Le Japon découvre un gisement de métaux rares sur les fonds marins du Pacifique

Science

Un gisement riche en métaux rares a été découvert dans les fonds marins aux alentours de Minamitori, l’île la plus à l’est de l’Archipel. Si la commercialisation était possible, cette découverte marquerait un tournant majeur pour le Japon qui dispose de peu de ressources naturelles.

Dans leur déclaration commune du 21 juin, la Nippon Foundation et l’Université de Tokyo ont annoncé avoir trouvé un gisement comprenant des métaux rares sur une vaste zone faisant 10 000 km² située aux alentours de l’île de Minamitori sur les fonds marins de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon. Sur les 230 millions de tonnes potentielles, il y aurait environ 610 000 tonnes de cobalt et 740 000 tonnes de nickel, ce qui représente respectivement 75 ans et 11 ans de consommation japonaise. Des essais sont en cours mais l’extraction devrait pouvoir commencer en 2025 en vue d’une commercialisation ultérieure.

Des nodules de manganèse extraits le 21 juin 2024 des fonds marins de l’île de Minamitori. Ils sont exposés à la Nippon Foundation, à Tokyo.
Des nodules de manganèse extraits le 21 juin 2024 des fonds marins de l’île de Minamitori. Ils sont exposés à la Nippon Foundation, à Tokyo.

Plusieurs nodules de manganèse dont la taille varie de plusieurs centimètres à plusieurs dizaines de centimètres ont été repérés. Un nodule se forme quand par exemple des hydroxydes de fer ou de manganèse adhèrent à des roches et que leur accumulation finit au fil du temps par créer une masse. Ces concrétions peuvent contenir des métaux comme le cuivre, le nickel ou le cobalt.

Nodules de manganèse extraits des fonds marins de l’île de Minamitori. (Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation).
Nodules de manganèse extraits des fonds marins de l’île de Minamitori. (Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation).

Du 24 avril au 9 juin 2024, le groupe de recherche dirigé par Katô Yasuhiro, professeur à l’Université de Tokyo, a analysé les fonds marins de la ZEE aux alentours de Minamitori à une profondeur comprise entre 5 200 et 5 700 m. Ils ont confirmé l’existence d’un gisement de nodules de manganèse s’étendant sur près de 10 000 km². Selon leurs estimations, il y aurait en moyenne 23 kg de nodules de manganèse par mètre carré, et dans 30 % de la zone étudiée, le chiffre monterait même à 30 kg. Les chercheurs se sont aussi penchés sur la question de l’impact environnemental de l’extraction du manganèse.

Coupe transversale d’un nodule de manganèse extrait des fonds marins aux alentours de l’île de Minamitori. Photo prise le 21 juin 2024 au siège de la Nippon Foundation, à Tokyo.
Coupe transversale d’un nodule de manganèse extrait des fonds marins aux alentours de l’île de Minamitori. Photo prise le 21 juin 2024 au siège de la Nippon Foundation, à Tokyo.

Dans une première phase expérimentale qui durera 3 ans à compter de 2025, plusieurs milliers de tonnes de nodules de manganèse seront extraits journellement, le secteur privé pourrait ensuite prendre le relais et exploiter le site. Le coût de l’opération est estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars. Sous l’égide de la Nippon Foundation, une plate-forme regroupant le secteur industriel, le gouvernement et les universités devrait être créée pour lancer la commercialisation.

Cette commercialisation pourrait permettre au Japon, qui dépend actuellement presque entièrement des importations, de disposer de ses propres ressources en métaux rares. Katô pense que d’autres gisements de manganèse devraient pouvoir être découverts sur les fonds marins de la ZEE.

Submersible téléguidé utilisé pour observer les fonds marins. (Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation)
Submersible téléguidé utilisé pour observer les fonds marins. (Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation)

Lors de sa conférence de presse, Sasakawa Yôhei, le président de la Nippon Foundation, s’est exprimé en ces termes sur la question de la commercialisation des nodules de manganèse : « Le Japon peut désormais briguer au titre de pays riche en ressources. Cette découverte va jouer un rôle majeur dans la sécurité économique du Japon ». Katô a expliqué que l’objectif était d’extraire 10 000 tonnes par jour, soit 3 millions de tonnes par an et qu’il était important de veiller à ce que l’environnement marin ne soit pas perturbé.

Aux cotés de Katô Yasuhiro, professeur à l’Université de Tokyo, Sasakawa Yôhei, le président de la Nippon Foundation (à gauche) montre à la presse un nodule de manganèse extrait des fonds marins de l’île de Minamitori. Photo prise le 21 juin 2024 à la Nippon Foundation.
Aux cotés de Katô Yasuhiro, professeur à l’Université de Tokyo, Sasakawa Yôhei, le président de la Nippon Foundation (à gauche) montre à la presse un nodule de manganèse extrait des fonds marins de l’île de Minamitori. Photo prise le 21 juin 2024 à la Nippon Foundation.

Minamitori est située à environ 1 860 km au sud-est de Tokyo, c’est l’île la plus à l’est du Japon, et il faut pour s’y rendre compter environ quatre heures de vol pour un aller-retour. La ZEE autour de l’île, qui s’étend sur environ 430 000 km², est plus grande que le Japon tout entier (superficie d’environ 380 000 km²). Minamitori est très importante pour la sécurité nationale de l’Archipel. Sur cette zone maritime, le pays est libre de se livrer à la pêche, à l’extraction de ressources naturelles ou à la recherche scientifique.

(Photo de titre : gisement de nodules de manganèse sur les fonds marins au large de l’île de Minamitori. Photo avec l’aimable autorisation de la Nippon Foundation. Toutes les photos © Nippon.com, sauf mentions contraires.)

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