Les variants du coronavirus menacent la reprise, prévient le G20

En photo, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne. La recrudescence des nouveaux variants de coronavirus et l
En photo, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne. La recrudescence des nouveaux variants de coronavirus et l'accès limité aux vaccins des pays en développement menacent la reprise économique mondiale, ont averti samedi les ministres des Finances du G20. /Photo prise le 9 juillet 2021/REUTERS/G20 Italy

par Gavin Jones, Leigh Thomas et David Lawder

VENISE (Reuters) - La recrudescence des nouveaux variants de coronavirus et l'accès limité aux vaccins des pays en développement menacent la reprise économique mondiale, ont averti samedi les ministres des Finances du G20.

Le G20, réuni à Venise dans le cadre des premiers entretiens en face à face des ministres depuis le début de la pandémie, a également pris une série de décisions incluant une mesure visant à empêcher les multinationales de transférer leurs bénéfices vers des paradis fiscaux à faibles taux d'imposition.

Cette réunion ouvre la voie à la finalisation d'un nouveau taux d'imposition minimum mondial des sociétés de 15% lors d'un sommet à Rome en octobre, qui pourrait permettre à des trésors publics mis à rude épreuve par la crise du COVID-19 de récolter des centaines de milliards de dollars.

Selon leur déclaration finale, les 19 pays les plus riches de la planète et l'Union européenne ont estimé que les perspectives économiques mondiales s'étaient améliorées depuis leur dernière réunion en avril, tout en soulignant la fragilité de la reprise face aux nouveaux variants du COVID-19.

Alors que le G20 a promis d'utiliser tous les outils politiques pour lutter contre le COVID-19, les hôtes italiens de la réunion ont également fait état d'un accord entre ses membres pour éviter d'imposer de nouvelles restrictions aux personnes.

"Nous convenons tous que nous devons éviter d'introduire à nouveau toute restriction à la circulation des citoyens et aux modes de vie des populations", a déclaré le ministre italien de l'Économie Daniele Franco, dont le pays assure la présidence tournante du G20 jusqu'en décembre.

La déclaration de l'organisation, tout en soulignant le soutien du G20 au "partage mondial équitable" des vaccins, ne fait pas état de mesures concrètes en la matière et reconnaît simplement une recommandation de 50 milliards de dollars de financement de nouveaux vaccins par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation mondiale du commerce.

UNE "NOUVELLE VAGUE", SEUL OBSTACLE À UN REBOND RAPIDE

"Nous devons tous améliorer nos performances vaccinales partout dans le monde", a déclaré à la presse le ministre français des Finances, Bruno Le Marie. "Nous avons de très bonnes prévisions économiques pour les économies du G20, et le seul obstacle sur la voie d'un rebond économique rapide et solide est le risque d'avoir une nouvelle vague."

Les différences de niveaux de vaccination entre les pays riches et les pays pauvres restent considérables. Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé un "scandale moral" qui sape globalement les efforts visant à maîtriser la propagation du virus.

Alors que certains des pays les plus riches ont désormais administré au moins une dose de vaccin à plus des deux tiers de leurs citoyens, ce chiffre tombe bien en dessous de 5% pour de nombreux pays africains.

Brandon Locke, du groupe de santé publique à but non lucratif The ONE Campaign, a dénoncé ce qu'il décrit comme l'inaction du G20, la qualifiant de "situation perdant-perdant pour tout le monde".

"Non seulement cela coûtera des vies dans les pays les plus pauvres, mais cela augmentera le risque de nouveaux variants qui feront des ravages dans les plus riches", a-t-il déclaré.

L'Italie a fait savoir que le G20 reviendrait sur la question du financement des vaccins pour les pays pauvres avant le sommet de Rome et que la question des nouveaux variants devait être examinée, sans plus de précisions.

Comme prévu, le G20 a en outre approuvé l'accord récemment conclu sous l'égide de l'OCDE prévoyant l'instauration d'un taux plancher d'au moins 15% pour l'impôt sur les sociétés, une mesure qui vise à empêcher les multinationales de chercher le taux d'imposition le plus bas.

LA "TARIFICATION DU CARBONE", MENTION INÉDITE

Cette mesure changerait aussi la façon dont les entreprises comme Amazon et Google sont imposées, en se fondant en partie sur l'endroit où elles vendent leurs produits et services plutôt que sur la localisation de leur siège social.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que tous les pays qui s'y opposeraient seraient encouragés à le signer d'ici le mois d'octobre .

"Nous essaierons de le faire, mais je dois souligner qu'il n'est pas essentiel que tous les pays participent", a-t-elle déclaré, ajoutant que l'accord prévoyait aussi des mécanismes contre le recours aux paradis fiscaux.

Le G20 a également déclaré pour la première fois que la "tarification du carbone" pourrait faire partie des outils politiques de lutte contre le changement climatique.

Cette décision marque un changement radical par rapport aux quatre années précédentes, lorsque l'administration de l'ancien président américain Donald Trump s'était régulièrement opposée à la mention du changement climatique en tant que risque mondial dans les déclarations internationales.

Les outils de lutte contre le changement climatique reconnus par le G20 samedi incluent les investissements dans des infrastructures durables et de nouvelles technologies, "y compris la rationalisation et l'élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles qui encouragent le gaspillage et, le cas échéant, l'utilisation de mécanismes de tarification du carbone et d'incitations".

Cette déclaration intervient quelques jours seulement avant que l'Union européenne ne dévoile un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) sur les marchandises en provenance de pays à fortes émissions.

(Version française Benjamin Mallet)

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