Allons voir les festivals japonais !

Matsuri : une des traditions les plus vivantes du Japon

Société Culture

Les Japonais célèbreraient chaque année entre 100 000 et 300 000 fêtes (matsuri). Dans pratiquement chaque communauté de l’Archipel, il existe un matsuri unique en son genre avec des origines et des caractéristiques tout à fait particulières. Dans les lignes qui suivent, Yamamoto Tetsuya, un passionné de matsuri, nous en dit davantage à ce sujet.

Les Japonais ont une affection particulière pour les fêtes traditionnelles (matsuri) qui ponctuent la vie du pays, tout au long de l’année. Beaucoup de ces fêtes sont étroitement liées à un moment particulier du calendrier, entre autres la célébration du repiquage du riz au printemps et les rituels de conjuration des épidémies, typhons et autres ravages provoqués par les insectes dans les cultures pendant l’été. La récolte du riz en automne est l’occasion d’autres fêtes pour remercier les divinités (kami). Les matsuri célébrés en hiver sont, quant à eux, destinés à purifier les membres de la communauté avant la fin de l’année et à les revigorer pendant la saison froide. Le cycle des fêtes célébrées tout au long de l’année au Japon témoigne du sens aigu du changement des saisons des habitants de l’Archipel.

Les fêtes en rapport avec la culture du riz

Au Japon, le printemps correspond à la saison du repiquage du riz qui marque le début de la nouvelle année. Une des fêtes traditionnelles célébrées à cette occasion a pour nom Otaue Matsuri (littéralement : fête du repiquage du riz dans les rizières). Dans tout le pays, les gens se rassemblent pour participer à différentes versions de ce matsuri où l’on invoque les divinités pour avoir une bonne récolte. Dans certains cas, on procède effectivement au repiquage de plants de riz dans une rizière alors que dans d’autres, ce travail est tout juste évoqué. Une des fêtes les plus célèbres où l’on repique vraiment du riz, c’est le Otaue Shinji qui se déroule tous les 15 juin à Osaka, dans le quartier de Sumiyoshi. En revanche, le repiquage du riz est purement symbolique dans la fête du Onda Matsuri, qui a lieu le premier dimanche de février à Asuka, dans la préfecture de Nara.

Les femmes que l’on voit ci-dessus sont en train de danser le Yaotome no Tamai (littéralement : la danse de la rizière aux nombreuses jeunes filles) dans le cadre de la fête Otaue Shinji. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire Sumiyoshi Taisha pour la photographie)

Après les fêtes du printemps dédiées au repiquage du riz viennent celles de l’automne où l’on remercie les divinités pour la récolte. La plus importante d’entre elles est le Niiname-sai, un rituel de la cour impériale durant lequel le souverain offre du riz de la nouvelle récolte aux kami du sanctuaire shintô Ise Jingû, dans la préfecture de Mie. Aujourd’hui cette célébration coïncide avec la fête nationale du Travail qui a lieu le 23 novembre et correspond à un jour férié.

Le sanctuaire Ise Jingû sert à lui seul de cadre à plus de mille fêtes par an. Il abrite aussi le matsuri du Shikinen Sengû, célébré tous les vingt ans, à l’occasion de la reconstruction complète du bâtiment principal. Cette tradition, qui remonte à 690, a été scrupuleusement respectée depuis et c’est ainsi que le sanctuaire devrait être à nouveau reconstruit en 2013.

Le bâtiment principal du sanctuaire Ise jingû est reconstruit tous les vingt ans et la construction du nouveau sanctuaire donne lieu à plusieurs matsuri, dont celui du Shikinen Sengû. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire Ise jingû pour la photographie)

Les fêtes d’été pour conjurer les épidémies, les ravages des insectes et les typhons

Les matsuri célébrés en été en milieu urbain et dans les zones rurales ne sont pas identiques. Dans le Japon ancien, les habitants des villes croyaient que les épidémies de l’été étaient provoquées par des divinités mécontentes et des esprits courroucés. A l’origine, une grande partie des fêtes estivales avaient donc pour objectif de conjurer les maladies et les épidémies. Parmi elles figurent le Gion Matsuri et le Tenjin Matsuri qui sont célébrés respectivement, à Kyoto durant le mois de juillet, et à Osaka les 24 et 25 juillet. Un grand nombre des régions qui entretenaient des relations commerciales très étroites avec Kyoto étaient elles aussi victimes d’épidémies et célébraient des fêtes inspirées par le Gion Matsuri.

Un feu d’artifice illumine le ciel pendant le Tenjin Matsuri. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire Tenmangû d’Osaka pour la photographie)

Mais les habitants des campagnes étaient confrontés à d’autres problèmes que ceux des villes. Pour eux, l’été correspondait à la saison où les récoltes étaient le plus menacées par les insectes, les typhons et les inondations. C’est pourquoi un grand nombre des matsuri célébrés en été dans les zones rurales avaient pour objectif de protéger les récoltes contre les insectes — comme le Nebuta Matsuri qui a lieu du 2 au 7 août dans le préfecture d’Aomori — et les typhons, comme le Etchû Owara Kaze-no-Bon qui se déroule du 1 au 3 septembre dans la préfecture de Toyama.

La fête d’Etchû Owara Kaze-no-Bon (Avec l’aimable autorisation de l’Association de tourisme Etchû Yatsuo)

Toutefois la fête japonaise de l’été par excellence, c’est celle du o-bon (ou bon), un matsuri bouddhique en l’honneur des esprits des morts, qui a lieu au mois d’août. Le o-bon est célébré dans tout le Japon. Beaucoup de gens prennent un congé pour se rendre dans leur famille et sur les tombes de leurs ancêtres. Dans presque tous les villages de l’Archipel, une danse spéciale appelée bon odori rassemble les membres de la communauté dans la fraîcheur du soir qui succède à la chaleur étouffante de la journée. Pendant le rituel bouddhique appelé okuribi (littéralement : feux accompagnant le départ), on allume des feux pour éclairer sur le chemin du retour les esprits des morts revenus parmi les vivants le temps de la fête du o-bon. Le plus connu des okuribi est le Gozan Okuribi, appelé aussi Daimonji, qui a lieu le 16 août à Kyoto.

Des feux okuribi allumés dans les montagnes, à proximité du Kinkakuji (le temple du Pavillon d’or), à Kyoto. Ils dessinent l’idéogramme dai (littéralement : grand). (Avec l’aimable autorisation du Bureau des affaires culturelles et civiles de Kyoto)

L’hiver, saison des fêtes du renouveau

Pour les communautés rurales, l’hiver correspond à la morte saison, un moment privilégié pour faire le plein d’énergie pendant que l’on se tient à l’abri du froid. Une grande partie des fêtes de l’hiver sont censées purifier l’âme des membres de la communauté durant une période relativement paisible de l’année. Les participants de certains matsuri appelés hadaka matsuri (littéralement : fête où l’on est nu), sont entièrement dévêtus, à l’exception d’une sorte de pagne (fundoshi) ceint autour des reins, pour leur permettre de mieux nettoyer leur corps et leur esprit. Le plus connu de ces hadaka matsuri a lieu à Eyô dans la préfecture d’Okayama, le troisième samedi du mois de février. Mais dans d’autres fêtes de l’hiver, c’est le feu qui joue un rôle central, comme le Dôsojin Matsuri célébré dans la préfecture de Nagano du 13 au 15 janvier.

Le Hadaka Matsuri célébré à Eyô permet aux participants de se purifier. (Avec l’aimable autorisation de Saidaiji Eyô Hôsankai)

Les matsuri du mois de janvier sont consacrés à la célébration du Nouvel An. Au début du mois de février, c’est le tour de la fête du setsubun (littéralement : le passage dans l’autre saison) qui correspond au dernier jour de l’année et marque la fin de l’hiver dans le calendrier traditionnel japonais. Les matsuri ont aussi l’avantage non négligeable de contribuer au dynamisme et à la prospérité des villes en attirant les touristes et les visiteurs. Le Festival de la neige de Sapporo qui se déroule au milieu du mois de février constitue une réussite à cet égard.

Une des nombreuses attractions du Festival de la neige de Sapporo (Avec l’aimable autorisation du Bureau des affaires culturelles et du tourisme de Sapporo)

Les fêtes traditionnelles japonaises se succèdent les unes après les autres, tout au long de l’année. La plupart d’entre elles ont à peu près le même objectif, celui d’invoquer les divinités ou de les remercier. Elles se sont transmises de génération en génération et, à ce titre, elles constituent un des éléments les plus importants et les plus vivants de la culture traditionnelle et du patrimoine national de l’Archipel. Il faut donc leur accorder la plus grande attention et les transmettre aux nouvelles générations.

L’atmosphère unique des matsuri

Rien ne peut se comparer à l’émotion si particulière que l’on éprouve quand on est immergé dans la foule débordante d’énergie qui va de pair avec les matsuri. Dans certains cas, comme le Nebuta Matsuri de la préfecture d’Aomori, les spectateurs sont autorisés à prendre part aux festivités. Alors, n’hésitez plus ! Faites vos réservations et goûtez aux joies incomparables des matsuri.

Quelques détails sur les tenues portées par les Japonais à l’occasion des matsuri. Dans beaucoup de fêtes, il y a une profusion incroyable de vêtements et d’accessoires traditionnels aux vibrantes couleurs. (Photographies : Yamada Shinji et Kodera Kei)


Chaque région et chaque communauté ont des traditions bien à elles en ce qui concerne les chants et la façon de transporter le mikoshi (sanctuaire portatif shintô). (Photographies du Sanja Matsuri du quartier d’Asakusa, à Tokyo : Yamada Shinji)

Les mikoshi sont souvent sculptés et décorés avec une grande minutie. Les communautés accordent beaucoup d’importance à ce sanctuaire portatif qui joue un rôle capital dans un grand nombre des fêtes célébrées un peu partout au Japon. (Photographies : Kodera Kei)

Les matsuri les plus importants attirent jusqu’à plus d’un million de visiteurs. Attendez-vous à rencontrer des foules et faites vos réservations suffisamment à l’avance ! (Photographie : Kodera Kei)

(Photographie du titre : Yamada Shinji)

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