Nishikori Kei : « Être numéro un mondial dans cinq ans »

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Le jeune japonais Nishikori Kei, 24 ans, a fait une percée exceptionnelle dans le tennis mondial en 2014. Lors de l’US Open, il est le premier Japonais de l’histoire à se qualifier pour la finale en simple d’un Grand Chelem. S’il n’a pu être vainqueur, il n’en a pas moins été remarqué par tous les fans du tennis mondial. Il se qualifie pour la finale lors du Masters de novembre et s’assure la 5e place mondiale en fin de saison.

Nishikori Kei Nishikori Kei

Né à Matsue, dans la préfecture de Shimane en 1989, il commence à jouer au tennis dès l’âge de cinq ans et remporte en 2001 les championnats du Japon de tennis des élèves des écoles primaires. En 2003, à 13 ans, il part seul aux États-Unis pour étudier à IMG Nick Bollettieri Tennis Academy. En 2006, il remporte, avec l’Argentin Emiliano Masa, la victoire en double junior à Roland-Garros, devenant ainsi le premier Japonais à gagner l’un des quatre grands tournois mondiaux dans cette catégorie. Devenu joueur professionnel en 2007, à l’âge de 17 ans, il remporte sa première victoire en 2008 sur le circuit ATP de Delray Beach aux États-Unis. Depuis, il s’est qualifié onze fois en finale des tournois de l’ATP World Tour et les a remporté sept fois. Ses meilleurs résultats en simple lors des tournois du Grand Chelem sont une qualification en huitièmes de finale de l’Open d’Australie en 2012, une qualification en huitièmes de finale à Roland-Garros en 2013, également en huitièmes de finale à Wimbledon en 2014 et une qualification en finale de l’US Open cette même année. Nishikori Kei mesure 1m 78 et pèse 74 kg.

Le 3 septembre 2014, Nishikori Kei, alors classé au 11e rang mondial, bat en cinq sets lors des quarts de finale de l’US Open, le Suisse Stanislas Wawrinka, numéro quatre mondial et vainqueur de l’Open d’Australie 2014, et se qualifie ainsi en demi-finale 96 ans après son compatriote Kumagai Ichiya lors du tournoi de 1918.

Durant la demi-finale, il bat le numéro un mondial, le Serbe Novak Djokovic, et devient ainsi le premier Japonais à se qualifier en finale d’un des tournois internationaux majeurs. Malgré sa défaite en finale, il crée la surprise et se fait remarquer sur la scène internationale. En 2014, il se sera donc qualifié en finale d’un Grand Chelem, en finale d’un tournoi du Masters 1000 et deux fois en quarts de finale. Il remporte deux fois la série 500 et deux fois également la série 250, pour un total de 4 625 points et un classement au 5e rang mondial. Il est ainsi le premier Asiatique à participer au tournoi « ATP World Tour Finals » (Masters de tennis masculin), réunissant les huit meilleurs joueurs mondiaux et considéré comme le tournoi le plus prestigieux après les quatre tournois du Grand Chelem. Placé tête de série numéro quatre, il est battu en demi-finale par Djokovic, mais il devient une autorité incontestée et fait son entrée parmi les plus grands joueurs du monde.

À la fin de la saison, de retour au Japon, Nishikori Kei s’est adressé à la presse le 18 novembre au Nippon Press Center et il a déclaré : « C’est l’année où j’ai fait les plus grands progrès. 2014 fut vraiment une année très satisfaisante pour moi. »

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——Comment s’est passée cette année pour vous ?

NISHIKORI KEI  À la fin de l’année dernière, j’étais classé au 17e rang mondial et je suis passé au 5e rang à la fin de cette saison. Mon objectif pour l’année était de m’inscrire au tableau des dix premiers et je suis très content parce que j’ai dépassé mes espérances. Durant la seconde moitié de l’année, j’ai obtenu des résultats à chaque fois meilleurs qui m’ont donné confiance en moi.

——Qu’est-ce qui a le plus changé pour vous cette année ?

NISHIKORI  Je dirai tout d’abord que c’est le fait que Michael Chang soit devenu mon coach et que mon tennis s’est amélioré. Ma façon de jouer est devenue beaucoup plus agressive que je ne l’aurai pensé. Il m’a fait comprendre qu’il fallait aller de l’avant sur le court et j’ai moi-même ressenti que mon jeu devenait plus puissant.

——Quel a été pour vous le tournant décisif qui a changé votre façon de jouer au tennis ?

NISHIKORI  C’est le match de la demi-finale de l’Open d’Australie en janvier de cette année, contre l’Espagnol Rafael Nadal, alors numéro un mondial. Finalement, j’ai perdu en trois sets mais je ne me suis pas déconcentré jusqu’à la fin et j’ai pu souvent exercer pression sur Nadal durant ce match qui m’a véritablement apporté quelque chose. J’ai senti que mon tennis était en train de changer. Et j’ai eu confiance en moi, même si j’avais perdu. Ce match m’a fourni l’occasion de changer ma façon de jouer au tennis.

——Quel est le match ou le tournoi qui a le plus compté pour vous ?

NISHIKORI  C’est le fait d’être resté en finale pour l’US Open. C’était un des objectifs que je m’étais fixés pour la saison et le match qui a le plus compté pour moi, c’est celui où j’ai battu Novak Djokovic.

——Vous avez dit, lorsque vous vous êtes qualifié pour les huitièmes de finale de l’US Open : « Il n’y a pas d’adversaire que je sois incapable de battre. » Dans quel contexte avez-vous fait cette déclaration fracassante ?

NISHIKORI  Je n’ai pas eu spécialement conscience de la portée de ces mots, mais les réactions ont été vraiment impressionnantes. Jusqu’à ce match, j’avais déjà perdu avant même de commencer à jouer. On ne peut pas arriver parmi les premiers si on n’est pas fort au niveau mental. J’ai dit ça pour me galvaniser. Avant mon match contre Djokovic, mon coach m’a dit cinq fois : « Aie confiance en toi, tu peux gagner, c’est certain. » Et j’ai pu mettre toutes mes forces dans ce jeu.

——Que pensez-vous de votre différence physique avec les joueurs occidentaux ?

NISHIKORI  J’ai l’air d’un enfant par rapport aux joueurs occidentaux mais je n’ai jamais maudit ma petite taille. Avec un style de jeu basé sur la vitesse et la technique, on peut suppléer au manque de force. Il n’est pas nécessaire de considérer une petite taille comme un point faible que les Japonais se doivent de surmonter.

——Que pensez-vous de la situation du tennis en Asie actuellement ?

NISHIKORI  Les tournois ont lieu principalement en Europe et l’Asie en est bien éloignée. Le plus grand problème à surmonter pour les jeunes joueurs, c’est qu’ils n’ont pas de rivaux à battre à proximité. Il y a d’excellentes installations et des entraîneurs hors pair au Japon et j’espère qu’en se renforçant, le tennis japonais pourra entraîner l’Asie avec lui. Mais pour ça, je dois d’abord devenir plus fort moi-même.

——Quel est votre prochain objectif ?

NISHIKORI  Mon premier objectif, c’est de gagner le Grand Chelem. Et de devenir le numéro un mondial durant les cinq prochaines années.

(Propos recueillis par Nagasawa Takaaki lors de la conférence de presse du 18 novembre 2014 au Nippon Press Center. Photographies : Jiji Press)

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