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Plongée dans la plus grande collection de mangas du Japon : le Musée du manga de Yokote Masuda

Manga/BD Tourisme

La paradis de l’art du manga a un nom : le musée du manga de Yokote Masuda. Situé au nord-est du Japon, cet établissement unique expose et conserve à la fois une collection record de plus de 230 000 œuvres !

Une ville parsemée d’entrepôts traditionnels

La ville de Masuda est située au confluent de deux rivières dans la vallée de Yokote dans le sud-est de la préfecture d’Akita. Véritable plaque tournante du transport fluvial avant la période d’Edo (1603–1868), la ville a continué d’être l’un des principaux quartiers commerciaux de la préfecture bien après le début du XXe siècle. Aujourd’hui, rattachée à la ville de Yokote, Masuda abrite toujours de grands bâtiments en bois, véritables reliques de son époque prospère. La ville est même désignée comme un « lieu de préservation » des bâtiments traditionnels.

Il est une caractéristique unique aux bâtiments traditionnels de Masuda : leurs entrepôts en terre, appelés uchigura. D’ordinaire, les entrepôts, ou kura, étaient généralement construits indépendamment du bâtiment principal. La différence avec les uchigura, c’est que le toit à l’arrière du bâtiment principal a été prolongé pour permettre au magasin d’être construit à l’intérieur même de la structure principale. Les uchigura permettaient aux marchands et aux travailleurs d’accéder aisément aux entrepôts quand ils le souhaitaient et quelle que soit la saison. Car il ne faut pas oublier que la ville de Masuda était certes une zone commerciale florissante mais que préfecture du nord-est du Japon oblige, elle est fortement enneigée l’hiver. Autrefois le quartier commerçant du centre-ville, notamment la rue Naka-Nanokamachi abrite encore de nombreux entrepôts. 

À Masuda, un uchigura à l'intérieur d'un bâtiment traditionnel (avec l’aimable autorisation d’Akitafan.com)
À Masuda, un uchigura à l’intérieur d’un bâtiment traditionnel (avec l’aimable autorisation d’Akitafan.com)

C’est à proximité de ce vieux quartier que se trouve le musée du manga de Yokote Masuda. Après quelques rénovations, il a fait peau neuve pour rouvrir en mai 2019. Avec ses plus de 230 000 œuvres uniques de 179 dessinateurs de mangas, une collection record au Japon, on pourrait presque dire que le musée lui-même est l’un de ces « entrepôts ».

Le musée du manga de Yokote Masuda se trouve à une trentaine de minutes en voiture de la gare de Yokote et à moins de 10 minutes à pied de Nakananokadôri (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda)
Le musée du manga de Yokote Masuda se trouve à une trentaine de minutes en voiture de la gare de Yokote et à moins de 10 minutes à pied de la fameuse rue Naka-Nanokamachi.

La plus grande collection de mangas du Japon

La ville de Masuda a vu naître le célèbre mangaka Yaguchi Takao. Lorsque Tsurikichi Sanpei (en français traduit sous le titre de Paul le pêcheur), le manga qui le rendra célèbre, est sorti en 1973, un grand nombre de Japonais d’un bout à l’autre de l’Archipel se découvrirent soudain une nouvelle passion : la pêche. Le succès de Paul le pêcheur ne s’arrêtera pas aux frontières japonaises puisqu’une version animée sera même diffusée en Italie et en France, ainsi que dans d’autres pays asiatiques. Aujourd’hui encore le manga fait toujours la joie des petits et des grands. Un film d’action a même été tourné à partir du manga en 2009.

Le musée du manga de Yokote Masuda a ouvert ses portes en 1995. Son objectif premier était de transmettre la culture des mangas aux visiteurs du Japon et de l’étranger. Yaguchi Takao a été nommé directeur honoraire du musée. Au début, le complexe abritait également une bibliothèque entre autres installations publiques. Les expositions permanentes et temporaires d’œuvres originales d’artistes célèbres rencontrèrent un succès tel qu’en 2017, le bâtiment fut transformé en un espace consacré à la conservation et à l’exposition des mangas. Des travaux de grande ampleur commencèrent alors.

Sur place, le visiteur pourra en apprendre davantage sur la culture des mangas et le processus de production de ces derniers (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda)
Sur place, le visiteur pourra en apprendre davantage sur la culture des mangas et le processus de production de ces derniers.

Si les mangas eux aussi passent maintenant de plus en plus par la case numérique, autrefois, chaque panneau était dessiné à la main. Ensuite, l’éditeur insérait le texte sur ces panneaux. Enfin le manga était imprimé, relié puis livré. Une fois imprimé, l’artiste le récupérait, et avait pour tâche d’en prendre soin lui-même. Mais les mangas occupaient un espace important. De plus, victimes du temps, les illustrations se décoloreraient ou se détérioreraient si elles n’étaient pas stockées correctement. Des travaux et des dépenses considérables pour l’artiste étaient nécessaires pour permettre un stockage approprié. Et lorsque le créateur mourrait, c’était au tour des membres de la famille l’artiste de prendre en charge la lourde tâche de conservation des œuvres. À court d’espace, les artistes ou leurs familles devaient parfois à regret se séparer de certaines œuvres. Ainsi, comme les estampes ukiyo-e, de nombreux mangas se sont retrouvés dispersés aux quatre coins du monde, vendus à des acheteurs ou à des collectionneurs.

Un panneau de manga avec son texte (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda)
Un panneau de manga avec son texte

Souhaitant réagir, et dans l’espoir de transmettre « la force et la beauté des mangas, et la passion qui anime leurs dessinateurs », Yaguchi Takao n’a pas hésité à faire don de l’ensemble de ses 42 000 dessins au musée. Et il fera des émules, puisque, soucieux de prêter main forte au travail de conservation du musée, d’autres artistes, tels que Higashimura Akiko, auteure de Kuragehime (Princess Jellyfish), firent également don de leurs œuvres. Et c’est ainsi que, petit à petit, la collection s’agrandit pour atteindre le nombre impressionnant actuel de 230 000 pièces, la plus importante de l’Archipel.

Au fur et à mesure, le musée a fini par se concentrer sur la conservation des mangas. Non seulement, il les expose mais il les stocke. Sasaki Haruka, une employé du musée, nous explique ce que représentent pour elle ces mangas : « Pour moi, ces panneaux sont comme une archive de la culture manga, si chère au Japon, et comme une ressource culturelle. Je souhaite transmettre cette culture à la jeune génération. »

Des rangées de tiroirs vitrés remplis de mangas. La température et l’humidité y sont contrôlées pour prévenir la détérioration des œuvres (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda).
Des rangées de tiroirs vitrés remplis de mangas. La température et l’humidité y sont contrôlées pour prévenir la détérioration des œuvres.

Des panneaux de mangas comme vous n’en avez jamais vu

À l’entrée du musée se dresse un imposant montage de différents mangas haut de 10 mètres et large de 7 mètres. Vous êtes tout de suite mis dans l’ambiance !

Le « mur de mangas » : un florilège de panneaux de mangas tous plus incontournables les uns que les autres (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda)
Le « mur de mangas » : un florilège de panneaux de mangas tous plus incontournables les uns que les autres.

Au centre du musée : la collection Manga no Kura, littéralement « entrepôt de mangas » au rez-de-chaussée. Son objectif est double ; préserver les œuvres d’art bien sûr mais également piquer au vif l’intérêt des visiteurs. Pour prévenir la détérioration des épreuves de mangas, la température et l’humidité y sont contrôlées 24h/24. Devant cette attention aux petits soins, les artistes savent que leurs œuvres sont entre de bonnes mains.

Mais la collection Manga no Kura est bien plus que le simple affichage de mangas sur des murs, c’est aussi et surtout le partage et le plaisir des œuvres, ainsi que des informations uniques qui ne se trouveraient pas dans une version imprimée du manga. Un système de tiroirs coulissants superposés les uns sur les autres, avec deux mangas différents, permet au visiteur de lire une histoire tout entière.

La sélection des œuvres exposées dans le système de tiroirs est fréquemment renouvelée (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda).
La sélection des œuvres exposées dans le système de tiroirs est fréquemment renouvelée.

Dans la salle aux archives, qui fait partie du Manga no Kura, les visiteurs sont immergés dans le processus de production du manga. Ils peuvent ainsi observer les futurs mangas en cours de numérisation et même voir de leurs propres yeux quelles mesures sont mises pour empêcher l'oxydation du papier. Les panneaux archivés peuvent être affichés sur des écrans tactiles et agrandis pour montrer les contours du dessin, preuve de modifications, même les plus mineures, aux instructions écrites laissées à l’attention des assistants.

La collection permanente est exposée à la fois sur le mur à côté de la rampe courbe qui relie le premier étage au deuxième et dans une autre partie du musée. Sur ces panneaux pas moins de 74 dessinateurs de mangas sont mis à l’honneur. La sélection est fréquemment renouvelée.

Un écran tactile affichant une image haute résolution d’illustrations de mangas. La numérisation d’un seul panneau prend environ 10 minutes et requiert un personnel qualifié (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda).
Un écran tactile affichant une image haute résolution d’illustrations de mangas. La numérisation d’un seul panneau prend environ 10 minutes et requiert un personnel qualifié.

La sélection des panneaux de la collection permanente est fréquemment renouvelée (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda)
La sélection des panneaux de la collection permanente est fréquemment renouvelée.

Transporter les visiteurs dans un autre monde

Ici, tout est fait pour plonger le visiteur dans le monde du manga. Tout d’abord, parce qu’ils sont partout ; des couloirs aux murs, absolument partout. Le visiteur pourra ainsi se promener dans la « Line Alley », au gré des bulles de dialogues extraites de scènes connues et de répliques célèbres de personnages de mangas. Dans le même esprit, un canapé, ou plutôt plusieurs sièges, en forme de katakana signifiant une onomatopée fréquemment utilisée dans les mangas, semble presque vous inviter à prendre un selfie à la manière d’un vrai personnage. Très prisé des visiteurs, il fait le buzz sur Instagram.

Promenez-vous dans la « Line Alley »… (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda)
Promenez-vous dans la « Line Alley », composée de différentes répliques célèbres de mangas.

…pour venir vous asseoir et prendre la pose sur ce canapé imitant les caractères d’un cri d’excitation dans un manga (avec l'aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda).
Et venez vous asseoir et prendre la pose sur ce canapé imitant les caractères d’un cri d’excitation (qui peut se lire « Woooh !! ») que l’on peut souvent voir dans un manga.

Si une pause s’impose, un café vous attend au premier étage. Là aussi, les mangas sont omniprésents ; sous forme de tableaux peints ou encore de bulles de dialogue sur les murs… mais également dans la nourriture ! Les snacks, desserts et boissons sont présentés de façon à rappeler les plus célèbres mangas.

Ce café n’a pas son pareil pour la présentation de ses plats (avec l’aimable autorisation du musée du manga de Yokote Masuda).
Ce café n’a pas son pareil pour la présentation de ses plats 

Musée du manga de Yokote Masuda

  • Adresse : 285 Masuda, Shinmachi, Masuda-machi, Yokote, Akita-ken
  • Accès : 30 minutes en voiture depuis la gare de Yokote
  • Heures d’ouverture : 10 h – 18 h (dernière admission à 17 h 30)
  • Fermé le troisième mardi du mois (en cas de jour férié, le musée est fermé le lendemain).
  • Entrée gratuite
  • Brochures disponibles en anglais et français également

(Photo de titre : panneaux du manga Paul le pêcheur. Toutes les photos sont avec l’aimable autorisation du Musée du manga de Yokote Masuda, sauf mention contraire.)

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