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Un missionnaire ougandais du « gateball », un sport venu du Japon

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Le gateball, compétition sportive d’origine japonaise, est aujourd’hui un sport qui se joue dans plus de 50 pays et régions du monde. Il commence actuellement à se populariser sur le continent africain. Et un jeune homme, désireux de propager le gateball en Ouganda, est venu en visite au Japon.

Le gateball à la conquête du monde

Le gateball est une activité sportive s’inspirant du croquet, qui a vu le jour au Japon en 1947, peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il se joue à deux équipes composées de cinq joueurs qui frappent une balle avec un maillet et la font passer sous des arceaux en vue de marquer des points.

À l’origine, le gateball avait été imaginé pour les enfants qui ne disposaient pas de jouets dans cette période troublée de l’après-guerre. Mais il est vite devenu le sport des personnes âgées car il ne demande qu’une faible dépense physique. Dans les années 1990, les amateurs étaient au nombre de 6 millions dans l’ensemble du Japon, mais avec la diversification des loisirs pour les personnes du troisième âge, il a diminué pour se situer actuellement à un million de personnes environ.

Mais, en se tournant vers le monde, on s’aperçoit que le gateball se joue déjà sur cinq continents et dans plus de 50 pays, dont la Chine qui compte à ce jour plus 5,5 millions d’adeptes.

C’est à Hawaï et au Brésil, avec leurs nombreux immigrants japonais, que le gateball commence à se diffuser. Il se propage par la suite, en passant par la période de grande croissance économique, dans les pays d’Asie, Chine, Corée du Sud et Taïwan. Ces dernières années, avec la diffusion des informations sur le gateball dans le monde entier grâce à Internet, il a commencé à être joué en Océanie et en Europe, où les amateurs de croquet sont nombreux. Et il débarque enfin en Afrique en 2012. En s’introduisant tout d’abord en Afrique du Sud, le gateball devient à ce moment un sport apprécié sur les cinq continents de la planète.

C’est dans ce contexte qu’un jeune homme est arrivé en juillet 2017 au Japon pour mieux faire connaître le gateball en Ouganda.

Séduit par la stratégie du gateball

Robert Bakaze, actuellement étudiant à l’Université de Makerere, considérée comme le « Harvard de l’Afrique », est âgé de 28 ans. C’est un sportif qui apprécie le football, le basketball et les sports de maillet. Il fait la rencontre du gateball en 2014, par une vidéo sur Internet.

Le gateball se joue sur un court de 15 x 20 m à l’intérieur duquel sont placés trois arceaux. Le joueur doit faire passer sa boule sous chacun d’entre eux pour au final aller heurter le poteau du but. C’est une compétition où les points sont comptés. Les équipes, chacune composée de cinq joueurs, s’affrontent à tour de rôle, les joueurs heurtant la boule portant leur numéro. C’est un jeu stratégique, car il ne s’agit pas seulement de faire passer sa boule sous les arceaux, mais aussi de la placer dans une position avantageuse pour son équipe et de faire sortir du court les boules des adversaires.

Robert participe spécialement avec l’équipe de collégiens lors de la rencontre nationale juniors de gateball. (Photo avec l’aimable autorisation de la Fédération japonaise de gateball)

Robert explique de la manière suivante les raisons de son intérêt pour cette compétition.

« C’est un sport d’équipe pour lequel il faut utiliser le mental. En plus de devoir faire passer la boule sous les arceaux, il faut aussi la heurter de façon à l’amener dans une position avantageuse pour son équipe. C’est un jeu où l’on doit décider tous ensemble de la stratégie pour gagner en tant qu’équipe. Cette force des liens de l’équipe est un des grands attraits du jeu. »

Robert a pris contact avec la Fédération mondiale de gateball dont le secrétariat se trouve au Japon pour qu’on lui envoie des équipements et un guide des règles du jeu. Il a sollicité ses amis et commencé à jouer. Ses camarades ont tout de suite aimé le gateball, et de plus en plus de gens qui avaient entendu parler de ce nouveau jeu ont demandé à y participer. C’est ainsi que l’intérêt pour ce sport a pu s’élargir : il est actuellement pratiqué par une cinquantaine de personnes âgées de 20 à 30 ans dans deux endroits, à l’Université de Makerere et dans le village de Nambole où habite Robert.

Nakanishi Yoshirô, président de la Fédération mondiale de gateball, qui a invité Robert au Japon nous a déclaré :

« Il nous a tout d’abord demandé d’envoyer quelqu’un comme instructeur en Ouganda. Mais j’ai pensé qu’il valait mieux qu’il apprenne, lui-même, les techniques du jeu en regardant les Championnats du Japon et par des relations avec les joueurs. Je l’ai donc fait venir au Japon. Je voudrais qu’il utilise l’expérience qu’il aura acquise ici pour propager le jeu en s’adaptant aux circonstances réelles en Ouganda. Et j’espère que pour la toute première fois des joueurs venus d’Afrique participeront aux Championnats du monde qui ont lieu une fois tous les quatre ans. »

Rencontre avec Nakanishi Yoshirô, président de la Fédération mondiale de gateball

Un sport universel pouvant être pratiqué par tous

Robert est venu au Japon pour pouvoir assister aux 22e Championnats junior de gateball et à la 18e Rencontre des pratiquants adultes du gateball, organisés simultanément dans la ville de Kumagaya, préfecture de Saitama, par la Fédération japonaise de gateball. Tout en observant ces rencontres nationales auxquelles ont participé environ 700 personnes, il a bénéficié des conseils techniques de joueurs chevronnés et a pu jouer avec les équipes de juniors.

Robert en compagnie de l’équipe de collégiens et des joueurs expérimentés qui l’ont entraîné. (Photo avec l’aimable autorisation de la Fédération japonaise de gateball)

« Ce qui m’a le plus impressionné pendant les rencontres, c’est de voir une tactique où le joueur a fait exprès de ne pas faire passer sa boule sous le premier arceau. Si on ne passe pas par le premier arceau, on ne peut pas commencer à jouer sur le court. Ce joueur a attendu patiemment que la chance se présente. Il n’a fait passer sa boule que lorsqu’il a jugé que la boule de son adversaire était dans une position avantageuse pour lui et il a sorti ensuite une à une du court les boules de l’autre équipe. J’ai vu aussi comment une équipe de petits enfants avait pu gagner sur des adversaires plus âgés et bien plus expérimentés, grâce à leur technique et leur stratégie. J’ai vraiment ressenti que le gateball est un jeu universel auquel tout le monde peut participer, et qui peut être pratiqué aussi bien par les enfants que par les personnes âgées et les handicapés. »

Sur le court de gateball devant la Tour de Tokyo, un premier essai au « Relation 3 », une variation du jeu qui se joue par équipe de trois.

Robert pense demander au gouvernement de l’Ouganda de faire du gateball le sport officiel du pays.

« Lorsque je rentrerai en Ouganda, je veux d’abord m’adresser aux écoles. Si le gateball est le premier sport que connaissent les enfants, il est très probable qu’ils continuent à y jouer lorsqu’ils seront adultes. »

Son rêve : propager le gateball sur tout le continent africain et organiser un jour les Championnats d’Afrique de gateball.

Au temple Sensô-ji de Tokyo. Des vœux de bonne santé en s’imprégnant le corps de la fumée du brûleur d’encens.

Manœuvre d’un robot par télécommande dans un magasin de robotique d’Akihabara.

En route pour rentrer au pays avec dans ses bagages les équipements et manuels offerts de nouveau par la Fédération mondiale de gateball

(Reportage et texte : Uchiyama Takako. Photos sans mention : Nagasaka Yoshiki. Photo de titre : Robert à l’essai au gateball dans un parc de Tokyo)

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