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Le sentier de randonnée de Ten’en : tombes anciennes et feuillages saisonniers à Kamakura

Tourisme

Un sentier de randonnée traversant les crêtes des « Alpes de Kamakura » passe devant de nombreuses tombes anciennes taillées dans la roche et offre de splendides panoramas sur l’ancienne capitale.

Kamakura sous un autre angle

Kamakura, entourée de collines sur trois côtés et tournée vers la mer au sud, possède étonnamment peu de terres plates pour une ville qui fut le siège du gouvernement il y a 800 ans, durant le shogunat de Kamakura (1185-1333). Ces collines offrent toutefois une richesse de sentiers de randonnée accessibles et la possibilité de promenades au cœur de la nature.

Le sentier de Ten’en, situé au nord de la ville, suit principalement les crêtes du mont Ôhira, point culminant de Kamakura à 159 mètres d’altitude. Long d’environ 4 kilomètres, il se parcourt en trois heures environ. En partant du temple Kenchô-ji, l’un des cinq grands temples zen de Kamakura dotés d’un statut spécial par le shogunat, il longe des crêtes connues sous le nom d’« Alpes de Kamakura » et s’achève au temple Zuisen-ji, célèbre pour ses fleurs en toute saison. En chemin, les randonneurs peuvent découvrir des sites historiques liés à cette ancienne capitale.

Le long du sentier se trouvent de nombreuses yagura, ces tombes caractéristiques du shogunat de Kamakura creusées dans la roche. Surplombant la ville et offrant de superbes vues sur le mont Fuji, les ruines et paysages naturels du parcours offrent une expérience différente des visites habituelles des nombreux temples de Kamakura.

 Le col de Ten’en au début de l’été
Le col de Ten’en au début de l’été

De Kenchô-ji à Jûô-iwa

Plusieurs accès mènent au sentier de Ten’en, mais un excellent point de départ est le temple Kenchô-ji. Un long escalier escarpé à l’arrière du sanctuaire conduit au Hansôbô Daigongen, sanctuaire protecteur du temple. De là, on profite d’une belle vue sur l’ensemble du Kenchô-ji, aligné en ligne droite selon les principes du bouddhisme zen chinois.

En continuant, on atteint le sommet du mont Shôjôken, derrière le Kenchô-ji, où se trouve une plateforme d’observation. On peut y faire une pause pour admirer à nouveau le temple et la ville qui s’étend en contrebas avant de reprendre le sentier.

Vue panoramique sur Kamakura en contrebas
Vue panoramique sur Kamakura en contrebas

En direction de l’est, cinq minutes de marche mènent à un ensemble de statues de pierre érodées sur une éminence à gauche. Il s’agit du Jûô-iwa, qui abritait à l’origine les effigies du roi des enfers Enma et de neuf autres juges du monde souterrain, sculptées dans des niches de la tombe. Celle-ci s’est effondrée et seules trois statues subsistent. De ce point, la vue est magnifique sur Wakamiya Ôji, l’allée menant au sanctuaire Tsurugaoka Hachiman-gû qui s’étire jusqu’à la mer, ainsi que sur les toits de la ville de part et d’autre.

Les Jûô-iwa, juges du monde souterrain, usés par le temps
Les Jûô-iwa, juges du monde souterrain, usés par le temps

Une singularité de Kamakura

Juste après les Jûô-iwa, un discret sentier étroit descend à travers la végétation. On y découvre une autre tombe de pierre, dont le toit porte encore de faibles traces d’ocre rouge. C’est le Shudaruki Yagura : les piliers soutenant le toit et les avant-toits taillés dans la pierre imitent une architecture en bois.

Pendant l’époque de Kamakura, les inhumations étaient interdites à l’intérieur de la ville. À la place, des tombes yagura étaient creusées dans la roche tendre des collines environnantes, beaucoup d’entre elles reproduisant l’apparence des ossuaires en bois. Aujourd’hui encore, plus d’un millier de ces tombes troglodytiques subsistent autour de Kamakura.

Shudaruki Yagura. De faibles traces d’ocre rouge demeurent sur le plafond de la tombe.
Shudaruki Yagura. De faibles traces d’ocre rouge demeurent sur le plafond de la tombe.

De retour sur le sentier principal, une bifurcation se divise en trois directions. Le chemin tout droit mène au col de Ten’en, tandis que celui de droite descend vers le temple Kakuon-ji. Un peu plus loin sur ce dernier se trouve le Hyakuhachi Yagura, le plus grand ensemble de tombes en pierre de Kamakura. Hyakuhachi (« 108 » en japonais) fait référence aux 108 désirs terrestres du bouddhisme et représente « un grand nombre » symbolique. En réalité, on compte ici environ 180 tombes, dont les parois sont décorées de sculptures représentant des bouddhas, des caractères sanskrits, des pagodes à cinq anneaux et des cénotaphes hôkyôintô.

Motifs bouddhiques typiques de Kamakura, visibles au Hyakuhachi Yagura
Motifs bouddhiques typiques de Kamakura, visibles au Hyakuhachi Yagura

Du col de Ten’en au temple Zuisen-ji

En suivant les montées et descentes raides du sentier, on atteint le point culminant de la randonnée, le mont Ôhira. Plus loin se trouve le col de Ten’en, doté d’un point de repos et d’une aire d’observation. Le nom Ten’en (« jardin céleste ») fut donné par Tôgô Heihachirô, héros naval de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, en raison de la vue panoramique sur la plaine du Kantô et la péninsule d’Izu.

Juste en contrebas du col de Ten’en s’étend une vallée de ginkgos, dont les feuilles d’un jaune éclatant contrastent avec le mont Fuji fraîchement enneigé à la fin de l’automne. Durant la saison des feuillages, les visiteurs peuvent descendre les pentes sur un tapis de feuilles dorées. En continuant vers le sud, le sentier mène au Hôjô Kubi Yagura, sur la colline derrière le temple Zuisen-ji. C’est là que les restes des membres du clan Hôjô auraient été dissimulés après leur chute, marquant la fin du shogunat de Kamakura.

Feuilles embrasées dans la vallée de Shishimai, juste en dessous du col de Ten’en
Feuilles embrasées dans la vallée de Shishimai, juste en dessous du col de Ten’en

Hôjô Kubi Yagura, où étaient cachées les dépouilles des chefs du clan Hôjô.
Hôjô Kubi Yagura, où étaient cachées les dépouilles des chefs du clan Hôjô.

Le sentier de randonnée se termine au temple Zuisen-ji, dont les vastes jardins sont réputés pour leurs fleurs et leur feuillage automnal. On y trouve également le jardin de pierres conçu par le moine zen Musô Soseki, fondateur du temple. Célèbre concepteur de jardins, Soseki fit creuser un étang dans la roche pour symboliser la mer, intégrant tous les éléments nécessaires d’un jardin zen. Inspiré des jardins des résidences de samouraïs, ce site historique illustre, tout comme les yagura, l’art du travail de la pierre à Kamakura.

Le remarquable jardin de pierres du Zuisen-ji, datant de l'époque de Kamakura
Le remarquable jardin de pierres du Zuisen-ji, datant de l’époque de Kamakura

(Photo de titre : couleurs automnales et mont Fuji enneigé vus depuis le col de Ten’en. Toutes les photos : © Harada Hiroshi)

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