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Maeda Atsuko : ce que j’ai compris depuis que j’ai quitté l’univers des « idoles »

Cinéma

Après avoir été « idole » au sein du célèbre groupe pop AKB48, Maeda Atsuko s’est reconvertie en actrice. Dans son dernier rôle, elle offre une performance très convaincante en jouant une costumière encombrée d’un « boulet ». Elle nous a parlé de sa passion pour le cinéma et de ce qui a changé dans sa vie depuis l’époque où elle chantait et dansait devant ses milliers de fans.

Maeda Atsuko MAEDA Atsuko

Née en 1991 dans la préfecture de Chiba, au Japon. Elle fut membre du célèbre groupe d’idoles AKB48, qu’elle quitte en 2012. Elle a fait ses débuts au cinéma dans « Celle que je serai de demain » (Ashita no Watashi no Tsukurikata, 2007) et a joué son premier grand rôle en 2011 dans « Ah, si l’entraîneur de l’équipe féminine de base-ball du lycée avait lu ‘Management’ de Drucker » (Moshi Kôkô Yakyû no Joshi Manager ga Drucker no ‘Management’ o Yondara). Parmi ses films récents, citons « Le monde de Machida » (Machida-kun no sekai, 2019), « Au bout du monde » (Tabi no owari sekai no hajimari, 2019), « Fin de nuit » (Kurenazume, 2021), la performance scénique Fakespeare (2021) et la comédie musicale « Les femmes de la nuit » (Yoru no Onnatachi, 2022).

« Ne pense pas avec ta tête »

La pièce « Un endroit un peu plus transcendant » (Motto chôetsu shita tokoro e) de Nemoto Shûko est sortie en 2015. L’auteure en assurait elle-même la mise en scène, comme toutes les pièces qu’elle écrit pour sa troupe et le mensuel qui porte son nom. Nemoto est également la scénariste du film. Celui-ci présente une distribution exceptionnelle puisqu’on y trouve, autour de Maeda Atsuko, Kikuchi Fûma (du groupe d’idols Sexy Zone), et Chiba Yûdai.

Le personnage principal est Machiko, une costumière interprétée par Maeda Atsuko. © Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022
Le personnage principal est Machiko, une costumière interprétée par Maeda Atsuko. © Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022

Le réalisateur Yamagishi Santa, connu pour la série télé « Sachiko dans l’oubli » (Bôkyo no Sachiko, 2018) et les clips musicaux de Hoshino Gen, utilise une forme cinématographique audacieuse et une technique visuelle qui défie les lieux communs pour dépeindre sur un rythme palpitant la vie amoureuse troublée de quatre femmes qui attirent les « hommes inutiles » et autres boulets.

L’un de ces « boulets » est Reito (Kikuchi Fûma), qui aimerait devenir musicien et faire partie d’un groupe. Un jour, il s’incruste soudain dans l’appartement d’une femme, ne paie ni loyer ni rien, tout en parlant comme s’il était son bienfaiteur. Machiko, le personnage de Maeda, une créatrice de costumes, commence par accepter ce saltimbanque, jusqu’à ce que, furieuse, elle découvre qu’il se fait envoyer chaque mois de l’argent de son ex-petite amie.

« J’aime la vision du monde des œuvres de Nemoto Shûko, je suis sûre qu’il n’y a pas un seul aspect du scénario que je n’ai pas compris. J’ai joué en me disant que c’était certainement ce sentiment-là qu’elle avait ressenti. Les scènes dans lesquelles les personnages sont en colère ou pleurent sont des échanges plus sensuels que logiques, alors je me suis dit que je ne devais pas y penser avec ma tête. Comment réagissez-vous quand vous recevez quelque chose, et comment répondez-vous en retour ? Je pense que nous avons tous ces moments, nous sommes rationnels quand nous sommes concentrés sur le travail ou avec des amis, mais lorsque nous nous disputons avec notre amoureux, nous sommes devant une partie de nous-mêmes à laquelle nous ne nous attendions pas. »

Machiko commence à sortir avec Reito (Kikuchi Fûma), qui aimerait bien devenir musicien… © Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022
Machiko commence à sortir avec Reito (Kikuchi Fûma), qui aimerait bien devenir musicien… © Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022

« Je peux être sacrément effrontée… »

À considérer les rôles que Maeda a joués jusqu’à présent, on a le sentiment d’une majorité de personnages avec des individualités pour le moins compliquées. Est-ce un choix personnel ? Ou est-ce parce que ces offres lui viennent naturellement ?

« En ce qui concerne le cinéma et le théâtre, j’accepte presque tout du moment que le moment s’y prête. Bien qu’ils dépeignent un monde fictif, donc un monde de mensonge, les personnes qui les créent ne mentent pas… J’ai l’impression que ce sont des personnes honnêtes qui font un travail honnête, c’est ça qui me plaît beaucoup. Je pense que j’aime l’humanité des personnes impliquées dans le cinéma et le théâtre plus que le travail lui-même. »

En 2015, Maeda a publié un essai intitulé Maeda Atsuko no Eigatechô (« Les carnets du cinéma de Maeda Atsuko », éditions Asahi Shimbun), qui présente 170 films. Elle est tellement cinéphile qu’elle a déclaré un jour : « Je pouvais visionner environ cinq films par jour en passant d’un cinéma à un autre. » Nous l’avons également interrogée sur une rumeur célèbre selon laquelle elle pouvait manger dans les salles de cinéma. Mais comment faisait-elle pour ne pas faire de bruit ?

« Il m’est arrivé de manger du sashimi dans un cinéma (le Shimbashi Bunka Gekijo) qui se trouvait sous les voies ferrées de Shimbashi (rires). Apporter à manger et à boire dans la salle était toléré, et des vieux messieurs regardaient le film en buvant, alors pourquoi ne pas regarder le film en mangeant du poisson cru ? Je suis très gourmande alors je veux faire les deux en même temps (rires). On me dit souvent que je suis étrange, alors je réponds : “C’est comme ça que je vis, hein” (rires). »

« La popularité, ça va, ça vient… »

Maeda est aujourd’hui une actrice connue, mais l’époque où elle était idole reste inoubliable. Elle se souvient de cette époque : « Je n’ai jamais pensé que j’étais populaire, je suis toujours restée sereine ».

« La popularité, c’est comme un courant, ça passe, et qui sait ce qui viendra ensuite ? Je n’avais même pas le temps de me demander pourquoi tant de monde avait l’air de s’intéresser à moi, le temps s’écoule comme un torrent, et puis ça passe. Mais depuis que le courant s’est arrêté, il ne me manque pas. Si j’avais eu envie de m’accrocher, je serais restée une idole. »

« En y repensant, j’étais probablement trop occupé de moi-même lorsque j’étais une idole. Je n’avais même pas le temps de penser à ceux qui m’entouraient. Ce n’est qu’après avoir quitté AKB48, à l’âge de 21 ans, que j’ai pu trouver un environnement où je pouvais communiquer avec les gens. C’est là que j’ai finalement appris à connaître un grand nombre d’émotions humaines dans ma vie privée. Maintenant, j’aime communiquer avec les gens qui m’entourent. Rencontrer de nouvelles personnes tous les jours au travail, ça aussi, c’est intéressant. »

« Je t'ai acheté le bentô le plus cher », dit Reito en se prenant pour un bienfaiteur. © Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022
« Je t’ai acheté le bentô le plus cher », dit Reito en se prenant pour un bienfaiteur. © Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022

« Je vis une vie ordinaire »

Maeda est aujourd’hui plus expérimentée que jamais, puisqu’elle élève ses enfants et suit l’ensemble du processus de la création cinématographique. Le jour de l’entretien, elle tournait un drame depuis tôt le matin et avait une répétition prévue après l’entretien. Malgré cela, elle n’a montré aucun signe de fatigue et semblait au contraire déborder d’énergie. Lorsqu’on lui demande quelle est la source de son énergie, elle répond : « Je me demande (rires). Franchement, moi-même, je ne sais pas, c’est étrange. Mais à la base, je ne tiens pas en place, » dit-elle avec un sourire insouciant.

« Je fais beaucoup de choses différentes en ce moment, mais c’est ce qui me convient. Il est beaucoup plus facile pour moi d’être occupée que de rester assise à la maison à ne rien faire. On me disait autrefois qu’attendre aussi est un travail, mais attendre sans rien faire que les choses viennent, ça me laissait insatisfaite. Je rêvais d’un environnement où je pouvais participer quand je voyais passer quelque chose d’amusant. C’est pour ça que j’ai pris mon indépendance. »

Vivre une vie « normale » à sa façon, sans en faire trop, voilà sa devise.

« Après 18 ans de travail dans le monde des idoles, je me rends compte qu’il n’est pas impossible de se faire une place qui vous ressemble et totalement unique. Si vous voulez essayer quelque chose, la meilleure chose à faire est de commencer par faire l’expérience vous-même. La façon dont vous continuez à partir de là est assez importante. Tout le monde ne réussit pas au début, mais c’est normal. »

Oui, mais quand on a trébuché une fois, il n’est pas facile de se relever. Quel est son secret ?

« Je pense qu’il s’agit de savoir prendre des vacances avec sagesse. Si vous dites “j’arrête” une fois, c’est fini, le mieux est de continuer sans faire une déclaration sans issue. J’espère pouvoir vivre ma vie à ma façon tout en explorant un rythme de travail qui convient à mon mode de vie du moment. Par exemple, actuellement, je m’occupe de mes enfants, donc je me concentre sur ma vie privée… Bien que mon travail implique des apparitions publiques, je mène une vie normale, comme les personnes qui exercent d’autres professions. Je me rends au studio de répétition en train, et je vais voir mes enfants en vélo pour faire les commissions (rires). »

(Photos d’interview : Hanai Tomoko)

© Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022
© Comité de production du film Motto chôetsu shita tokoro e, 2022

Le film

  • Réalisateur : Yamagishi Santa
  • Scénario : Nemoto Shûko
  • Acteurs : Maeda Atsuko, Kikuchi Fûma, Itô Marika, Okamoto Reiji, Kurokawa Mei
  • Année : 2022
  • Site officiel : https://happinet-phantom.com/mottochouetsu/

Bande-annonce

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