Le Japon craint le développement d’un centre de production de puces aux États-Unis

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Le Japon craint que les projets américains visant à injecter des milliards de dollars dans la fabrication de puces pour contrer la Chine ne mettent fin à ce qu
(Photo d’archives/REUTERS/Yuriko Nakao)

TOKYO (Reuters) - Le Japon craint que les projets américains visant à injecter des milliards de dollars dans la fabrication de puces pour contrer la Chine ne mettent fin à ce qu’il reste de l’industrie japonaise des semi-conducteurs autrefois dominante.

Après “trois décennies perdues”, selon le ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (METI), la part du pays dans la fabrication mondiale de puces est passée de la moitié à un dixième, le Japon ayant perdu des clients au profit de rivaux moins chers et n’ayant pas réussi à conserver son avance dans la production de pointe.

Alors que la Chine et les Etats-Unis renforcent leurs investissements dans la fabrication de puces, les responsables japonais craignent que leur pays ne soit complètement évincé.

“Nous ne pouvons pas nous contenter de continuer comme nous l’avons fait, nous devons agir à un niveau complètement différent”, a déclaré l’ancien Premier ministre Abe Shinzô à ses collègues du parti au pouvoir, le PLD, en mai, lors d’une première réunion du parti visant à discuter de la manière dont le pays peut devenir une économie numérique de premier plan.

L’avenir des entreprises japonaises, toujours leaders mondiaux, qui fournissent aux fabricants de puces des éléments tels que les tranches de silicium, les films chimiques et les machines de production, constitue une préoccupation majeure.

Les responsables craignent qu’en attirant sur leur sol des géants asiatiques de la fonderie de puces tels que Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC), les Etats-Unis n’incitent les entreprises japonaises à les suivre.

“Il est possible pour les entreprises de construire au Japon et d’exporter, mais plus vous pouvez être proche en tant que fournisseur, mieux c’est, car il est plus facile d’échanger des informations”, a déclaré Nishikawa Kazumi, directeur de l’industrie informatique au METI.

Bien que le changement ne soit pas immédiat, “il pourrait se produire sur le long terme”, a-t-il ajouté.

Parmi les entreprises japonaises dont le possible départ inquiète figurent les fabricants de plaquettes Shin-Etsu Chemical et Sumco, le fournisseur de résine photosensible JSR et les constructeurs de machines de production Screen Holdings et Tokyo Electron.

Interrogée par Reuters, aucune de ces entreprises n’a déclaré qu’elle prévoyait actuellement de transférer sa production aux Etats-Unis.

(Reportage Tim Kelly, avec Takashi Umekawa et Ben Blanchard; version française Camille Raynaud)

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