Le G7 d'accord sur un vaste plan d'infrastructures pour contrer la Route de la soie chinoise

Les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre se sont entendus samedi pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de contrer l
Les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre se sont entendus samedi pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de contrer l'influence grandissante de la Chine en tentant de concurrencer l'initiative chinoise de nouvelle "Route de la soie". /Photo prise le 24 mai 2021/REUTERS/Toby Melville

par Steve Holland et Guy Faulconbridge

CARBIS BAY, Angleterre (Reuters) - Les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre se sont entendus samedi pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de contrer l'influence grandissante de la Chine en tentant de concurrencer l'initiative chinoise de nouvelle "Route de la soie".

Le président américain Joe Biden et ses partenaires du G7 espèrent que ce programme, baptisé "Build Back Better World" (B3W), permettra de conclure des partenariats transparents en matière d'infrastructures pour combler d'ici 2035 des besoins en la matière estimés à 40.000 milliards de dollars dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, a dit la Maison blanche.

"Il ne s'agit pas seulement de se placer en opposition ou de s'en prendre à la Chine", a dit un responsable haut placé au sein de l'administration Biden. "Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas proposé de voie alternative positive reflétant nos valeurs, nos normes et notre conception des relations économiques."

Le G7 et ses alliés tenteront, via cette initiative, de mobiliser des fonds privés dans des domaines tels que le climat, la santé et la sécurité sanitaire, le numérique et l'égalité entre les sexes, a précisé la Maison blanche.

On ignore dans l'immédiat les modalités exactes de cette initiative ainsi que les sommes qui seront finalement distribuées.

Le projet de nouvelle Route de la soie a été lancé en 2013 par le président chinois Xi Jinping. Il consiste à financer des investissements et des projets de développement de l'Asie à l'Europe et jusqu'en Afrique.

Dans ce cadre, plus de 100 pays ont déjà signé des accords avec la Chine pour développer des liaisons ferroviaires, des ports, des autoroutes ou d'autres types d'infrastructures.

DÉNONCER LE TRAVAIL FORCÉ

Selon les données de Refinitiv, plus de 2.600 projets représentant au total 3.700 milliards de dollars (3.056 milliards d'euros) étaient liés à cette nouvelle Route de la soie mi-2020, même si les autorités chinoises estimaient alors qu'environ 20% d'entre eux étaient fortement perturbés par la pandémie de COVID-19.

D'après le responsable américain s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, l'Occident s'est montré incapable jusqu'à présent de proposer une voie alternative positive au "manque de transparence, aux faibles normes en matière d'environnement et de travail et à l'approche coercitive" de la Chine, dont souffrent de nombreux pays ayant décidé de collaborer avec Pékin.

Ce même responsable a également dit un peu plus tard que les membres du G7 s'étaient entendus samedi sur la nécessité de trouver une approche concertée pour répondre à la concurrence déloyale exercée par la Chine et aux violations des droits de l'homme observés dans le pays.

Ils se sont également mis d'accord sur la nécessité de se coordonner pour assurer une meilleure résistance des chaînes logistiques, une façon de garantir que les démocraties se soutiennent les unes, les autres.

"Je dirais qu'il y avait une unanimité dans la volonté de dénoncer les violations des droits humains", a dit cette source. "Il y avait un engagement aussi pour prendre des mesures en réponse à ce que l'on observe."

Le responsable estime par ailleurs que les membres du G7 ont beaucoup évolué sur ce dossier depuis la publication d'un communiqué commun, il y a trois ans, qui ne mentionnait pas la Chine.

Joe Biden compte exhorter les autres dirigeants à affirmer clairement leur vision selon laquelle le travail forcé constitue un affront à la dignité humaine et "un exemple flagrant de la concurrence injuste de la Chine en matière économique".

"Nous plaidons pour que nous soyons précis sur des sujets comme le Xinjiang où a lieu du travail forcé et où nous devons mettre en avant nos valeurs en tant que G7", a dit le responsable au sujet du communiqué final qui sera publié dimanche.

La Chine dément soumettre certaines populations, notamment les Ouïghours, au travail forcé dans le Xinjiang.

(Steve Holland et Michael Holden; version française Bertrand Boucey)

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