La modernité de l’esthétique traditionnelle
Les paravents de Kataoka Byôbu, ou la tradition japonaise sur mesure
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L’unique endroit à Tokyo
Les paravents décoratifs, appelés byôbu en japonais, sont arrivés au Japon à l’époque de Nara (710-94). Aujourd’hui, Kataokoa Byôbu, un commerce spécialisé de Tokyo, allie les techniques traditionnelles à une approche contemporaine pour créer des objets décoratifs en phase avec les goûts du jour.
Le magasin, fondé en 1946, se trouve dans un quartier résidentiel tout près de la tour Skytree, et Kataoka Kôto y représente la troisième génération de propriétaires. Ayant passé du temps aux États-Unis pendant son lycée, il est impressionné par l’enthousiasme avec lequel les autres élèves, venus d’un peu partout, partagent leur culture. Il se dit que lui aussi peut être fier de la tradition japonaise des paravents et se décide à rejoindre l’entreprise familiale fondée par son grand-père et gérée par son père.
Kataoka devient le propriétaire en 2024 et profite de l’augmentation du nombre de touristes internationaux pour partager avec eux le charme des paravents japonais. Il explique tout sourire que « de plus en plus d’étrangers intègrent des éléments de la culture japonaise à leur quotidien, comme par exemple l’utilisation de paravents dans les espaces de vie ».

Kataokoa Byôbu se niche dans un quartier résidentiel calme. Les paravents sont exposés au rez-de-chaussée, et l’atelier se situe au premier étage.

Kataoka Kôto, propriétaire de Kataoka Byôbu, affirme que chacun des sept membres de son équipe, à commencer par les artisans chevronnés, joue un rôle essentiel à la promotion des paravents.
Les byôbu sont arrivés de Chine durant l’époque de Nara (710-794). À l’origine, ils servaient à bloquer les courants d’air dans les chambres à coucher, ou comme cloisons dans les pièces. Ils deviennent plus décoratifs pendant l’époque de Muromachi (1336-1573) lorsque les paravents ont commencé à arborer des décorations allant de simples motifs à l’encre à de riches peintures sur fond doré. Beaucoup de chefs-d’œuvre qui restent de cette époque ont été commandés par des familles aristocratiques, des samouraïs, ou des temples bouddhiques.

Des poupées hina devant un paravent
Les maisons contemporaines n’étant pas adaptées aux paravents, la demande a beaucoup diminué et il reste peu de producteurs. Kataoka Byôbu est le seul magasin de byôbu qui perdure dans la capitale nippone. Son activité principale a été la manufacture de paravents pour les fabricants de poupées japonaises et d’autres demandes saisonnières, mais l’évolution démographique du Japon continue de réduire le marché.
Conscient de ces changements, Kataokoa Byôbu commence à accepter des commandes venant de particuliers. Le magasin propose des paravents sur mesure pour commémorer des anniversaires de mariage ou réutiliser d’anciens tissus de kimonos. En plus de l’augmentation de commandes de particuliers, celles venant de municipalités ou d’entreprises sont aussi en hausse depuis quelques temps.

Un magasin de mode utilise un paravent de chez Kataokoa Byôbu pour agrémenter sa devanture. (Avec l’aimable autorisation de Kataokoa Byôbu)

Les paravents sur mesure peuvent incorporer des photos et autres supports, comme des tissus de kimono.

Une œuvre dans un style traditionnel confectionnée par un artiste contemporain.
Répondre à la demande « sur mesure » du client
Selon Kataoka, l’engouement récent pour la culture traditionnelle nippone parmi les étrangers en fait des acheteurs de plus en plus importants qui constituent déjà 30 % des ventes. Ils choisissent souvent des designs qui incorporent le mont Fuji ou des pins. Les commandes peuvent être passées directement en magasin ou en ligne. L’acheteur indique la taille, les coloris et accessoires voulus pour personnaliser le paravent qui peut être expédié partout dans le monde.

Un paravent commandé par un client étranger, avec un érable japonais sur fond doré. (Avec l’aimable autorisation de Kataokoa Byôbu)
Pour Kataoka Kôto, c’est un plaisir de répondre aux demandes de ses clients. « C’est un vrai bonheur de créer un paravent de toutes pièces », dit-il. Après avoir établi un budget, le personnel travaille étroitement avec les clients pour développer un design. Une fois cette étape franchie, les artisans du premier étage prennent le relais et préparent le cadre, le papier japonais washi sur lequel le motif est peint, et tous les autres accessoires. Cela peut prendre jusqu’à trois mois de créer une œuvre détaillée d’une certaine taille.

Ici, on vérifie que la pièce achevée est une reproduction fidèle du design original.

L’un des artisans de Kataoka Byôbu utilise une technique traditionnelle pour lisser la surface du paravent avant l’application des motifs.
Kataoka se donne corps et âme à la promotion des arts traditionnels, collaborant même avec des artistes étrangers pour des expositions. Pour lui, faire connaître le monde des paravents est une véritable vocation. « Quand les gens viennent nous rendre visite dans la foulée d’une sortie au Skytree, je me fais un plaisir de leur faire découvrir le savoir-faire de nos artisans. »

Le petit musée de Kataoka Byôbu explique le procédé de la création d’un paravent ainsi que les outils employés.
Kataoka Byôbu
- Adresse : 1-31-6 Mukôjima, Sumida-ku, Tokyo
- Horaires : en semaine 10 h à 17 h ; fermé le weekend et les jours fériés
- Accès : une minute à pied de la station Tokyo Skytree (ligne Tôbu) ; cinq minutes de la sortie A4 de la station Honjô-azumabashi (ligne Toei Asakusa) ; six minutes de la sortie A3 de la station Oshiage (ligne de métro Hanzômon)
- Site Internet (uniquement en japonais) : http://www.byoubu.co.jp/
(Toutes les photos : Nippon.com, sauf mentions contraires)
