L’année en japonais

Le kanji de l’année 2014 : « Zei » (Taxe)

Société Le japonais

Depuis 1995, le 12 décembre est la date qu’a choisie l'Association japonaise de test d'aptitude en kanji (Nihon kanji nôryoku kentei kyôkai) pour annoncer le kanji de l’année, le caractère le plus représentatif des évènements des douze mois de l’année écoulée.

Une hausse fiscale marquante

Le gagnant de cette année est le kanji 税 (zei) qui signifie taxe. L’élu de cette 20e édition a récolté 8 679 votes, soit 5,18% des 167 613 bulletins. Les raisons de ce choix sont évidentes : le 1er avril 2014, le gouvernement japonais a augmenté la taxe sur la consommation pour la première fois en 17 ans, de 5 à 8%. Avec pour but de renflouer le budget de l’État afin de faire face aux futures nécessités de la sécurité sociale, cette augmentation a lourdement pesé sur le porte-monnaie des Japonais, qui ont massivement fait leurs achats dans les domaines de l’immobilier, de l’automobile et de l’électroménager avant la hausse, puis ont fait preuve d’une frilosité générale après. D’ailleurs, deux trimestres consécutifs de récession ont convaincu le premier ministre Abe Shinzô de reporter au printemps 2017 la deuxième hausse de 8 à 10%, initialement prévue pour octobre 2015.

C'était à cause de la chaleur…

熱 (netsu) qui peut signifier chaleur ou fièvre, est arrivé en deuxième position avec 6 007 votes. Ce choix s’explique vraisemblablement par l’addition de l’été caniculaire de cette année, des cas de contamination par la dengue et de fièvre hémorragique Ebola.

嘘 (uso, « mensonge ») s’est adjugé la troisième place, dans le sillage de plusieurs scandales : celui des voyages à répétition dans des stations thermales à travers le Japon avec l’argent des contribuables du conseiller général de Hyôgo Nonomura Ryûtarô – ses larmes de crocodile au cours de la conférence de presse où il tenta de noyer le poisson firent de lui la risée du pays pendant plusieurs jours ; la fraude scientifique sur les « cellules STAP » d’Obokata Haruko, qui a fini par retirer ses articles publiés dans la revue Nature ; et enfin la révélation de la supercherie perpétrée par le compositeur Samuragôchi Mamoru, dit le Beethoven japonais, qui faisait en réalité écrire ses œuvres à un nègre et qui, en outre, n’est pas sourd ou du moins à un degré bien moindre que ce qu’il prétendait pour s’attirer la sympathie du public.

Le rituel du kanji de l’année

Décembre est le mois de la rétrospection et du retour sur les évènements de l’année, mais pourquoi cette date du 12 décembre en particulier ? Comme beaucoup de « journée du/de la… » au Japon, le choix s’explique par un jeu de mots avec l’une des lectures possibles des chiffres composant la date : en l’occurrence, « 1212 » peut se lire « ii ji ichi ji », ce qui signifie « un bon caractère ».

Contrairement aux mots de l’année, choisis au mois de novembre par un jury de sept membres sélectionnés par la maison d’édition organisatrice Jiyû kokuminsha, le kanji de l’année est choisi par un vote public, via Internet, la poste et des points de vote installés dans plusieurs endroits du Japon dès le début du mois de novembre.

Le kanji de cette année s’explique facilement, mais ce n’est pas toujours le cas et les raisons de la sélection sont souvent multiples. Le gagnant de 2005, 愛 (ai) « amour », était le symbole de l’exposition universelle tenue dans la préfecture d’Aichi (愛知) et du mariage de la princesse Sayako, mais également, dans un sens contraire, celui du manque d’amour qui se dégageait de plusieurs crimes commis par des mineurs. En 1997, le choix du kanji 倒 – tô, taoreru, taosu – (chuter, vaincre) était inspiré par la faillite de la maison de titres Yamaichi et d’autres grandes entreprises japonaises, mais aussi, de façon plus positive, par les victoires qui permirent à l’équipe japonaise de football de se qualifier pour la Coupe du monde de l’année suivante.

(Photo de titre : Mori Seihan [à gauche], grand prêtre du Kiyomizudera, en train de tracer le kanji de cette année : « Zei ». Jiji press)

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