt de l’avenir », tandis que le pont Nakabashi et le mémorial Minami-Sanriku 311 sont visibles à l'arrière-plan.
Vue de l’ancien bureau de la prévention des catastrophes, depuis la route nationale 45. La zone bordée d’arbres au premier plan est la « Forêt de l’avenir », tandis que le pont Nakabashi et le mémorial Minami-Sanriku 311 sont visibles à l’arrière-plan.

La « Colline de la prière » donne une indication encore plus précise de la hauteur du tsunami. Le sommet de la colline se trouve à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer et, depuis la stèle qui présente la liste des défunts, où l’on est invité à prier pour les victimes du séisme et du tsunami, on aperçoit la baie de Shizugawa dans laquelle le tsunami s’est engouffré.

Un niveau plus bas, le « Sentier des hauteurs » permet aux visiteurs de faire le tour de la hauteur moyenne de 16,5 mètres du tsunami qui a frappé Minami-Sanriku. De là, vous avez une vue complète de l’ancien bâtiment de la prévention des catastrophes, ce qui rend l’horreur du tsunami encore plus poignante. En vous promenant lentement le long du chemin, imaginez l’animation qui régnait autrefois dans la ville.

Vue de la baie de Shizugawa depuis la stèle au sommet de la Colline de la prière.
Vue de la baie de Shizugawa depuis la stèle au sommet de la Colline de la prière.

L'ancien bâtiment du Bureau de la prévention des catastrophes vu depuis la route surélevée. La galerie commerciale Minami-Sanriku San San est en arrière-plan.
L’ancien bâtiment du Bureau de la prévention des catastrophes vu depuis la route surélevée. La galerie commerciale Minami-Sanriku San San est en arrière-plan.

L’architecture de Kuma Kengo stimule la reconstruction

La rivière Yawata, qui coule à l’est du parc, est traversée par le pont Nakabashi, une passerelle piétonne de bois et d’acier. Il s’agit d’une structure inhabituelle, combinant un pont à une arche et à arche inversée. Il a été conçu par Kuma Kengo, l’un des plus célèbres architectes japonais.

Il a également conçu le Minami-Sanriku 311 Memorial et la galerie commerciale Minami-Sanriku San San. De nombreux amateurs d’architecture s’y rendent pour admirer sa conception innovante, qui fait abondamment appel au bois de cèdre local.

La structure de la passerelle Nakabashi permet d’emprunter le haut du pont par les deux côtés, ou l’arche inversée par le milieu.
La structure de la passerelle Nakabashi permet d’emprunter le haut du pont par les deux côtés, ou l’arche inversée par le milieu.

D'impressionnants fûts de cèdres bordent l'entrée de l’arche inversée. Magnifiquement éclairé la nuit.
D’impressionnants fûts de cèdres bordent l’entrée de l’arche inversée. Magnifiquement éclairé la nuit.

Le bâtiment du mémorial Minami-Sanriku 311 a un mur extérieur noir, avec des poutres disposées de manière radiale à partir du passage central où se trouve l’entrée. Les visiteurs ont l’impression d’être aspirés dans un tunnel temporel et se souviennent du 11 mars 2011. Depuis le plateau d’observation en passant par les escaliers du passage central, les visiteurs peuvent voir le pont Nakabashi, le parc de la reconstruction et la baie de Shizugawa.

Le Mémorial Minami-Sanriku 311 donne une impression de distorsion du temps et de l'espace. Le plateau d'observation se trouve dans la partie en forme de bec qui dépasse sur la gauche.
Le Mémorial Minami-Sanriku 311 donne une impression de distorsion du temps et de l’espace. Le plateau d’observation se trouve dans la partie en forme de bec qui dépasse sur la gauche.

Vue depuis le plateau d'observation, accessible gratuitement.
Vue depuis le plateau d’observation, accessible gratuitement.

La partie gratuite du musée présente de nombreux points forts, notamment des données sur Minami-Sanriku, de la catastrophe à la reconstruction, des œuvres réalisées en collaboration par des photographes et des habitants, ainsi qu’une exposition spéciale dans l’espace d’échange. Il y aura donc toujours beaucoup à voir.

Toutefois, si vous en avez la possibilité, ne manquez pas de visiter également visiter la zone payante pour écouter les témoignages vocaux des survivants et participer au programme pédagogique pour en savoir plus sur les catastrophes naturelles. Vous pourrez ensuite visiter l’ancien bâtiment de gestion des catastrophes et vous faire une idée réaliste de la situation de l’époque, ce qui vous sensibilisera à la préparation aux catastrophes naturelles.

La zone en accès libre propose un large éventail de données et de photographies sur la catastrophe. L'entrée de la billetterie et de la zone payante se trouve à droite.
La zone en accès libre propose un large éventail de données et de photographies sur la catastrophe. L’entrée de la billetterie et de la zone payante se trouve à droite.

Dans le « théâtre pédagogique », les participants regardent des témoignages vidéo, puis réfléchissent et discutent entre eux.
Dans le « théâtre pédagogique », les participants regardent des témoignages vidéo, puis réfléchissent et discutent entre eux.

« La mer nous apporte de nombreux bienfaits »

En 2013, la ville de Minami-Sanriku avait décidé de démanteler la structure en acier du bâtiment de prévention des catastrophes. Puis, en 2015, à la suite de plusieurs appels à la préservation de cette structure, la préfecture a proposé d’assumer la propriété de la structure pour une durée de 20 ans après la catastrophe, et l’a incorporée au Parc de la Reconstruction, mais le débat sur ce qu’il convenait de faire, la préserver ou la démanteler, s’est poursuivi depuis lors. Le 1er mars 2024, il a été finalement officiellement annoncé que la ville redeviendrait propriétaire et gestionnaire du site et conserverait la structure en tant que vestige du séisme.

Malgré l’horreur de la catastrophe de 2011 et le risque toujours présent d’un tsunami, les habitants de Minami-Sanriku continueront à vivre avec la mer. « La mer nous apporte de nombreux bienfaits », peut-on lire dans la galerie commerciale adjacente au sud du Mémorial Minami-Sanriku 311 de. Au total, 28 boutiques, restaurants et magasins de poisson frais, s’alignent le long des six bâtiments de plain-pied, et un grand parking est également prévu. Les fruits de mer de Minami-Sanriku frais pêchés sur place sont vraiment à déguster.

Les bâtiments, les témoignages, les archives et les photographies, malgré leurs sentiments mitigés, sont préservés et présentés par les habitants « pour protéger les vies futures ». Ils ont choisi de faire leur deuil des victimes en espérant que le plus grand nombre possible de personnes viennent visiter la région et se sensibiliser à la fois à la prévention des catastrophes naturelles et aux attraits de Minami-Sanriku.

Galerie commerciale Minami-Sanriku San San, un endroit idéal pour trouver des souvenirs.
Galerie commerciale Minami-Sanriku San San, un endroit idéal pour trouver des souvenirs.

Ce bol de riz garni de fruits de mer (kaisen-don) est le plat le plus populaire du restaurant Shokuraku Shiosai (2 700 yens). Une découverte des fruits de mer de Minami-Sanriku en un seul plat.
Ce bol de riz garni de fruits de mer (kaisen-don) est le plat le plus populaire du restaurant Shokuraku Shiosai (2 700 yens). Une découverte des fruits de mer de Minami-Sanriku en un seul plat.

Le Takano Kaikan, un site privé dédié au séisme, situé du côté de la mer.
Le Takano Kaikan, un site privé dédié au séisme, situé du côté de la mer.

Mémorial Minami-Sanriku 311

  • Adresse : 200-1, Itsukamachi, Shizugawa, Minamisanriku-cho, préfecture de Miyagi
  • Heures d’ouverture : 9h00 - 17h00
  • Fermé : les mardis, et du 29 décembre au 3 janvier
  • Entrée : 200 yens pour les étudiants universitaires et plus ; 100 yens pour les élèves du primaire, du collège et du lycée.

(Reportage, texte et photos de Nippon.com. Photo de titre : le Mémorial Minami-Sanriku 311, conçu par Kuma Kengo.)

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