Ukraine : Zelenski dit rester à Kiev, nouvelles sanctions contre Moscou

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Le président ukrainien Volodimir Zelenski (photo) a promis vendredi de rester à Kiev sur fond d
Le président ukrainien Volodimir Zelenski (Photo prise le 25 février 2022/REUTERS/Ukrainian Presidential Press Service)

par Natalia Zinets

KIEV (Reuters) - Le président ukrainien Volodimir Zelenski a promis vendredi de rester à Kiev sur fond d’avancée de l’armée russe vers la capitale ukrainienne, dans ce qui constitue une attaque d’une ampleur inédite contre un Etat européen depuis la Deuxième Guerre mondiale, tandis que l’Union européenne a annoncé à l’issue d’un sommet de nouvelles sanctions contre Moscou.

La Russie a lancé jeudi contre l’Ukraine une offensive terrestre, aérienne et maritime à la suite d’une déclaration de guerre de son président Vladimir Poutine.

Plusieurs dizaines de personnes auraient été tuées depuis le début de l’offensive, tandis qu’environ 100.000 personnes ont pris la fuite, alors que des explosions et des échanges de tirs secouaient les grandes villes ukrainiennes.

Un conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur a fait savoir vendredi matin qu’un appareil ennemi avait été abattu au-dessus de Kiev, provoquant l’incendie d’un immeuble résidentiel après sa chute.

Les Etats-Unis et l’Ukraine accusent la Russie de vouloir saisir Kiev et renverser le gouvernement ukrainien, considéré par Moscou comme un pantin de Washington.

L’armée russe a pris jeudi le contrôle de l’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, un site crucial situé à environ 90 kilomètres au nord de Kiev, sur la route la plus courte pour parvenir à la capitale ukrainienne depuis la Biélorussie, où Moscou a stationné des troupes.

S’exprimant dans un message vidéo, Volodimir Zelenski a prévenu que l'“ennemi m’a inscrit comme cible numéro une”. “Ma famille est la cible numéro deux. Ils veulent détruire l’Ukraine politiquement en détruisant la tête de l’Etat”, a-t-il ajouté.

“Je vais rester dans la capitale. Ma famille se trouve aussi en Ukraine”, a déclaré le président ukrainien.

NOUVELLES SANCTIONS OCCIDENTALES

Vladimir Poutine présente l’offensive russe comme une “opération spéciale” destinée à empêcher l’Ukraine de commettre ce qu’il dénonce comme un “génocide” des russophones, des accusations balayées par les Occidentaux. Le chef du Kremlin voit aussi dans l’Ukraine un Etat illégitime occupant des terres appartenant historiquement à la Russie.

A la question de savoir s’il était préoccupé par la sécurité de Volodimir Zelenski, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a répondu à la chaîne de télévision CBS: “A ma connaissance, le président Zelenski se trouve à son poste en Ukraine. Nous sommes bien sûr préoccupés par la sécurité de tous nos amis en Ukraine - représentants gouvernementaux et autres”.

Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon, Canada et Australie ont dévoilé de nouvelles sanctions contre la Russie, en plus de celles annoncées plus tôt cette semaine lorsque Moscou a décidé de reconnaître l’indépendance de deux régions séparatistes du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, et d’y envoyer des troupes.

Réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne sont convenus d’un ensemble de nouvelles sanctions économiques contre la Russie décrites par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, comme “les plus sévères jamais prises” par le bloc.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait savoir dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’issue du sommet, que les sanctions européennes ciblaient “70% du marché bancaire russe et des entreprises publiques majeures, dont dans le secteur de la défense”.

Emmanuel Macron déclaré qu’il s’était de nouveau entretenu par téléphone avec Vladimir Poutine, à la demande de Volodimir Zelenski, décrivant cet échange comme “franc, rapide et direct”. Il a dénoncé toutefois la “duplicité” du président russe.

Au cours d’une conférence de presse à Bruxelles, le président français a indiqué que Paris annoncerait ultérieurement des sanctions contre la Russie et allait accélérer son déploiement en Roumanie.

La Chine, elle, a été critiquée pour son refus de qualifier l’offensive russe d’invasion.

RÉUNION VENDREDI DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU

S’exprimant devant des journalistes à la Maison blanche, Joe Biden a déclaré que “toute nation approuvant l’agression flagrante de la Russie contre l’Ukraine sera salie par association”. Le président américain a refusé de commenter directement la position de Pékin.

Il a annoncé de nouvelles sanctions américaines contre la Russie, dénonçant une “attaque préméditée” de Moscou qui doit en “supporter les conséquences”.

Alors que la Russie est l’un des principaux producteurs mondiaux d’énergie, le conflit et les sanctions prises en conséquence auront un lourd impact économique à travers le monde, dans un contexte déjà compliqué par la sortie de la crise sanitaire du coronavirus.

Volodimir Zelenski a déclaré vendredi que les affrontements ont fait 137 morts dans les rangs de l’armée et parmi les civils, ainsi que des centaines de blessés.

Les Etats-Unis et des pays de l’Otan ont envoyé des équipements militaires en Ukraine mais se gardent de déployer des troupes sur place par crainte de déclencher une guerre plus vaste.

L’Ukraine a besoin de “davantage d’armes pour poursuivre le combat”, a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères. “Le nombre de chars d’assaut, véhicules blindes, avions et hélicoptères que la Russie a envoyés en Ukraine est inimaginable”, a ajouté Dimitro Kouleba.

Il est prévu que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunisse ce vendredi pour se prononcer sur un projet de résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine et demandant le retrait immédiat des troupes russes. La Russie dispose toutefois d’un droit de veto, en tant que membre permanent du Conseil.

L’invasion russe a provoqué des manifestations à travers le monde, notamment en Russie, où les autorités ont arrêté des centaines de personnes qui étaient descendues jeudi dans la rue.

(Reportage Natalie Zinets à Kiev, Aleksandar Vasovic à Mariupol, Mark Trevelyan à Londres, Sabine Siebold et Michel Rose à Bruxelles, avec les bureaux de Reuters; rédigé par Jean Terzian)

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