Lieux sacrés du Japon

Le temple Daitokuji de Kyoto et ses trésors nationaux : ouverture exceptionnelle cet automne

Culture Tourisme

Le Daitokuji fait partie des plus importants temples de Kyoto. Il est situé au centre d'un vaste complexe de plus de 20 temples secondaires, où sont conservées de sublimes œuvres architecturales et des peintures de grands artistes tels que Tannyû au XVIIe siècle, de la célèbre école Kanô. Cet automne, l’ouverture exceptionnelle d’une partie du lieu habituellement fermée est à ne pas manquer.

Un lieu sacré empreint d’histoire

Le Daitokuji se trouve au nord de Kyoto. Depuis la gare JR de Kyoto, il faut prendre la ligne de métro Karasuma en direction de Kitaôji, puis prendre un bus pour s’y rendre. Temple principal de l'école de bouddhisme zen rinzai, le Daitokuji est entouré d'un vaste complexe de temples secondaires et de résidences pour moines et abbés, comme le Ryôgen-in, Ôbai-in et Shinju-an.

L'arrêt de bus Daitokuji, où passent les lignes d’autocars touristiques K'Loop et les bus municipaux, est situé sur l'avenue Kitaôji, juste en face de la porte sud (Minamimon) du complexe.

Le Daitokuji a été fondé en 1315 par le moine zen Daitô Kokushi (également connu sous le nom de Shûhô Myôchô). Le temple prospère sous le patronage des empereurs Go-Daigo (1288-1339) et Hanazono (1297-1348), mais tombe en ruine après une succession d’incendies, ainsi que par les dégâts causés par la guerre d'Ônin (1467-1477). C'est Ikkyû Sôjun (1394–1481), moine zen excentrique célèbre pour sa vivacité d'esprit et son anticonformisme, qui a restauré et redonné au temple sa gloire d'antan.

Après la restauration de Meiji en 1868, beaucoup de temples secondaires sont détruits. Mais la superficie du complexe demeure aujourd’hui toujours très vaste, avec deux betsuin (pavillons annexes) et 22 temples secondaires.

Un vaste parking pour autocars a été aménagé devant la porte principale, située à l'est du complexe.

Le Honbô, un lieu habituellement fermé au public

Une grande partie du Daitokuji est accessible au public toute l’année. Les visiteurs peuvent se promener à travers le complexe templier et apprécier la sérénité qui y règne. Certains des temples secondaires sont ouverts au public, comme le Ryôgen-in, le plus ancien du complexe, le Kôtô-in, dédié au clan Hosokawa, une puissante famille de seigneurs, et le Daisen-in, célèbre pour son karesansui (jardin sec). Beaucoup d'entre eux ne sont néanmoins pas accessibles, comme la résidence de Daitô Kokushi, le Honbô. Cet article présente certains des trésors conservés dans ce bâtiment, ouvert spécialement cet automne.

Des visiteurs se promenant dans l'enceinte du vaste complexe.

La porte Chokushimon, réservée aux émissaires impériaux, reconnu comme bien culturel important, visible depuis l'allée menant au temple.

Le Honbô regorge de magnifiques peintures de Kanô Tan'yû (1602 – 1674), grand peintre de l'époque d'Edo. Une des plus célèbres de ses œuvres est Unryû-zu, une peinture représentant un dragon et des nuages ​​qui orne le plafond du hattô (salle de lecture). En frappant des mains sous le tableau, on a l’impression d’entendre le cri du dragon résonner dans toute la salle.

Tan'yû n'aurait eu que 35 ans lorsqu'il a peint Unryû-zu.

En tant que divinité de l’eau prévenant les incendies, le dragon était souvent peint sur les plafonds de temples. De même, les murs de la salle sont ornés de treillis de bois en forme de vagues d'eau.

Le treillis de bois en forme de vague au-dessus des murs, appelé ranma, symbolise l'eau protégeant le bâtiment contre les incendies.

Dans l’intimité des moines

Les pièces dédiées à Daitô Kokushi, le moine zen fondateur du Daitokuji, sont divisées par 84 fusuma (portes coulissantes) décorées avec des peintures à l'encre de Tan'yû. La chambre intérieure, au centre, est délimitée par 16 fusuma sur lesquels un paysage est délicatement représenté. La finesse de l’œuvre apporte de la profondeur et de la perspective à la pièce.

Le paysage peint sur le fusuma de la chambre centrale de Daitô Kokushi.

Le contraste entre traits épais et fins ajoute de la profondeur à la peinture.

Unmon-an, un bâtiment annexe faisant partie des quartiers de Daitô Kokushi et dédié au fondateur du Daitokuji.

Les grands kamado (fours en terre) installés dans les quartiers des moines.

En visitant ces lieux habituellement fermés au public, cela nous permet d’imaginer le quotidien des moines à Daitokuji. Ce qui rend cet évènement encore plus spécial, c'est que rien n'a été organisé en particulier pour attirer les touristes. Se promener dans l'enceinte du Daitokuji est déjà une expérience agréable et enrichissante, mais il serait dommage de laisser passer l'opportunité de le visiter plus en profondeur, grâce aux ouvertures spéciales des temples secondaires.

Une pièce où vivaient les moines. Au plafond sont entreposées de grandes tables, qui sont descendues pour les repas. Cette coutume, pratique pour faire de l’espace, est caractéristique des temples zen.

Du shogun à l’empereur

Le jardin Hôjô du Daitokuji est officiellement reconnu comme lieu spécial de beauté pittoresque et site historique. En arrière-plan à gauche, la porte Karamon, trésor national.

La porte Karamon vue de l'extérieur du jardin.

Le kamon (blason) de la famille Toyotomi est affiché à de nombreux endroits sous les avant-toits de la porte. Derrière le lion shishi apparaît un baku, une créature au long nez provenant de la mythologie chinoise. De part et d'autre du shishi se trouvent deux créatures au visage blanc et aux crocs acérés : ce sont des shin (shen en chinois), des dragons capables de changer de forme.

Une bouilloire utilisée lors de la cérémonie de thé organisée au Daitokuji par le shogun Toyotomi Hideyoshi en 1585.

La table et les chaises utilisées lors de la visite de l'impératrice Teimei, la mère de l’empereur Hirohito.

Ouverture spéciale en 2018 du Honbô du Daitokuji

  • Adresse : 53 Murasakino-Daitokuji-chô, Kita-ku, Kyoto-shi, Kyoto-fu 603-8231
  • Lieux ouverts aux visiteurs : les quartiers de l'abbé (trésor national), peintures des fusuma de Kanô Tan'yû (biens culturels importants), le jardin Hôjô (lieu spécial de beauté pittoresque et site historique), porte Karamon (trésor national), peinture des rakan (disciples arhat de Bouddha) de Hasegawa Tôhaku (1539-1610).
  • Dates : du 5 au 28 octobre 2018 (Fermé le 14 octobre. Fermé après 11h30 le 21 octobre. Ouvert à partir de 13h le 27 octobre)
  • Horaires d'ouverture : 9h30 à 16h (dernière entrée)
  • Tarifs : Adultes 1 000 yens, collégiens et lycéens 700 yens, gratuits pour les enfants (jusqu’aux élèves de primaire) accompagnés d'un adulte

(Reportage : Fujii Kazuyuki. Photos: Kuroiwa Masakazu. Photo de titre : le Unryû-zu, peinture de Kanô Tan'yû sur le plafond de la salle de lecture du Honbô)

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