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Le kendo, un art martial qui mérite d’être diffusé dans le monde entier

Culture Sport

Durant trois jours, du 29 au 31 mai 2015, le Nippon Budôkan (Kudanshita, Tokyo) a vibré des clameurs des Championnats du monde de kendo.

Les adeptes du sabre du monde entier s’y sont retrouvés

Les Championnats du monde de kendo ont lieu une fois tous les trois ans depuis 1970. Ils s’étaient déjà tenus trois fois au Japon, deux fois aux États-Unis, au Brésil, en France, au Royaume-Uni, une fois en Corée du Sud, au Canada, à Taïwan et en Italie, où s’est déroulée la dernière édition en 2012.

Ce 16e tournoi mondial a eu lieu cette année pour la quatrième fois au Japon, pour la première fois depuis 18 ans. C’était également la première fois depuis 45 ans, c’est à dire depuis la toute première édition en 1970, que le tournoi retrouvait le cadre de l'arène légendaire Nippon Budokan. Des champions venus de 56 pays et régions du monde s’y sont réunis et ont rivalisé pendant trois jours pour le titre de Champion du monde de Kendo.

Chez les hommes par équipe, exceptée une fois lors du tournoi de 2006 qui s’était tenu en Corée du Sud, le Japon a monopolisé toutes les victoires. Ces dernières années, la phase finale voit toujours s’affronter les trois mêmes pays : le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis. Cette année aussi, le Japon a fini à la première place, derrière la Corée du Sud, deuxième, les États-Unis et la Hongrie se partageant la troisième pour la seconde fois consécutive.

Le Japon n’a pas remporté seulement la catégorie Hommes par équipe, mais a également affiché sa suprématie dans toutes les autres catégories, par équipe Femme, Individuel Homme et Individuel Femme. C’est la seconde fois que le Japon remporte le « grand chelem » depuis 1997, date où les catégories Femmes ont été créées.

Est-ce un sport ? Un art martial ?

Le kendo, comme le judo, le karaté, le sumo et l’aïkido, est un art martial traditionnel typiquement japonais. Tous ces « arts martiaux » (budô) furent développés et pratiqués pendant des siècles pour former le corps et l’esprit des pratiquants par le perfectionnement de diverses techniques (-jutsu) et l’apprentissage de certains principes (-). Ces arts martiaux étaient donc des outils, enracinés dans la vie de leur époque, dont l’objectif était de former la personnalité.

Certains de ces arts martiaux, tel le judo, ont connu une grande diffusion internationale et sont depuis devenus des sports, par convergence de l’esprit du budô et des règles sportives.

Prenons l’exemple du judo olympique, le nombre de pays et régions représentés aux Championnats du monde de judo de Chelyabinsk (Russie) en août 2014 s’élevait à 110, soit le double du kendo. La population mondiale de pratiquants est bien évidemment sans commune mesure. Le kendo n’est d’ailleurs pas encore sport olympique, et il n’a pas encore connu d’expansion internationale.

Comme les autres arts martiaux japonais, le kendo aussi « commence par une salutation et finit par une salutation ». Montrer son respect à son adversaire est d’autant plus essentiel que la confrontation est physiquement très engagée.

Le kendo est une discipline qui contribue à la formation de la personnalité par la pratique de la loi du sabre. La stricte discipline qui prévaut toujours dans le kendo moderne vise à comprendre la loi du sabre, derrière laquelle se trouve l’esprit du samouraï (bushi).

Vers l'internationalisation du kendo

Bien que le kendo se soit d’ores et déjà développé dans une certaine mesure à l’international, comme le prouve le succès de ces championnats du monde, ce n’est pas encore un sport très populaire au niveau mondial. L’un des freins à la diffusion mondiale du kendo réside dans la difficulté à en comprendre les règles.

Dans les arts martiaux, la victoire est fixée par l’attribution d’un « ippon ». Pour ceux qui sont devenus des sports d’audience mondiale, comme le judo, un système de points inférieurs à ippon a été adopté : waza-ari et yûkô (le kôka a été supprimé en 2009). De même, la règle du kimono de couleur pour différencier les adversaires a été adoptée au judo. En d’autres termes, tout en préservant les aspects essentiels de l’art martial, des aménagements ont permis que la discipline puisse être facilement diffusée comme sport. Bien entendu, l’aspect très facile à comprendre du judo : « le premier qui déséquilibre son adversaire a gagné » a joué en la faveur de cette compétition.

Une pleine énergie mentale, un maniement approprié du shinai (sabre de bambou), posture correcte, telles sont les conditions de la frappe efficace.

Au kendo, pour porter un coup qui vaille « ippon », le coup ne doit pas seulement toucher l’adversaire. Il doit aussi être porté avec énergie (kihaku), par la partie efficace du sabre (ken no hasuji) et avec le bon mouvement du corps (taisabaki). Cette règle est résumée dans le principe Ki-ken-tai itchi, c’est à dire : « Accord de l’esprit, le sabre et le corps ». Un coup porté par hasard ne vaut jamais ippon. Pour que le kendo puisse se diffuser internationalement, il aurait besoin d’assouplir ces règles, mais les instances dirigeantes du kendo ont encore une forte conscience qu’il s’agit avant tout d’un art martial, et ne sont pas encore tout à fait prêts à faire des concessions pour en faire un sport de masse.

D’autre part, un problème est apparu récemment, suite à l’internationalisation de la pratique du kendo : certains pratiquants de kumdo coréen (une forme adaptée du kendo, introduite en Corée à l’époque de la colonisation japonaise de la péninsule) prétendent que le kendo est originaire de Corée et non pas du Japon. Cela est totalement faux. Il est nécessaire de transmettre correctement au monde que le kendo est issu de l’art de vivre des samouraïs et de la culture unique du Japon.

Vidéo : L’International Budo University, à Katsuura dans la préfecture de Chiba, forme des leaders dans le domaine des arts martiaux japonais, et est le cadre de nombreux échanges internationaux dans ce domaine. 250 étudiants, dont des étudiants étrangers venus de Russie, de Chine, de Suisse ou du Pérou, pratiquent le kendo avec enthousiasme.

(Remerciements au Nippon Budôkan et à l’International Budo University)

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