[Galerie photos] Le monde de Ôsaka Hiromichi, trésor national vivant

Culture

Ôsaka Hiromichi est un maître ébéniste au sommet de son art. Il a été officiellement désigné comme « Trésor national vivant » par le gouvernement japonais. Ses œuvres sont d’une beauté plastique incomparable qui transcende le temps et l’espace et séduit tous ceux qui les voient.


Ôsaka Hiromichi
Né en 1937. Diplômé du département des beaux arts de l’Université Gakugei de Tokyo. A enseigné l’art dans divers collèges. En 1980, l’Agence de la Maison impériale lui a demandé de faire des répliques de plusieurs des trésors des collections du Shôsôin, un édifice en bois très ancien situé dans l’enceinte du temple du Tôdaiji, à Nara. En 1984, il a cessé d’enseigner pour se consacrer entièrement à son art. A obtenu de nombreuses récompenses et distinctions pour son travail, dont la plus prestigieuse est sa désignation comme « Trésor national vivant », en 1997.

Un art qui transcende le temps et l’espace

Les Japonais désignés comme « Trésor national vivant » sont les dépositaires de précieuses traditions de l’art et de l’artisanat de l’Archipel. Ils sont officiellement considérés comme les « protecteurs de biens culturels importants intangibles » et constituent une élite qui détient des techniques et des compétences d’une valeur artistique ou historique exceptionnelle.

Ôsaka Hiromichi a été désigné « Trésor national vivant » en 1997, pour son travail en tant que maître ébéniste. Il a atteint le sommet de son art en réalisant des répliques d’objets des prestigieuses collections du Shôsôin de Nara, un  bâtiment en bois construit pour abriter quelque 9 000 trésors réunis par l’empereur Shômu au VIIIe siècle. Les collections du Shôsôin se composent, entres autres,  d’objets cultuels bouddhiques, d’armes, d’instruments de musique, d’ ornements, de documents écrits et de rouleaux de peinture. Certains de ces trésors, originaires de Rome et de la Perse, sont arrivés au Japon en passant par la route de la Soie. L’influence de l’art de l’Europe et du Proche Orient est clairement visible dans beaucoup des pièces que Ôsaka Hiromichi a été chargé de refaire.

Sept ans pour recréer un trésor du Shôsôin

Quand on a demandé à Ôsaka Hiromichi de faire des répliques des trésors du Shôsôin, il a commencé par chercher les fournitures dont il avait besoin. Il a dépensé ses économies pour acheter les matériaux et les bois spéciaux qu’il lui fallait pour réaliser de véritables copies d’objets aussi anciens. Il a ainsi passé cinq ans à étudier l’outillage et les matières premières utilisés par les artisans de l’époque ancienne et à chercher des équivalents modernes. Il lui a fallu en tout sept ans pour réaliser son premier projet, la réplique d’une boîte en bois de rose de l’époque de Nara (710-794).

La spécialité de Ôsaka Hiromichi, c’est une forme de sculpture sur bois appelée mokuga (littéralement « image sur bois ») qui consiste à créer un décor complexe à la surface du bois à l’aide d’incrustations d’ivoire, de corne, de bois et de métal. Sa boîte en bois de rose est ornée de motifs géométriques d’à peine 1 cm de large constitués de pas moins de trente fines couches de matériaux différents. C’est ainsi que Ôsaka Hiromichi a réussi à faire revivre les techniques utilisées par les artisans des temps anciens.

Un art fondé sur la minutie

Ôsaka Hiromichi s’est aperçu que les artisans de l’époque de Nara avaient eu recours à des incrustations d’étain pour réaliser les motifs ornant certaines des boîtes en bois de rose qu’il essayait de reproduire. Il s’est inspiré de leur travail pour mettre au point une technique particulière qui consiste à sculpter un réseau de petites  bandes de bois à l’aide d’une scie bocfil (itonoko) et à incruster le tout avec de fines couches de métal out d’autres matériaux. Le réseau délicat des lignes dessinées par les incrustations à la surface du cœur de tronc de plaqueminier (kurogaki) combiné à une teinture rouge foncé  à base de  bois de sappan est l’un des aspects les plus fascinants du travail de Ôsaka Hiromichi.

L’art de Ôsaka Hiromichi est fondé sur la minutie. Le maître ébéniste ne fait pas plus de deux œuvres par an. Les diapositives ci-dessus montrent quelques-uns de ses chefs-d’œuvre. Elles prouvent à elles seules que son travail dépasse le cadre de l’artisanat japonais traditionnel et qu’il a une portée universelle.


Boîte à pinceaux de calligraphie ornée d’un décor de volutes (1994). Incrustations d’étain sur cœur de plaqueminier (kurogaki).


Récipient à décor de fleurs hôsôge (2002). Incrustations d’étain sur cœur de plaqueminier (kurogaki). Le motif floral hôsôge est caractéristique de l’art des époques de Nara (710-794) et de Heian (794-1185).


Boîte à encens incrustée de nacre et d’étain (2010). Incrustations de nacre de divers coquillages et d’étain sur cœur de plaqueminier (kurogaki). Les incrustations de nacre brillent d’un éclat différent en fonction de l’angle sous lequel on regarde la boîte.


Récipient à couvercle en forme de pétale de fleur de lotus et orné de motifs en forme d’arabesques (1999). Incrustations d’étain sur cœur de plaqueminier (kurogaki). L’intérieur du récipient est recouvert par un éblouissant décor à la feuille d’or.


Ôsaka Hiromichi chez lui, dans son atelier. Pour lui, il n’y a pas de plus grand bonheur que d’être plongé dans son travail.


Après avoir sculpté le bois à jour, Ôsaka Hiromichi parachève son œuvre à l’aide d’un petit couteau d’ébéniste.


Boîte à encens en bois ajouré à motifs de fleurs hôsôge (2011). L’œuvre la plus récente de Ôsaka Hiromichi.


Le décor ajouré — représentant des fleurs de lotus — du couvercle de la boîte à encens été sculpté dans une seule pièce de bois. La minutie apportée à chaque détail est impressionnante.


Boîte à pinceau de calligraphie ornée d’un motif d’arabesques (1997). Incrustations d’étain sur cœur de plaqueminier (kurogaki).


Brûle parfum en forme de fleur (2009). Incrustations d’étain sur buis (tsuge).


Boîte à encens avec incrustations de nacre formant un décor de volutes (2009). Incrustations d’étain et de nacre de sabot marbré (yakôgai) sur cœur de plaqueminier (kurogaki). Cet objet doit son allure résolument moderne aux lignes géométriques que dessinent les incrustations de nacre.


Croquis préparatoires. Ôsaka Hiromichi utilise des croquis préparatoires détaillés pour le guider dans son travail minutieux de sculpture du bois.


Une œuvre en cours de réalisation, en l’occurrence l’urne funéraire (kotsubako) que Ôsaka Hiromichi destine à ses propres cendres. Pour le décor de cet objet, achevé en 2003, le maître ébéniste a choisi un motif complexe d’arabesques avec des incrustations alternées d’étain et d’or.


Ôsaka Hiromichi en train de faire une incrustation d’étain dans une pièce
de bois qu’il intègrera ensuite dans un motif. Ce travail demande une très grande précision qui peut aller jusqu’au 1/10e de millimètre. L’art de Ôsaka Hiromichi repose en grande partie sur cette technique à base de bandes de bois décoré.


Une partie des outils utilisés par Ôsaka Hiromichi pour travailler le bois.


L’atelier de Ôsaka Hiromichi dans son appartement de Nakamurabashi, à Tokyo.