Les trésors nationaux du Japon : un équilibre entre la préservation de la culture et la promotion du tourisme

Culture

Fin 2022, le Musée national de Tokyo a fêté ses 150 ans. L’édifice tenait à marquer le coup, et en grande pompe. Une exposition de grande envergure a été organisée spécialement pour l’occasion, réunissant pour la première fois tous les « trésors nationaux » du musée, et attirant plus de 350 000 visiteurs. Justement, apprenons-en un peu plus sur les « trésors nationaux » du Japon : de quoi s’agit-il ? Quelle est leur histoire et quels enjeux impliquent-ils ? Un éminent professeur d’art moderne nous explique.

Des trésors irremplaçables de la nation

L’université où je suis professeur se trouve en plein cœur du parc d’Ueno, qui abrite déjà un certain nombre de musées et de galeries d’art de renom. Récemment, les voyages scolaires ont repris au Japon, tout comme le tourisme étranger, succédant à une longue période de repos forcé pour de nombreux musées, en raison de la pandémie de coronavirus.

Avant la crise sanitaire, le terme « tourisme entrant » (inbound tourism). était devenu un élément clé de la politique culturelle du gouvernement. Il fallait chercher des moyens pour attirer davantage de visiteurs dans les musées et autres lieux de culture artistique. Très vite les étiquettes qui donnent des informations sur les œuvres ont été traduites en anglais et dans d’autres langues. Et là, j’ai remarqué que sur bon nombre d’entre elles, on pouvait lire le terme « trésors nationaux ». Dans de nombreux cas, l’expression a certainement permis de renforcer le sentiment de fierté chez les touristes japonais, leur donnant envie à eux aussi de partir à la recherche de ces œuvres d’art qui ont été appelées trésors.

Je ne me souviens pas avoir vu de telles nomenclatures utilisées dans des musées, pas même dans des pays occidentaux. À tout le moins, parmi les grandes puissances économiques mondiales, je ne pense pas avoir vu un autre pays utiliser une sélection officielle d’objets appartenant au patrimoine national, sélectionnés par le gouvernement lui-même, dans le cadre de sa politique pour promouvoir le tourisme. Quel système se cache derrière cette catégorie dite de « trésors nationaux » ? Quelles sont ses origines ?

La Loi pour la protection des biens culturels, aujourd’hui toujours en vigueur, a été adoptée en 1950. L’Article 27 stipule que le ministre de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT) est autorisé à désigner un « bien culturel important » en tant que tel. Sur le document, il est écrit : « Parmi les biens culturels importants, le ministère peut désigner comme “trésors nationaux” des objets d’une grande valeur du point de vue de la culture mondiale, en tant que trésors irremplaçables de la nation. »

Il est bien évident que ce choix n’est pas sujet aux caprices du ministre en exercice. Des chercheurs de l’Agence des affaires culturelles dresse une liste de trésors nationaux potentiels. Après quoi, cette liste fera l’objet de discussions par le Conseil des affaires culturelles, une commission d’experts de différents domaines, notamment les arts, l’architecture et l’histoire culturelle, qui émettent leurs propres recommandations au ministre. De cette façon, chaque année, de nouveaux objets viennent grossir la liste.

Un cachet utile

La désignation d’une œuvre comme trésor national a pour but de protéger ladite œuvre de la détérioration, de la dispersion, voire de la perte par le pays, dans le cas où elle serait vendue à l’étranger. Une fois une désigné trésor national, l’objet doit être entretenu de manière appropriée, et une autorisation formelle doit être obtenue auprès du ministre de la Culture avant tout déplacement. Et aucun trésor national ne saurait être vendu à l’étranger.

Ces dernières années, la politique du gouvernement, qui était plutôt axée sur la protection seule des biens culturels, s’est orientée vers une nouvelle stratégie qui aurait plutôt pour objectif d’exploiter le potentiel économique et de soft power de ses biens culturels en multipliant les opportunités de les présenter dans des expositions. Pendant de nombreuses années, la durée pendant laquelle les trésors nationaux et autres biens culturels pouvaient être exposés faisait l’objet d’une réglementation stricte. Généralement, cette durée n’excédait pas 60 jours par an. L’Agence des affaires culturelles a révisé cette régulation en 2018, cherchant un meilleur équilibre entre le double objectif de protection des biens culturels de la nation et l’exploitation de leur potentiel économique. Selon ses nouvelles régulation, les peintures à l’huile et les œuvres d’art réalisées avec des matériaux durables, tels que la pierre ou le métal peuvent maintenant être exposées jusqu’à 150 jours par an.

Il est généralement admis que le cachet de la désignation « trésor national » bénéficie à différents domaines, que ce soit la régénération des communautés régionales, le tourisme ou les efforts visant à faire rayonner le Japon dans le monde entier.

Le Musée national de Tokyo a pris la décision plutôt inhabituelle de prolonger l’exposition de l’année dernière d’une semaine, afin de permettre à davantage de visiteurs d’admirer ces trésors. Auparavant, une telle décision aurait été impensable. Il s’agit d’un moment symbolique du passage de la préservation des biens culturels à la maximisation de leur valeur éducative et économique.

En 2021, le sujet dont nous parlons a fait les gros titres lorsqu’un certain nombre de pièces du musée des collections impériales ont été désignés trésors nationaux, notamment Dôshoku Sai-e (Royaume coloré des êtres vivants) du peintre du XVIIIe siècle Itô Jakuchû (1716-1800) et une peinture sur écran de Karajishi-zu (Lions chinois) de Kanô Eitoku (1543-1590). Autrefois, les œuvres d’art et autres biens culturels, issus de collection de la maison impériale ne pouvaient pas être désignés trésors nationaux car ils étaient suffisamment admirés et il n’y avait aucun danger qu’ils soient dispersés ou vendus hors des frontières de l’Archipel. Et le fait même qu’une décision ait été prise pour reconnaître ces objets trésors nationaux atteste du changement de l’évolution de la pensée du gouvernement qui entend bâtir la réputation du Japon en tant que destination de choix pour le tourisme international.

Luth biwa à cinq cordes en bois de rose avec incrustation de nacre. Pièce issue de la collection de la réserve du Shôsô-in (© Jiji [archive])
Luth biwa à cinq cordes en bois de rose avec incrustation de nacre. Pièce issue de la collection de la réserve du Shôsô-in (© Jiji [archive])

Pour des raisons qui demeurent peu claires, seules les œuvres d’art du Musée des collections impériales ont été sélectionnées pour être désignées trésor national. Les trésors culturels de la réserve du Shôsô-in, qui est également administré par l’Agence de la maison impériale, ne font donc pas partie de cette sélection. Les trésors de cette collection, notamment une aiguière laquée de style persan et un luth biwa à cinq cordes avec incrustation de nacre, seraient immédiatement reconnaissables pour des millions de personnes dans le pays, leurs photos illustrant souvent un grand nombre de manuels scolaires sur l’histoire du Japon. À n’en pas douter, d’aucuns considèrent ces pièces comme des « trésors nationaux » selon le critère des « objets d’une grande valeur du point de vue de la culture mondiale pouvant être décrits comme les trésors irremplaçables de la nation ». La raison pour laquelle, à ce jour, aucun objet de la collection du Shôsô-in n’a eu l’honneur de recevoir cette désignation est peut-être simplement d’ordre pratique. La collection abritant quelque 9 000 œuvres d’art d’une valeur inestimable, la catégorisation de toutes ces œuvres est un processus laborieux, notamment en raison d’une coordination nécessaire entre l’Agence de la maison impériale et l’Agence pour les affaires culturelles.

Les stratégies de protection de la culture de l’ère Meiji

Avant d’en dire davantage sur la situation actuelle, permettez-moi de vous rappeler brièvement les grandes lignes de l’histoire des politiques gouvernementales modernes pour la protection des biens culturels du pays.

La première utilisation du terme « trésor national » (kokuhô en japonais) date du XIXe siècle, époque des réformes de modernisation introduites par le gouvernement Meiji. Kuki Ryûichi est le premier à utiliser ce terme. Il diligentait alors une enquête à l’échelle du pays tout entier sur les biens culturels en tant que président d’un comité gouvernemental nouvellement créé, et plus tard premier directeur général du Musée impérial (aujourd’hui Musée national de Tokyo). Dans un discours prononcé en janvier 1889, Kuki Ryûichi se fait l’avocat de l’importance d’étudier l’histoire des œuvres d’art. Lui, ou encore Okakura Tenshin, un de ses proches collaborateurs dans le domaine de la politique culturelle, avaient été profondément choqués par l’iconoclasme anti-bouddhique (en japonais haibutsu-kishaku) qui s’était emparé de l’Archipel dans les premières années de l’ère Meiji (1868-1912), menant à la destruction d’innombrables trésors de l’art bouddhique. Kuki Ryûichi et Okakura Tenshin avaient à cœur de réparer autant qu’ils le pouvaient les dégâts causés. C’est ainsi qu’ils mirent en en place un nouveau système pour la protection du patrimoine culturel du pays, pour eux, digne d’un État moderne.

En 1897, grâce à leur dévouement total et à leur travail acharné, la Loi sur la préservation des sanctuaires et des temples anciens est adoptée. Commencent alors à être désignés « trésors nationaux » des objets jugés « particulièrement précieux pour leur importance historique ou en tant que modèles artistiques ». Ainsi, en 1929, est rédigée la Loi sur la préservation des trésors nationaux, révisée après la guerre pour devenir la Loi sur la protection des biens culturels. Ce texte est toujours en vigueur aujourd’hui. Il est important de souligner un point dans ce contexte. On dit parfois que très peu de textes législatifs, dans le droit japonais moderne, n’ont pas été modelés sur un précédent texte en vigueur dans un pays occidental. Mais les lois régissant la protection des biens culturels sont une exception. Elles ont été patiemment rédigées par tâtonnements, fruit d’essais et d’erreurs. Mais cela prend toute son importance, car cela signifie que le Japon bâtit de lui-même les bases de son statut de puissance culturelle.

Comme le suggère le discours de Kuki Ryûchi évoqué ci-dessus, la fin du XIXe siècle est une période tourmentée pour le Japon dans le domaine culturel. L’Archipel adoptera finalement une stratégie de « défense culturelle », cherchant à protéger son patrimoine traditionnel de la concurrence internationale. Si le Japon n’épargnait aucun effort pour rattraper les puissances occidentales sur le plan diplomatique et économique, il cherchait également désespérément à mettre en place un système de lois permettant de mettre un terme aux nombreuses fuites de biens culturels du pays. Par ailleurs, en exportant de façon appropriée des chefs-d’œuvre exceptionnels de l’art et de l’artisanat japonais, le gouvernement avait à cœur de transformer la culture traditionnelle de sorte qu’elle contribuerait à la puissance nationale et au prestige du Japon dans le monde entier.

Le passage de termes plus anciens tels que « antiquités et biens culturels anciens » à « trésors nationaux » s’est fait progressivement, de la fin des 1880 vers le début des années 1890. Cette période coïncide avec la naissance du Japon en tant qu’État-nation moderne. Pendant l’époque d’Edo (1603–1868), la plupart de ces trésors nationaux appartenaient à des temples, la noblesse traditionnelle, et à d’autres familles de particuliers. Les désigner « trésors nationaux » alors qu’ils restaient entre les mains des mêmes propriétaires était un gage de la solidité de l’administration culturelle du gouvernement et aussi et surtout montrait au peuple que des systèmes nationaux modernes étaient bel et bien en train d’être mis en place. Le fait que les biens appartenant à des collections de la famille impériale aient été exclus du statut de trésors nationaux était parfaitement logique selon ce système, puisque l’appareil d’État tout entier s’articulait autour de l’empereur et de sa famille. Et de surcroît, le fait qu’une décision ait été prise pour perpétuer ce système en tant que « pratique établie de longue date » lorsque la Loi sur la protection des biens culturels a été mise en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale reflète le point de vue selon lequel, malgré tous les récents bouleversements, le pays tenait à maintenir le système impérial en place sous une forme renouvelée d’après-guerre, avec l’empereur en tant que symbole de la nation.

Exceptions

Depuis mars 2023, au total, 13 377 œuvres d’art ont reçu le statut de biens culturels importants, dont 1 132 trésors nationaux. Est-ce que ce nombre est élevé ? Certes, il ne représente qu’une proportion infime des œuvres d’art qui pourraient être raisonnablement désignées comme ayant une « grande valeur du point de vue de la culture mondiale », comme nous l’avons vu ci-dessus avec la non-inclusion des trésors da la collection de Shôsô-in. Mais en même temps, si le nombre de trésors nationaux continue d’augmenter indéfiniment, nous en arriverons à un point où il n’y aura tout simplement plus assez de main-d’œuvre ou de fonds pour gérer la charge de travail nécessaire à la préservation des trésors nationaux.

Le nombre de trésors nationaux potentiels augmente d’autant plus si vous prenez en compte le fait que, dans mon domaine qui est l’art moderne (période définie comme s’étendant depuis l’ère Meiji jusqu’à nos jours), pas une seule œuvre n’a été désignée trésor national. L’œuvre d’art la plus récente à avoir reçu cet honneur est le Takami Senseki zô (Portrait de Takami Senseki), une peinture de Watanabe Kazan, datant de 1837. Il y a une exception à cela ; il s’agit de la Maison des hôtes d’État du Palais d’Akasaka (Geihinkan), construite en 1909, reconnue comme trésor national pour son architecture exceptionnelle.

Initialement, les lois sur la protection des biens culturels ont été introduites entre la deuxième moitié du XIXe et les premières décennies du siècle suivant. À cette époque, un consensus définissait quelles étaient les plus belles œuvres d’art depuis une période s’étendant à partir du milieu de l’époque d’Edo, mais pas encore pour toutes les œuvres créées après le XVIIIe siècle. Il a donc été décidé que les œuvres récentes seraient purement et simplement exclues. Des artistes de gravure sur bois tels que Hokusai ou encore Hiroshige, contemporains de Watanabe Kazan, rencontraient déjà un grand succès à l’étranger, où ils exerçaient une influence considérable sur les artistes impressionnistes notamment. Cependant, le Japon, qui se modernisait peu à peu, avait tendance à se désintéresser des estampes traditionnelles ukiyo-e et d’autres formes d’art populaire de l’époque d’Edo. Les œuvres de ces artistes n’ont jamais été véritablement sérieusement envisagées comme chefs-d’œuvre de l’art japonais, aux côtés des autres trésors nationaux de l’Archipel.

Lorsque la nouvelle loi est entrée en vigueur après la guerre, plus de 80 années s’étaient écoulées depuis la Restauration de Meiji. Avec les changements dramatiques qui avaient eu lieu à cette époque, un certain nombres d’œuvres de l’ère Meiji ont été désignées « biens culturels importants ». Parmi ces œuvres figurent notamment Hibo kannon de Kanô Hôgai (avec Avalokitesvara en tant que mère miséricordieuse). Hakuun kôju (Nuages blancs avec feuilles d’automne) de Hashimoto Gahô, et Oiran (La courtisane) et Sake (Saumon) de Takahashi Yuichi.

L’exposition Secrets des biens importants nationaux a ouvert ses portes jusqu’au 14 mai dernier, réunissant pas moins de 51 œuvres (sur un total de 61) modernes qui ont été désignées « biens culturels importants » dont 17 issues de la collection permanente du musée lui-même. Les visiteurs peuvent tester leurs capacités à prévoir l’avenir et essayer de deviner quelles œuvres d’art de l’ère Meiji seront désignées trésors nationaux dans les années à venir.

Les trésors nationaux : passé, présent et futur

Dans cet article, nous avons passé en revue les systèmes en place pour le processus de désignation des trésors nationaux et retracé leur historique. Ces systèmes législatifs, qui ont connu de nombreuses évolutions, ont joué à coup sûr un rôle utile dans la protection du patrimoine artistique du Japon et dans la sensibilisation du public à reconnaître les œuvres d’art exceptionnelles. Mais attention, ce serait une grave erreur d’en faire un fétiche. Il existe une tendance regrettable à se demander si telle ou telle œuvre est un « trésor national » ou non, et à l’évaluer uniquement sur la base de ce critère plutôt arbitraire. La désignation d’une œuvre « trésor national » des siècles après sa réalisation ne nous renseigne en rien sur l’inspiration qui a poussé son créateur à la réaliser. Et pour le spectateur, le fait qu’une œuvre d‘art ait été désignée trésor national a tendance à encourager les idées préconçues qui empêchent une évaluation impartiale de l’œuvre et d’autres de l’apprécier.

Prenons un exemple parmi les œuvres d’art de la collection de la Maison impériale qui ont été récemment désignées « trésors nationaux ». Assurément, le Royaume coloré des êtres vivants d’Itô Jakuchû est une magnifique série de peintures. Mais la valeur intrinsèque de l’œuvre n’est pas définie par le fait qu’elle soit ou non désignée « trésor national ». La famille de Jakuchû était grossiste sur un marché de légumes à Kyoto. Mais il choisira plus tard une autre voix. Pendant une dizaine d’années, il se consacra pleinement au 30 rouleaux suspendus et choisit d’en faire don au temple Shôkoku-ji en tant qu’offrande pour le salut de son défunt père et d’autres membres de sa famille. L’acte de création a dû être un effort spirituel et créatif, mobilisant une grande quantité d’énergie, semblable à la prière elle-même.

Pendant de nombreuses années, ses œuvres furent exposées dans la salle de prière principale du temple, en tant que trésors de l’édifice. il fallut attendre 1889 pour qu’il en soit fait don, alors que le temple peinait à se remettre des ravages subis pendant la ferveur nationaliste anti-bouddhiste des années qui suivirent la Restauration. Le temple reçut une certaine somme en guise de remerciement pour ce don. Grâce à cet argent, le temple Shôkoku-ji put se remettre des ravages causés par cette frénésie iconoclaste. Les rouleaux se firent plus tard connaître en tant que trésors nationaux (gyobutsu). Ils étaient même parfois exposés aux visiteurs. Le grand écrivain de l’ère Meiji, Natsume Sôseki, qui est lui aussi venu admirer les 30 rouleaux, les évoque fréquemment dans ses ouvrages.

Mais ce n’est que ces 20 dernières années qu’Itô Jakuchû est devenu un artiste grand public au Japon. Il ne faut pas oublier que cette popularité, l’artiste la doit aux efforts du Musée des collections impériales, qui a conservé avec le plus grand soin les œuvres et les a régulièrement exposées au public. C’est également grâce au Musée des collections impériales que la valeur inestimable de ses œuvres a pu enfin être reconnue par un si large public.

En 2012, la série des 30 rouleaux suspendus du Royaume coloré des êtres vivants peint par Itô Jakuchû à la National Gallery of Art de Washington DC. C’était la première fois que l’œuvre était exposée dans sa totalité en dehors des frontières de l’Archipel. Photo prise le 26 mars 2012 (© AFP/Jiji).
En 2012, la série des 30 rouleaux suspendus du Royaume coloré des êtres vivants peint par Itô Jakuchû à la National Gallery of Art de Washington DC. C’était la première fois que l’œuvre était exposée dans sa totalité en dehors des frontières de l’Archipel. Photo prise le 26 mars 2012 (© AFP/Jiji).

Malgré les nombreux points positifs de ce système, je ne peux m’empêcher d’émettre quelques réserves quant au concept de « trésors nationaux » dans sa totalité. Les « trésors irremplaçables de la nation » ne sont assurément pas limités aux œuvres officiellement reconnues comme des chefs-d’œuvre au regard de la loi. Il incombe au gouvernement la responsabilité d’élaborer des stratégies qui garantiront un filet de sécurité non seulement pour un petit nombre de trésors nationaux mais également pour tout le patrimoine artistique et culturel japonais. De la même façon, en tant que citoyens, il serait erroné de nous contenter des trésors nationaux choisis en notre nom par un comité d’experts du gouvernement. Au contraire, nous devrions partir à la recherche de nos propres « trésors nationaux », les chérir et en prendre le plus grand soin pour les générations futures. C’est une vision qui, à mon sens, nous rapprochera du type de pouvoir culturel qui sert les besoins de plus en plus éclectiques du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

(Photo de titre : l’empereur Naruhito et son épouse l’impératrice Masako au Musée national de Tokyo en compagnie de leur fille la princesse Aiko, à l’occasion de l’Exposition spéciale des trésors nationaux, pour le 150e anniversaire du musée, le 24 novembre 2022. Jiji)

tourisme patrimoine culture musée