La « démission silencieuse » progresse au Japon
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Un sondage récent révèle que 44,5 % des salariés japonais pratiquent ce qu’on appelle désormais la « démission silencieuse » (shizukana taishoku), c’est-à-dire qu’ils se contentent strictement d’exécuter les tâches qui leur sont assignées, sans chercher à faire plus que ce qu’on leur demande, ni à progresser dans leur carrière.
Réalisée en novembre 2024 par le site de recherche d’emploi Mynavi, l’enquête montre une montée en puissance de cette tendance : parmi les 3 000 réponses recueillies auprès de salariés en CDI âgés de 20 à 59 ans, près de la moitié affirment avoir adopté ce mode de fonctionnement au travail.
Les jeunes salariés sont les plus concernés : 46,7 % des vingtenaires interrogés se déclarent être dans une telle situation. Mais le phénomène touche l’ensemble des générations, avec plus de 40 % de répondants dans chaque tranche d’âge.
Parmi ceux qui se reconnaissent dans cette attitude, 57,4 % estiment en tirer un bénéfice. Le gain le plus souvent cité est « le sentiment d’avoir du temps pour soi » (23 %), suivi par l’idée que « la charge de travail correspond mieux au salaire perçu » (13,3 %).
Interrogés sur leurs intentions pour l’avenir, 29,7 % des salariés concernés affirment vouloir « poursuivre indéfiniment » leur démission silencieuse. Si l’on ajoute ceux qui souhaitent la « poursuivre aussi longtemps que possible » ou qui « aimeraient plutôt continuer », le pourcentage de ceux qui envisagent de maintenir cette posture grimpe à 70,4 %.
On observe toutefois des différences selon l’âge : 73,5 % des quarantenaires souhaitent continuer, contre seulement 35,4 % des vingtenaires, qui déclarent ne pas vouloir prolonger cette attitude.
Parmi les raisons invoquées pour expliquer ce choix, certains évoquent l’absence de tâches gratifiantes ou le manque de reconnaissance, même lors des entretiens d’évaluation. D’autres avancent une logique plus personnelle, à savoir « un bon équilibre entre charge de travail et rémunération » ou encore « je ne suis pas intéressé(e) par une évolution de carrière ».
Interrogés sur le sujet, 38,9 % des recruteurs spécialisés dans le milieu de carrière se disent « favorables » à cette attitude (ce qui représente 6,8 points de plus que les 32,1 % qui s’y déclarent « opposés »). Parmi les arguments avancés, « il faut aussi envisager des modes de travail qui ne misent pas sur la progression hiérarchique » ou encore « certaines fonctions nécessitent précisément ce type de profil ». Des propos qui témoignent d’une acceptation croissante de cette réalité dans le monde du travail.
(Photo de titre : Pixta)




