Les règles de savoir-vivre au Japon
Le guide du mariage au Japon : que faire et ne pas faire ?
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Inspirés des rites impériaux
À un mariage, les promis s’engagent à s’aimer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au Japon, les mariages se passent souvent en deux temps : une cérémonie avec la famille et les amis proches est suivie d’une réception où sont invités les amis et connaissances.
En cas de mariage à la japonaise, le marié porte la tenue d’usage composée d’une veste haori noire ornée des armoiries familiales et d’un sur-kimono hakama rayé noir et blanc. Traditionnellement il porte du noir, car même si d’autres couleurs sombres sont possibles, le noir confère une dignité qui s’accorde à son nouveau rôle de chef de famille. La mariée porte, elle, un kimono d’un blanc immaculé. La coutume veut que cette couleur symbolise sa renaissance car elle entre dans sa « nouvelle » famille pour devenir le centre du ménage. À l’ère de l’égalité des sexes, les mentalités évoluent mais certaines Japonaises continuer de porter ce kimono blanc pour commémorer ce moment unique.

Les jeunes mariés en tenue traditionnelle (wasô). (Pixta)
La tenue traditionnelle des jeunes mariés vient des coutumes de la classe des samouraïs de l’époque Muromachi (1333-1568). Mais opter pour une cérémonie shintô est une pratique récente.
Jusqu’aux années 1870, la plupart des mariages étaient des cérémonies privées sans dimension religieuse. Le chef de famille ou le chef de la communauté jouait le rôle d’officiant et parents et voisins se réunissaient chez le marié pour célébrer le nouveau ménage. Les rites de passage (majorité, funérailles, commémorations des ancêtres, etc.) étaient en fait des célébrations privées permettant d’acter le changement de statut de certains individus au sein d’une communauté.
Le mariage « à la japonaise » date de l’année 1900. En effet, le futur empereur Taishô (alors prince héritier) choisit de se marier au palais impérial suivant le rite shintô. Suite à cette cérémonie, les Japonais ont commencé d’imiter la famille impériale en célébrant les mariages dans le sanctuaire shintô Tokyo Daijin-gû. La partie centrale de ce rite, inspiré des coutumes de la classe des samouraïs Ogasawara, est le sansankudo ou sankon. Les jeunes époux boivent du saké rituel en trois fois trois gorgées.
Après la cérémonie de mariage, le prince héritier et la princesse partirent en pèlerinage au sanctuaire d’Ise et rendirent visite aux divers mausolés impériaux du Japon. Les citoyens ordinaires les ont imités puis la pratique a évolué et s’est transformée pour donner lieu à la lune de miel moderne.

Rite du sansankudo lors d’un mariage traditionnel japonais. (Pixta)
La mode des mariages inspirés des rites chrétiens, se déroulant dans une chapelle, a commencé à se généraliser après la Seconde Guerre mondiale et de nos jours, ces cérémonies sont les plus courues. Les mariages laïques arrivent en deuxième position. Si on considère que prêter serment en famille et devant leurs amis est une version moderne des mariages privés des siècles passés, ces cérémonies laïques ont une histoire bien plus longue que les rites dits shintoïstes.
Les mariages non religieux sont désormais très courants. Comme ils n’obéissent pas à un protocole fixe, ils peuvent être organisés dans des lieux très variés avec comme avantage que la cérémonie et la réception puissent se dérouler au même endroit.
Vademecum verbal et vestimentaire
Le faire-part est envoyé plusieurs mois avant le mariage car les organisateurs ont besoin de connaître le nombre de participants pour organiser la cérémonie. Il vaut mieux y répondre rapidement.
Si on ajoute un message à l’invitation, il faut proscrire les termes qui portent malheur comme wakare(séparation), owari (fin), kiru (couper) et hanareru (séparer). De même des tournures comme hibi (quotidiennement), masu-masu (de plus en plus) ou iyo-iyo (enfin), qui sous entendent une répétition et qui feraient penser à un remariage, sont à éviter. Au Japon on considère que les mots peuvent avoir un effet sur la réalité, la croyance ancestrale au potentiel de ces kotodama restant vivace, certains termes ne doivent pas être utilisés à l’écrit comme à l’oral.

Le choix des mots est important à un mariage. (Pixta)
Que porter à un mariage ? Selon ce que porteront les familles des mariés et suivant sa relation aux jeunes époux, on peut opter pour une tenue de soirée (queue de pie ou robe du soir) ou pour une tenue moins formelle (smoking ou robe de cocktail). Les costumes sombres et les robes sobrement élégantes feront l’affaire si on est un ami du couple, ou une personne âgée. Et même si le faire-part précise « tenue de jour », les invités s’efforceront d’être élégants.

Pour les cérémonies à l’occidentale aussi, la mariée est en blanc. (Pixta)
Les codes vestimentaires occidentaux ont été repris dans le monde entier. L’important reste de ne pas éclipser les mariés. Les hommes opteront pour un costume sombre avec une cravate blanche. Le choix de la tenue est parfois plus délicat pour les femmes mais il faudra de toute façon éviter le blanc et porter peu de bijoux. En cas de doute, mieux vaut demander conseil à un ami ou consulter les magazines spécialisés.
Vademecum pour invités à un mariage :
- Ne pas éclipser la mariée en portant des bijoux fantaisie et trop voyants.
- Éviter les cravates, robes ou collants noirs, car ils font penser aux funérailles.
- Éviter les motifs avec des animaux et des reptiles car ils évoquent la mort.
Dans le doute, les invités étrangers doivent éviter de porter des tenues traditionnelles japonaises qui pourraient détourner l’attention alors que les jeunes mariés doivent rester le centre de la fête. Si le mariage se veut décontracté, les tenues traditionnelles japonaises sont possibles mais il vaut mieux se renseigner et vérifier auprès des organisateurs du mariage. Si une invitée souhaite porter un kimono, il est conseillé de se rendre dans un magasin spécialisé, car s’habiller seule est ardu et nombreuses sont les conventions à respecter. Une erreur est vite commise.

Les invités doivent se contenter de mettre les jeunes mariés à l’honneur. (Pixta)
Cadeaux de remerciement (hikidemono)
Autrefois, on donnait des cadeaux aux jeunes mariés, mais de nos jours il est coutume d’offrir de l’argent (shûgi) et l’enveloppe doit être remise en mains propres sur le lieu de la cérémonie. Cette pratique s’est diffusée avec la mode des mariages en hôtel qui s’est développée dans les années 1950-60. Il a semblé plus judicieux d’offrir de l’argent car les préparatifs du mariage prenaient beaucoup de temps et la somme collectée pouvait être utilisée librement par les jeunes époux au fil de leurs besoins.
Un mariage coûte cher. Pour aider à couvrir les frais, les amis offrent généralement entre 30 000 et 50 000 yens (175 et 300 euros environ) et la famille verse un montant plus élevé. Si un couple ou une famille sont invités, le montant attendu augmente en proportion du nombre de participants. Les sommes requises pouvant varier selon les régions, mieux vaut se renseigner auprès des autres invités pour ne pas commettre d’impair.

On glisse l’argent offert aux mariés dans une élégante enveloppe. (Pixta)
En général, les collègues de travail et autres connaissances ne sont invités qu’à la réception. Le banquet est généralement un repas assis, un plan de table place les invités en fonction de leur lien avec les jeunes mariés (parents, collègues, amis). La réception dure entre deux et trois heures, les parents des mariés et leurs supérieurs hiérarchiques font chacun un discours, les amis organisent parfois des sketchs et les jeunes mariés coupent la pièce montée. La cérémonie se termine avec la fin du repas, mais une fête plus informelle est parfois prévue en soirée avec les amis.

Les mariages sont organisés soit dans des établissements spécialisés, soit dans des hôtels équipés de salles de banquet, chapelles et autels shintô. (Pixta)
Au sortir de la réception les invités reçoivent parfois un cadeau (hikidemono) accompagné d’un message les remerciant de leur venue. Autrefois, la coutume voulait que l’on laisse intacts les mets raffinés porte-bonheur, comme la dorade ou la langouste servis lors du banquet, pour que les invités puissent les rapporter chez eux. Mais les « hikidemono » ont supplanté cette pratique.
Il fut un temps où les organisateurs offraient des produits ménagers. De nos jours, les invités choisissent plutôt un cadeau de leur choix dans un catalogue et ce présent est parfois accompagné de petits gâteaux de riz souvent de couleur rouge et blanche (hikigashi).

Les hikidemono sont parfois livrés à domicile après la cérémonie pour ne pas encombrer les invités. (Pixta)
Les hikidemono permettent aussi aux nouveaux mariés de partager leur bonheur. Autrefois, on n’offrait pas de cadeau en « retour », de crainte que cela ne porte malheur et que la mariée ne « revienne » chez ses parents après un divorce. Soulignons que les hikidemono ne sont pas calibrés en fonction du montant offert aux jeunes mariés car ils n’ont pas à être un retour sur investissement. Le shûgi doit rester la manifestation concrète et sincère des vœux de bonheur des invités. Le budget de la réception est pensé lui sur le mode d’une cotisation aux frais.
(Article supervisé par Shibazaki Naoto, professeur associé à l’Université de Gifu, spécialiste des études sur la psychologie des bonnes manières et conseiller pour les enseignants dans ce domaine. Photo de titre : Pixta)

