Comment mieux faire connaître la profondeur de la culture japonaise

Culture Vie quotidienne

Robert Campbell est un professeur américain de littérature japonaise à l’Université de Tokyo et une personne très connue au Japon grâce à ses fréquentes apparitions télévisées. Voici ce qu'il pense de la culture japonaise.

Robert Campbell Robert CAMPBELL

Professeur de l’Université de Tokyo. Né en 1957 à New York aux Etats-Unis. Diplômé du Collège de Berkeley de l’Université de Californie, suit les cours de doctorat du Département des Langues et Cultures de l’Asie Orientale de l’Université de Harvard. Docteur en littérature (spécialisation en littérature japonaise). Chargé de cours à l’Université de Kyûshû, puis professeur adjoint à l’Institut National de Littérature Japonaise avant d’être nommé à son poste actuel. Apparaît dans de nombreuses émissions télévisées. Parmi ses ouvrages : “Recueil de romans en chinois de l’ère Meiji” (écrit en collaboration, Editions Iwanami Shoten, 2005) ; “Les voix d’Edo – L’univers musical et théâtral vu par la collection Kuroki Bunko” (Compilation, Musée de Komaba, 2006) ; “Littérature J – Rencontre en anglais, 50 oeuvres célèbres à apprécier en japonais” (Presses de l’Université de Tokyo, 2010).

Tout en enseignant la littérature des ères Edo et Meiji à la prestigieuse Université de Tokyo, Robert Campbell poursuit un grand nombre d’activités, notamment comme membre d’un comité de critique littéraire d’un journal et comme commentateur d’émissions télévisées. Comment ce “savant ambulant”, qui compte 26 années de séjour au Japon, voit-il la culture japonaise ? Nous l’avons écouté parler des charmes et des possibilités de cette culture. (Interview menée par Ukai Tetsuo, directeur adjoint du service culturel du journal Yomiuri et Machida Shinya, journaliste).

Un savant ambulant dirigé vers l’avant

—Il n’y a pas à dire, vous êtes vraiment très occupé !

ROBERT CAMPBELL  Actuellement, j’interviens une fois par semaine dans une émission d’informations du matin et je suis animateur d’émission de radio respectivement une et deux fois par mois. Et en plus, je participe ponctuellement à des émissions télévisées, au comité de lecture du journal Yomiuri deux fois par mois, à des conférences et bien d’autres choses encore. Je me consacre à mes cours à l’université du mardi au jeudi et j’emploie le temps qui me reste à des tâches variées.

—Vous êtes vraiment un savant ambulant. Pourquoi poursuivre toutes ces activités avec autant d’énergie ?

CAMPBELL  Les relations humaines qui se créent en fonction des différents types de travail ou les différences d’utilisation du langage sont très divertissantes. Et puis, avancer dans des directions diverses,
l'« outreach », est essentiel. Mais hors de question de rester assis et se contenter de tendre les bras. Il faut diriger tout le corps vers l’avant si l’on veut vraiment obtenir des résultats. C’est en faisant ainsi que j'ai construit une partie de mon identité. C’est pour ça que mon côté “savant” ne ressent pas de paradoxe ni de distanciation avec mon côté "commentateur d’émissions de télé". Au contraire, il y a énormément de choses intéressantes. J’ai fait un commentaire, par exemple, lors d’une certaine émission télévisée, sur l’équipe nationale de football féminin, “Nadeshiko Japan”, qui a remporté la Coupe du monde récemment. J’ai expliqué les relations entre Nadeshiko (Dianthus superbus ou oeillet superbe, symbole traditionnel de la femme au Japon) et les sept fleurs de l’automne qui se retrouvent depuis les temps anciens dans la littérature japonaise, ce qui a fait l’admiration de tout le monde. Mon identité de chercheur en littérature, et celle qui a passé une moitié de sa vie en Amérique et une autre moitié au Japon, je pense qu'il vaut mieux en tirer parti et ne pas la confiner uniquement à l’université.

Le déclic : “Apprenez donc la langue”

—Dites-nous tout d’abord à quelle occasion avez-vous rencontré la culture et la langue japonaises.

CAMPBELL  Mes grands-parents étaient des immigrants d’origine irlandaise et j’ai habité pendant mon enfance dans le Bronx à New York, tout près du Stade des Yankees. C’est là que j’ai grandi. J’ai ensuite intégré l’Université de Berkeley en Californie et à ce moment-là, dans les années 70, le courant postmoderne était à son apogée. Le philosophe français Michel Foucault est venu donner des conférences. J’étais aussi intéressé par la philosophie, la littérature et la peinture contemporaine. Pendant ma première année d’étude, j’ai participé à un cours de littérature comparée avec Nabokov pour thème. A un certain moment, le professeur a dit que le plus ancien roman du monde était Le Dit du Genji, écrit au Japon au XIe siècle. (*1)

—Le plus classique des classiques du Japon, n’est-ce pas ?

CAMPBELL  J’ai donc acheté immédiatement la traduction de Seidensticker du Dit du Genji que j’ai lue en anglais. À cette époque, des déclarations sur “la fin de la littérature” faisaient feu un peu partout dans ce courant de postmodernité. Moi, j’ai senti qu’il y avait, dans la littérature classique du Japon, la possibilité d’abolir cette notion. J’ai suivi simultanément des cours d’art japonais. J’ai découvert ainsi le paravent Rakuchu rakugai-zu (Scènes dans et autour de la capitale) peint au XVIe siècle à l’époque Momoyama. Dans ces dessins si particuliers, comme enveloppés de brume, j’ai vu une femme qui vendait des marchandises suspendues à un bâton transporté sur son épaule, des hommes qui se chamaillaient, un moine en train de mendier. Des êtres humains de toutes sortes en train de vivre. Et j’ai ressenti une énergie extraordinaire.

—C’est vrai que, dans l’histoire du Japon, cette époque-là regorge de vitalité.

CAMPBELL  J’ai eu envie de voir plus de peintures japonaises et j’ai demandé à mon professeur d’université ce que je devais faire.Il m’a alors dit : “Les peintures, vous pourrez les voir à tout moment. Apprenez donc la langue.” Je lui ai répondu avec beaucoup d’impertinence : “Nous avons les mêmes yeux et les mêmes nerfs optiques, vous et moi. Est-ce que ce n’est pas la même chose pour regarder une peinture, même sans comprendre la langue ?” Mon professeur m’a dit que si j’apprenais la langue, je pourrais connaître l’histoire de chacun des personnages vivant dans la brume des Scènes dans et autour de la capitale. Savoir la longueur de la façade des maisons qu’ils habitaient, quel travail ils faisaient. Savoir pourquoi tel personnage rit et pourquoi tel autre pleure. J’ai été convaincu et j’ai commencé à suivre les cours intensifs de japonais pour débutants durant l’été de ma première année. Tout bien pensé, mon professeur était vraiment un grand pédagogue.

J’ai donc suivi les cours intermédiaires de japonais durant ma deuxième année et durant l’été de l'année suivante, j’ai suivi les cours intensifs de japonais du College Middlebury dans l’Etat du Vermont sur la côte est. C’est un système d’internat total pendant 2 mois, consacré uniquement à l’apprentissage d’une langue étrangère. L’utilisation de l’anglais est interdite pendant ces 2 mois et il est même défendu de parler avec sa famille ou ses amis au téléphone public.

—C’était sévère à ce point ?

CAMPBELL  Il y a même eu des étudiants sur le point de craquer parce qu’ils ne pouvaient pas parler avec leur amoureux. (rire)

—Ça a dû être pénible, n’est-ce pas ?

CAMPBELL  Mais, grâce à ça, j’ai pu parler le japonais et, entre ma troisième et ma quatrième année, j’ai pu venir étudier au Japon. J’ai été ensuite intéressé par la littérature de l’ère Edo et lorsque j’ai eu 27 ans, j’ai intégré l’Université de Kyûshû.

Le dynamisme de la culture populaire d’Edo

—Où se trouve le charme de la culture de l’ère Edo ?

CAMPBELL  Ma spécialisation commence après les ères Bunka et Bunsei, qui correspondent à la seconde moitié de l’ère Edo au XIXe siècle. À cette époque-là, la publication de livres reliés à la japonaise, — qui sont à la base des ouvrages imprimés en utilisant des blocs de bois sur lesquels les caractères étaient gravés —, prend un essor prodigieux. Il y a des ouvrages éducatifs sur les sciences ou la philosophie, des guides de voyage, des manuels de survie en cas de famine et des recueils de haïkus composés par des gens du peuple. Il y a même des livres où l’on peut étudier soi-même les quatre livres sacrés et les cinq grands principes du confucianisme. D’autre part, alors que la culture de la cour impériale, avec la poésie waka, les romans dynastiques et les poèmes chinois, reste immuable depuis les temps anciens, la culture populaire des petites gens d’Edo s’étend de façon astronomique avec le plus grand dynamisme.

—C’est à ce moment-là aussi que Ryûtei Tanehiko écrit sa parodie du Dit du Genji, “Nisemurasaki Inaka Genji”(Un Genji campagnard par une fausse Murasaki).

CAMPBELL  Même cette parodie, qui se situe vraiment aux antipodes du raffinement de l’original, renferme un enseignement important ou des conseils pour mieux vivre. Il y a en outre le roman fantastique de Kyokutei Bakin “Nansô Satomi Hakkenden” (Histoire des huit chiens de Satomi) (*2) qui se passe à l’ère Muromachi et qui a été écrit en se basant sur un grand nombre de faits historiques. Et les romans dramatiques de Tamenaga Shunsui, “Shunshoku Umegoyomi” (Couleurs du printemps : Le calendrier du prunier) et “Shunshoku Harutsugedori” (Couleurs de printemps : L’oiseau annonçant le printemps), qui dépeignent les aventures amoureuses à l’ère Edo. Mon intérêt pour les œuvres de cette époque ne tarit pas. Les livres de Tamenaga, en particulier, sont vraiment séduisants car ils sont illustrés avec des paysages des endroits les plus populaires d’Edo, comme Shinagawa et Fukagawa, ou avec des dessins pris sur le vif des hommes et des femmes de cette époque.

—À cette époque, le Japon est dans la période de fermeture du pays. De l’ère Edo, où une culture originale arrive à pleine maturité, le Japon de Meiji change totalement après son ouverture et se met à intégrer de manière active la culture étrangère.

CAMPBELL  Le Japon, en utilisant les idéogrammes venus de Chine à partir du VIe et VIIe siècles, entre dans la sphère de l’éducation par caractères chinois et il intègre ainsi la civilisation. Il a développé par la suite ses propres syllabaires en kana à partir des caractères chinois, mais jusqu’aux gens de Meiji, la littérature chinoise classique était très importante. Les lettrés, grâce à leurs connaissances de cette littérature classique, étaient capables d’écrire rationnellement leur pensée et ils avaient appris l’art de l’argumentation. Que ce soit Mori Ôgai, qui connaissait l’allemand, ou Natsume Sôseki, qui connaissait l’anglais, on peut affirmer que ce sont ces connaissances des termes et cette pratique de la pensée chinoise classique qui leur a permis de traduire avec une telle précision les romans ou les textes étrangers. Le processus historique de l’intégration de la culture par le Japon au moyen de la littérature chinoise classique forme la base qui lui a permis d’apprendre la culture occidentale à l’ère Meiji, et je pense que ceci se poursuit de manière ininterrompue jusqu’à nos jours.

(*1) ^ Le Dit du Genji : le plus ancien roman fleuve du Japon, écrit par Murasaki Shikibu, une femme de lettres de l’ère Heian. L’existence de l’ouvrage est confirmée en l'an 1008. Il dépeint la vie de Hikaru Genji, — fils d’empereur mais dont la mère est de basse extraction, devenu noble dans son enfance — et des femmes de son entourage. Avec plus de 400 personnages, cet ouvrage de 54 tomes correspond un manuscrit de 2 300 pages de format 400 caractères.

(*2) ^ Nansô Satomi Hakkenden : Histoire des huit chiens de Satomi. Ecrit par Kyokutei (autrement appelé de son vrai nom Takizawa) Bakin dans la seconde moitié de l’ère Edo. Roman fleuve fantastique, il se passe à l’ère Muromachi et retrace les aventures des 8 jeunes fils de la Princesse Fusé du clan Satomi de la province d’Awa (la région de Nansô), liée par la fatalité au chien Yatsufusa. Sa publication, commencée en 1814, s’est achevée 28 ans plus tard. Une œuvre immense, avec 98 épisodes et 106 tomes.

L’important, c’est avoir l'attitude “d’aller prendre”

—Il y a donc bien, dans la culture du Japon, une énergie pour intégrer énergiquement les civilisations venues de l’étranger.

CAMPBELL  Le Japon a connu la Restauration de Meiji en 1868, l’année où le pays franchit le premier pas vers la création d’un nouvel Etat unifié. Elle a lieu trois ans après la fin de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. En Europe, ce sont les années de création du Royaume d’Italie contemporain alors qu’en Allemagne également, un royaume s’instaure progressivement autour de la Prusse. Les pays et les régions se recomposent à l’échelle planétaire. Le Japon crée une nouvelle culture, et une nouvelle langue parlée voit le jour. Une révision, dans une perspective mondiale, de la culture de l’ère Meiji à partir de la période Bunka-Bunsei de l’ère Edo, constituerait aujourd’hui un excellent thème de recherche.

—Est-ce que les connaissances que l’on a de cette époque font mieux ressortir les problèmes de la culture japonaise contemporaine ?

CAMPBELL  À l’ère Edo, il existait des règles très strictes en matière de condition sociale. C’est dans ce contexte que la culture populaire a intégré la culture de la cour impériale et qu’elle s’est développée. Pendant l’ère Meiji, la civilisation occidentale a été absorbée par le biais des connaissances des termes chinois. De toute façon, la culture japonaise a pour attitude “d’aller prendre” activement les éléments extérieurs et intérieurs. Je pense que cette énergie s’est peut-être un peu amoindrie ces temps-ci. Lorsque je lis les romans publiés par les écrivains de la jeune génération, ils se passent souvent dans les écoles ou ils décrivent des amis proches et les thèmes sont assez étroits. J’aimerais bien savoir comment, à l'avenir, les Japonais pourront davantage faire connaître la profondeur de leur culture...

—À l’heure actuelle, notre image se résume plutôt au "Cool Japan", avec les mangas et les animés, qui sont très appréciés à l’étranger aussi.

CAMPBELL  Moi aussi, j’aime les mangas, et il y a beaucoup d’œuvres qui ont du poids. Mais au Japon, la sub-culture n'est pas tout : il y a aussi de nombreuses peintures et de nombreux romans, y compris dans la culture de l’ère Edo. Il serait bon de mieux faire connaître, par exemple, des romans contemporains superbes comme ceux de Uchida Hyakken ou de Tanizaki Junichirô.

La beauté des fleurs de cerisiers est vraiment incomparable

—Le 11 mars 2011, le Grand tremblement de l’est du Japon a fait de très nombreuses victimes. Dites-nous si vous avez ressenti quelque chose de différent récemment, du fait de ce séisme.

CAMPBELL  La fleur qui symbolise le Japon, c’est la fleur de cerisier n’est-ce pas ? C’est une très jolie fleur qui apparaît souvent dans des poèmes waka. Mais après l’ère Heian, apparaît au Japon l’expression de “cerisier couleur d’encre”. Il y a une légende selon laquelle les cerisiers deviennent noirs d’encre lorsque l’on pleure la mort de quelqu’un. Et j’ai pensé que cette année ce serait difficile d’admirer les cerisiers mais, un jour, lorsque j’ai vu les cerisiers au Jardin National Shinjuku Gyoen à Tokyo, j’ai été surpris de redécouvrir à quel point les fleurs de cerisiers étaient belles. J’ai aussi souvent entendu dire que les fleurs de cerisiers avaient donné du courage aux habitants du Tôhoku également.

—“La couleur de la fleur s’est évanouie/ Tandis que je contemplais/ Vainement/ Le passage de ma personne/ En ce monde”. C’est un célèbre poème japonais. Les Japonais transposent des émotions diverses dans la fleur de cerisier.

CAMPBELL  Le Japon est un pays où le changement des saisons est vraiment superbe, mais il connaît également de nombreux désastres naturels comme les typhons, les tremblements de terre ou les tsunamis. Dans ce contexte, j’ai pu de nouveau mieux comprendre pourquoi ce sentiment unique de “vanité des choses de ce monde”, de la beauté des choses simples et éphémères, s’était développé au Japon. Mais d’un autre côté, nous avons “le bonheur tombé du ciel” qui est une expression de l’ère Edo. Nous savons tous que notre monde n’est pas éternel, mais les rencontres fortuites ou les petits bonheurs qui viennent tout d’un coup nous rendre visite sont très importants. Il y avait, parmi les gens de ce pays là, cette gentillesse de cœur.

Le goût du “bonheur tombé du ciel”

—Il s’agit donc de savourer le goût de ces petits bonheurs qui débordent et nous tombent dessus, n’est-ce pas ?

CAMPBELL  Au mois de mai de cette année (2011), j’ai eu l’occasion de me rendre dans un abri pour les réfugiés du Tôhoku victimes du tremblement de terre. L’électricité n’avait pas encore été rétablie et on préparait les repas sur des réchauds à gaz. À ce moment-là, une jeune fille est partie dans la montagne pendant deux heures pour aller y ramasser des plantes sauvages comestibles. Tous les réfugiés hébergés avec elle étaient très contents, ils ont préparé les plantes et les ont mangées. Ils ont été reconnaissants, alors même qu’ils étaient dans cette situation tragique provoquée par le désastre. En d’autres termes, ils avaient les capacités émotionnelles d’apprécier ce “bonheur tombé du ciel”. Le Japon a été dépassé par la Chine et il est tombé au troisième rang mondial pour le PNB, et beaucoup de voix s’élèvent dans la crainte d’une baisse du pouvoir économique en raison du désastre. Mais, d’un autre côté, cette catastrophe nous oblige à réviser le style de vie actuel au Japon et à repenser aux valeurs traditionnelles qui ont toujours attaché une grande importance aux relations avec la nature. Je pense qu’il y a là un terrain propice pour donner également naissance à une nouvelle expression culturelle.

—Quel est, à votre avis, la meilleure façon pour que les étrangers puissent ressentir la culture japonaise ?

CAMPBELL  Bien sûr, c’est de venir au Japon et de le voir en réalité. À l’heure actuelle, avec le yen fort, et on pourrait penser que c’est un voyage qui coûte cher, mais il y a des billets d’avion très avantageux et on peut faire l’aller-retour du Japon aux Etats-Unis pour 600 dollars environ. Il y a aussi des endroits à Tokyo où l’on peut loger pour 2 000 à 2 500 yens la nuit. Juste marcher pendant des jours dans la ville qui vous plaît est un vrai bonheur. La chanteuse Lady Gaga dit, par exemple, qu’elle adore aller dans un comptoir de nouilles d’une certaine gare de Tokyo. Je pense que c’est ça qu’il faut, trouver le Japon que l’on aime personnellement.

—Je vous remercie de cette discussion où nous avons pu aborder des sujets aussi variés aujourd’hui. Au fait, Monsieur Campbell, vous vous êtes familiarisé avec la vie au Japon et lorsque vous retournez aux Etats-Unis, on ne vous dit pas que vous avez changé ?

CAMPBELL  Oui, on me le dit de temps en temps. Un jour, lorsque je déjeunais avec ma sœur cadette dans un restaurant en Amérique, je me suis mis sans y penser à porter mon assiette de pâtes pour manger...

— Porter son assiette pour manger, c’est une coutume japonaise ?

CAMPBELL  Aux Etats-Unis, on ne le fait sûrement pas.

—C’est pourtant bien pratique ! (rire)

CAMPBELL  Quand ma sœur m’a fait des reproches là-dessus, j’ai dû m’avouer vaincu. (rire)

(Traduit de l’interview faite en japonais.)

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