Les athlètes japonais en route vers la victoire olympique

Seto Daiya : au-delà des scandales, viser trois fois l’or en natation

Sport Tokyo 2020

Seto Daiya, médaille d’or aux championnats du monde de natation en 2019, s’apprêtait à aborder les JO de Tokyo avec une motivation au top lorsqu’il fut suspendu pour un scandale lié à une relation d’adultère. Seule sa passion insatiable pour la nage lui a permis de revenir au sommet après avoir tant perdu.

Laver l’humiliation de Rio à Tokyo

La natation devrait être l’une des disciplines les plus disputées aux Jeux olympiques de Tokyo. Et dans ce domaine, difficile de ne pas parler de Seto Daiya, 27 ans, qui participera aux épreuves du 400m quatre nages individuel, du 200m quatre nages individuel et 200m papillon, les trois épreuves dans lesquelles il a remporté la médaille d’or lors des Championnat du monde en 2019.

Le 400m quatre nages individuel, en particulier, sera sans aucun doute très disputé, puisque la finale aura lieu le 25 juillet, deuxième jour de la natation. Seto est très motivé : « J’espère faire une bonne course dès les éliminatoires. »

Né en 1994 dans la préfecture de Saitama, Seto a grandi dans une rivalité amicale avec l’autre champion japonais de la discipline, Hagino Kôsuke, du même âge que lui. Hagino lui souffla la qualification pour les JO de Londres en 2012, mais Seto fut le premier des deux aux Championnat du monde d’où il revient avec la médaille d’or en 2013, puis de nouveau en 2015.

Hagino Kosuke (à droite) brandit la médaille d'or et Seto la médaille de bronze lors de la cérémonie de remise des prix de l’épreuve de 400 m quatre nages individuelles masculines aux Jeux olympiques de Rio, le 6 août 2016. (Jiji Press)
Hagino Kôsuke (à droite) brandit la médaille d’or et Seto Daiya la médaille de bronze lors de la cérémonie de remise des prix de l’épreuve de 400m quatre nages individuelles masculines aux Jeux olympiques de Rio, le 6 août 2016. (Jiji Press)

Les Jeux olympiques de Rio en 2016 restent de ce point de vue une frustration, puisqu’il ne remporte que la médaille de bronze dans le 400m quatre nages, alors que Hagino prend l’or. Sur le podium, son sourire cache son dépit et le serment qu’il se fait de gagner la médaille d’or à Tokyo.

Surpasser la fatigue extrême

Seto reprend l’entraînement dès son retour du Brésil. Pour se construire un physique et un mental de vainqueur, il s’inscrit à un maximum de compétitions internationales, à ses frais, en particulier les épreuves de la coupe du monde à Beijing, Dubai, Doha… Il quitte le Japon fin septembre, renonçant à participer à la parade des médaillés olympiques et paralympiques du 7 octobre à Ginza, pour nager sans relâche pendant plus d’un mois.

La Coupe du monde est une série de succès. Quand il lui arrive de laisser passer la victoire à cause de l’extrême fatigue, il se surpasse tout de même : « Si j’abandonne à cause de la fatigue, quelle différence ai-je donc avec les autres nageurs ? »

À partir de 2017, il s’impose un programme de quatre ans extrêmement rigoureux. Sans renoncer au 400m quatre nages individuel, il se lance un défi afin de développer ses performances dans sa spécialité, la nage papillon.

« Concourir en papillon ne peut que servir à me perfectionner, et les bénéfices se répercuteront aussi en quatre nages. » En 2017, il obtient une médaille de bronze en 200m papillon aux Championnats du monde, et la médaille d’argent en 2019. Il établit un nouveau record du Japon de l’épreuve en janvier 2020 avec un temps de 1:52:53.

Il s’attelle également à améliorer son coup de pied, jusque-là son point faible. « Sur le dernier segment du 400m quatre nages, en nage libre, j’ai besoin de plus de puissance dans les pieds pour le sprint final. » Dans ce but, il renforce son entraînement en vélo sur route, et participe même à des épreuves de triathlon afin de prendre conscience de son point faible dans les jambes.

Seto s'entraîne avec l’équipe japonaise de natation japonais, 22 juin 2021. (Jiji Press)
Seto s’entraîne avec l’équipe japonaise de natation japonais, 22 juin 2021. (Jiji Press)

Affaibli après un scandale d’adultère, mais pas détruit

En 2019, ses magnifiques victoires dans le 400m quatre nages et dans le 200m quatre nages du Championnat du monde lui assurent sa sélection aux Jeux olympiques de Tokyo. Il avait clairement le vent en poupe. Ne restaient que quelques aménagements de détail jusqu’au grand événement.

Quand soudain, en septembre 2020, un scandale pour avoir eu une relation extra-maritale éclate et secoue le public, les fans de natations, de sport olympique. Cette affaire l’affaibli personnellement. Son contrat de rattachement à une entreprise est annulé, les sponsors se retirent, et la Fédération nationale lui interdit toute compétition pour le reste de l’année.

Le report d’un an de l’ouverture des JO, décidée en mars 2020, contribue non moins à une baisse de sa motivation, de sorte qu’il ne s’entraîne pas vraiment à partir de là, avant même la décision disciplinaire de suspension. Sa sélection olympique n’est pas remise en cause, mais retrouverait-il un niveau suffisant pour viser la médaille d’or ?

On pourrait penser que oui. Malgré tous ces déboires en effet, Seto a trouvé le salut dans sa seule amie de toujours : la natation. En février 2021, il participe à sa première compétition depuis la fin de sa période de suspension, l’open du Japon. À cette occasion, il déclare mystérieusement :

« Mon comportement imprudent l’année dernière a causé des problèmes à de nombreuses personnes. Je souhaitais m’en excuser, et en même temps, j’étais tellement reconnaissant de pouvoir de nouveau nager. »

Il domine l’épreuve du 400m quatre nages, sa première course, avec un temps de 4:12:57. Un bon temps compte tenu de la période de l’année et de ses plusieurs mois d’absence des bassins. Ce retour en forme parlait de lui-même : pendant sa période de suspension, il ne s’était pas contenté de faire des tours de bassin à la piscine municipale, il avait repris l’entraînement.

Japon Open, 400 m quatre nages individuel Seto, 4 février 2021. (Jiji Press)
Seto lors du 400m quatre nages individuel au Japon Open, le 4 février 2021. (Jiji Press)

Depuis son retour, ses performances se sont constamment améliorées. En avril, le premier jour des Championnats du Japon organisés au Tokyo Aquatics Centrer, où se dérouleront les JO, Seto remporte haut la main le 400m quatre nage individuel avec un temps de 4:09:02, son meilleur temps de tous les Championnats du Japon auxquels il a participé dans le passé. Presque 1 seconde de mieux que le record établi lors des précédents Championnats du Japon en 2019.

« Du début de l’année à l’Open du Japon en février, puis de l’Open du Japon aux Championnats du Japon en avril, mes performances n’ont pas cessé de s’améliorer. Je me sens de jour en jour revenir au top, aussi bien physiquement que techniquement. »

Quand le diamant brille à nouveau

Seto a donc retrouvé la parole et parle de la façon dont il va aborder ces JO de Tokyo, mentalement. Ainsi, après les Championnats du Japon :

« La natation est ce par quoi je peux m’exprimer, c’est la natation qui a construit mon identité et ma renommée. Certes, je suis seul responsable de mes actes en me prenant pour plus que je ne suis. Mais je pense trouver un peu de salut en me donnant à fond à la natation.

Quand je donne absolument tout, ma force, c’est d’avoir le sentiment que je suis tellement puissant que personne ne peut m’arrêter.

Je veux nager avec une seule chose en tête, à savoir réaliser la meilleure course que je peux imaginer. Et si je fais cette course, alors je sais que la médaille d’or que je vise m’attendra au bout. »

Son prénom, « Daiya », s’apparente au début du mot anglais diamond (diamant) : plus on polit le joyau, plus il brille. Cela traduit bien le sens de la pensée positive qu’ont toujours voulu mettre en lui ses parents. Les Jeux olympiques de Tokyo vont-ils apporter une nouvelle lumière à Seto Daiya ?

(Photo de bannière : Seto tout sourire lors de sa victoire aux Championnats du Japon de natation 200m quatre nages individuel. Le 8 avril 2021, au Tokyo Aquatics Center. AFP/Jiji Press)

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