Séisme de la péninsule de Noto : des kits de douche pour réchauffer les sinistrés

Catastrophe Société

La Nippon Foundation, qui possède une grande expertise dans les opérations de secours en contexte de catastrophe naturelle, a commencé à transporter par la mer des fournitures et matériels dans les zones touchées par le séisme de la péninsule de Noto, qui s’est produit le 1er janvier 2024. Reportage sur le terrain, où la livraison de kits de douche et lave-mains dans la ville de Suzu le 14 janvier a grandement amélioré la vie des sinistrés.

Le transport par bateau, une aide essentielle

14 janvier. Cela fait tout juste deux semaines qu’a eu lieu le tremblement de terre de la péninsule de Noto, de magnitude 7,6 et d’une intensité maximale 7 sur l’échelle japonaise shindo, qui a causé d’importants dégâts dans la zone côtière de la préfecture d’Ishikawa (centre ouest du pays). La question des villages isolés est en cours de résolution, grâce à la remise en état des routes et à la relocalisation des habitants, mais plus de 16 000 personnes sont toujours entassées dans des écoles ou des espaces communautaires aménagés en urgence en centres d’évacuation. L’eau est coupée sur la quasi-totalité des six municipalités de Wajima, Suzu, Nanao, Noto, Anamizu et Shiga, les principales villes de la péninsule de Noto, et de nombreuses routes sont fermées en raison d’effondrements ou d’apparition de fissures dans le sous-bassement, sans aucune perspective de travaux de restauration à court terme.

La Nippon Foundation (dont le siège social est situé dans l’arrondissement de Minato, à Tokyo) a déployé du personnel dans les zones sinistrées dès le lendemain du désastre, et a très vite recensé les besoins des évacués et des autorités locales. Afin d’apporter la réponse la plus prompte et la plus efficace possible, la fondation a adopté une nouvelle méthode de transport par bateau, qui permet d’acheminer rapidement et en une seule fois de grandes quantités de matériels d’aide et de secours. Profitant de ses nombreux réseaux nationaux et internationaux dans le secteur maritime, elle a affrété le roulier Aguni (462 tonnes), capable de transporter des camions et des remorques eux-mêmes chargés de matériels. Cela résout le problème des installations portuaires endommagées par le séisme, ainsi que les difficultés de trouver de la main-d'œuvre pour le chargement et le déchargement des conteneurs ou la manutention des matériels à leur arrivée.

Le roulier Aguni aux couleurs de la Nippon Foundation
Le roulier Aguni aux couleurs de la Nippon Foundation

Depuis le 10 janvier, avec un chargement de 2 000 litres de kérosène, 1 000 litres de gazole et cinq générateurs livrés à Wajima, le navire effectue des allers-retours continus entre le port de Kanazawa et les zones sinistrées sur un rythme quasi-journalier. La mission initiale n’était prévue que jusqu’au 20 janvier, mais sera vraisemblablement prolongée jusqu’à la fin du mois, compte tenu des besoins prévisibles de transport par voie maritime.

Unno Mitsuyuki, directeur général de la Nippon Foundation, qui dirige le projet, déclare : « Nous avons l’intention d’apporter un soutien continu. Nous allons réfléchir sur le long terme, au moins jusqu’à la fin de l’hiver, en nous autorisant éventuellement de réorganiser notre calendrier en fonction des demandes de soutien ».

Unno Mitsuyuki, directeur exécutif de la Nippon Foundation
Unno Mitsuyuki, directeur exécutif de la Nippon Foundation

Débarquer dans des ports endommagés, sous des températures frigorifiantes

Dix camions embarquent l’un après l’autre sur le roulier Aguni, alors que l’aube est encore loin ce 14 janvier, dans le port de Kanazawa. Destination : Suzu, une commune située à l’extrémité de la péninsule de Noto, qui a subi d’importants dégâts et se trouve très difficile d’accès. La cargaison principale est constituée de 10 kits de douche et de 30 lave-mains de WOTA (une entreprise tokyoïte), un concepteur d’équipements de traitement de l’eau qui la filtre et la réutilise plusieurs fois, de sorte qu’elle est disponible en abondance même en cas de coupure de l’alimentation de l’eau. En outre, 1 000 serviettes et une citerne d’eau de 2 tonnes complètent le chargement.

Unno Mitsuyuki déclare : « En travaillant avec les autorités locales et en menant des actions de terrain dès le jour-même de la catastrophe, nous avons réalisé que nous devions également soutenir la qualité de vie dans les centres d’évacuation. Compte tenu des problèmes d’hygiène qui se posaient, nous avons pu collecter 100 kits de douche dans tout le pays grâce à l’implication de la WOTA Co. 30 kits ont été livrés à Suzu, 30 autres à Wajima et 7 à Nanao, Noto, Shiga et Anamizu. Les 12 kits restants seront installés dans des établissements médicaux là où le besoin s’en fait sentir avec la plus grande urgence ».

Des camions chargés de matériels de secours dans le port de Kanazawa. La température extérieure est inférieure à 0°C.
Des camions chargés de matériels de secours dans le port de Kanazawa. La température extérieure est inférieure à 0°C.

Le bateau a pris la mer vers 6 h 45, avant le lever du soleil. La météo était bonne et la mer calme, ce qui n’était pas le cas le premier jour, où les vagues étaient importantes. L’aller simple entre le port de Kanazawa et le port de Iida, à Suzu, a duré environ 7 heures et le bateau est arrivé à 13 h 30, légèrement en avance sur le programme prévu ce jour-là. Les quais étaient fissurés et crevassés de partout. C’est là que l’avantage des navires rouliers, qui n’ont pas besoin d’être déchargés, a pris tout son sens.

Les membres de l'équipage observent le lever du soleil à bord de l’Aguni, bercés par les vagues de la mer du Japon. (Photo avec l'aimable autorisation de la Nippon Foundation)
Les membres de l’équipage observent le lever du soleil à bord de l’Aguni, bercés par les vagues de la mer du Japon. (Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation)

Les camions chargés d'aide humanitaire débarquent les uns après les autres dans le port d'Iida. L’absence de manœuvre de transbordement de marchandises leur permet de se diriger immédiatement chacun vers leur destination, là où l’aide est directement nécessaire.
Les camions chargés d’aide humanitaire débarquent les uns après les autres dans le port d’Iida. L’absence de manœuvre de transbordement de marchandises leur permet de se diriger immédiatement chacun vers leur destination, là où l’aide est directement nécessaire.

Une partie du quai de débarquement s'est effondrée lors du tremblement de terre.
Une partie du quai de débarquement s’est effondrée lors du tremblement de terre.

Des kits de douche installés en 15 minutes

Des douches ont été installées à l’école primaire de Takojima, transformée en centre d’évacuation des sinistrés, et des stations de lavage des mains à l’hôtel de ville de Suzu et autres lieux. 5-6 km séparent le port d’Iida de l’école primaire de Takojima, où près de 300 personnes ont trouvé refuge, et il a fallu près de 20 minutes pour atteindre l’école, du fait de la route partiellement effondrée et des travaux d’urgence qui ont demandé plusieurs détours. Vitesse au pas de rigueur, sur les routes inégales et les intersections sans feux de circulation. Depuis les fenêtres des véhicules, certaines zones montraient un grand nombre de maisons effondrées, d’autres étaient moins endommagées ; la ville de Takojima était particulièrement touchée.

Les dégâts du séisme, photographiés depuis la fenêtre d'un véhicule.
Les dégâts du séisme, photographiés depuis la fenêtre d’un véhicule.

Un carrefour de Takojima particulièrement sinistré, juste à la sortie de l'école primaire.
Un carrefour de Takojima particulièrement sinistré, juste à la sortie de l’école primaire.

Le déchargement a commencé immédiatement après l’arrivée sur les lieux. La première étape a consisté à installer le chauffe-eau, qui fonctionne au kérozène, en plein-air. Ensuite, un kit de douche a été établi dans la salle de sciences de l’école, qui fera office de salle de douche. Ces kits sont conçus comme des tentes et ne demandent que 15 minutes de montage et mise en œuvre par deux adultes.

Déchargement d'un camion derrière l'école. Devant nous, des maisons effondrées.
Déchargement d’un camion derrière l’école. Devant nous, des maisons effondrées.

L'installation du kit de douche est très simple, car il est conçu comme une tente.
L’installation du kit de douche est très simple, car il est conçu comme une tente.

Kit de douche WOTA dans la salle de sciences de l’école
Kit de douche WOTA dans la salle de sciences de l’école

Une douche chaude, le remède souverain pour le corps et l’esprit des évacués

L’école transformée en abri pour sinistrés disposait déjà d’une baignoire de bains communautaires, installée par les forces d’autodéfense, mais elle est destinée uniquement pour se réchauffer, le savon n’y est pas autorisé. Le cœur du kit de douche, le système portable de récupération d’eau WOTA BOX, peut récupérer et remettre dans le circuit plus de 98 % des 100 litres d’eau du cumulus. Cela signifie que les personnes évacuées peuvent se laver le corps avec beaucoup d’eau chaude, en utilisant du savon et du shampoing, sans aucune restriction sur la quantité d’eau utilisée.

Un septuagénaire qui a entendu l’explication a déclaré : « Jusqu’à présent, je devais me retenir le plus possible, même de me laver le visage. Ce sera un grand soulagement de pouvoir me doucher autant que je le souhaite. »

L’intérieur du système de filtration de la WOTA BOX. L'écoulement de la douche est filtré à travers six filtres jusqu'à un niveau sans danger pour la bouche et les yeux.
L’intérieur du système de filtration de la WOTA BOX. L’écoulement de la douche est filtré à travers six filtres jusqu’à un niveau sans danger pour la bouche et les yeux.

À l'intérieur des tentes se trouvent un espace douche et un espace vestiaire. Au milieu des contraintes inévitables d'une vie en groupe, la possibilité de se changer dans un espace totalement privatif est une précieuse assurance de tranquillité d'esprit.
À l’intérieur des tentes se trouvent un espace douche et un espace vestiaire. Au milieu des contraintes inévitables d’une vie en groupe, la possibilité de se changer dans un espace totalement privatif est une précieuse assurance de tranquillité d’esprit.

Une femme d’une soixantaine d’années est sortie ravie de la salle de douche : « L’eau était si chaude ! ». Elle a ajouté : « J’avais froid jusqu’aux os et cela faisait des jours que je dormais mal. Aujourd’hui, la douche chaude m’a réchauffée et je vais pouvoir bien dormir. »

Un homme d’une cinquantaine d’années, qui gère la salle de douche, nous a montré la liste des inscrits, pour une douche de 15 minutes chacun. « Je suis reconnaissant aux Forces d’autodéfense pour le bain, mais les femmes en particulier n’aiment pas beaucoup les grands bains sans intimité, je pense que les douches privées leur apporteront un peu de sérénité. Ça fait plaisir de voir les gens sortir rafraîchis et souriants. »

Le personnel explique à une sinistrée comment utiliser le système.
Le personnel explique à une sinistrée comment utiliser le système.

Un soutien approprié pour améliorer la qualité de vie dans les centres d’accueil des sinistrés

À l’école primaire de Takojima, les produits de secours qui n’ont pas trouvé leur place dans les salles de classe ont été empilés dans le couloir. Dans certains cas, des camions de matériels de secours sont refusés, les sinistrés affirmant qu’ils sont suffisamment pourvus et qu’il vaudrait mieux en faire profiter d’autres.

Une femme qui allaitait son petit-fils était reconnaissante qu’il y ait suffisamment de couches et de lait maternisé, mais elle a ajouté : « J’ai la chance de dormir dans une salle de classe, mais j’ai entendu dire que le froid était pénible pour les personnes qui sont abritées dans le gymnase. J’espère que les douches chaudes les aideront à se détendre un peu ».

Les secours reçus ne répondent pas toujours aux besoins.
Les secours reçus ne répondent pas toujours aux besoins.

Deux semaines après le tremblement de terre, les besoins des zones sinistrées se modifient et les problèmes rencontrés dans les abris sont de plus en plus spécifiques selon les personnes. À partir de maintenant, il est important de comprendre en détail la situation et les besoins des zones touchées et de fournir un soutien approprié pour « améliorer la qualité de vie des sinistrés », comme le dit M. Unno.

La Nippon Foundation prévoit d’utiliser le transport maritime par navires rouliers pour installer des stations d’épuration de plus grande taille dans différents endroits à l’avenir.

Sortie du port d'Iida au coucher du soleil. Le fait que la ville soit à peine éclairée est un indice de l'ampleur des dégâts du tremblement de terre. (Photo avec l'aimable autorisation de la Nippon Foundation)
Sortie du port d’Iida au coucher du soleil. Le fait que la ville soit à peine éclairée est un indice de l’ampleur des dégâts du tremblement de terre. (Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation)

(Reportage, texte de Hashino Yukinori, de Nippon.com? Photos de Nippon.com, sauf mentions contraires. Photo de titre : le roulier Aguni arrivant au port d’Iida, dans la commune de Suzu, et camions chargés de matériel de secours.)

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