Les générations au Japon : sept périodes de la fin de la guerre à aujourd’hui

Société Histoire

Voici un récapitulatif de la manière dont le Japon nomme ses différentes générations et comment celles-ci sont vues par la société.

La génération du baby-boom : nés entre 1947 et 1949

C’est la première génération des enfants du baby-boom, nés juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils font l’expérience à la fois de la brusque croissance économique de la première période d’après-guerre et de celle de la période de la bulle financière. Ceux qui sont allés à l’université y étudient au moment de l’apogée du radicalisme étudiant à la fin des années 1960.

L’expression japonaise pour désigner cette génération, dankai no sedai, provient du titre d’un roman par l’auteur et économiste Sakaiya Taichi. En raison de l’importance en nombre de ce groupe, il a eu un effet considérable aussi bien sur l’emploi que sur la consommation et la politique nationale. Comme ses membres sont actuellement septuagénaires, des inquiétudes sont  formulées sur l’augmentation des coûts de protection sociale du pays.

La génération de la nouvelle espèce : nés dans les années 1960

L’appellation de cette génération, shin-jinrui (nouvelle espèce), a été utilisée pour la première fois par l’économiste et anthropologue Kurimoto Shin’ichiro, du fait des différences apparemment incompatibles entre la façon de penser de ses membres et celle des générations précédentes. Au moment de leur entrée à l’université, le mouvement étudiant s’était éteint de lui-même et il ne subistait plus aucun enthousiasme pour l’activisme politique.

L’économie était en bonne forme lorsqu’ils étaient adultes et, n’ayant connu ni les temps de guerre ni les privations qui les ont suivis, ils sont souvent critiqués comme étant trop gâtés, abandonnant facilement en cas de difficulté et manquant de sens commun. Actuellement dans la cinquantaine, ils dirigent les mêmes critiques à la plus jeune génération de l’éducation relaxe (voir plus bas).

La génération de la bulle : nés entre 1965 et 1969

Cette génération est entrée dans le monde du travail lorsque la bulle financière était à son apogée (entre 1987 et 1991). « Pouvez-vous vous travailler d’arrache-pied pendant 24 heures ? » questionnait une célèbre publicité télévisée pour une boisson énergisante. On considérait alors non seulement acceptable, mais comme parfaitement normal, le fait de travailler de longues heures et d’aller ensuite à des repas ou des activités de loisirs comme le golf et le mahjong en relation avec les affaires.

La Loi sur l’égalité des chances dans l’emploi a pris effet en 1986. Elle a fourni aux femmes un plus grand potentiel en vue de forger elles-mêmes leur carrière, plutôt que de quitter leur emploi après leur mariage, selon le schéma de vie traditionnel.

La génération de la période glaciaire de l’emploi : nés entre 1971 et 1982

Cette génération est également connue sous l’appellation de « génération perdue ». L’expression « période glaciaire de l’emploi » est apparue pour la première fois en novembre 1992 dans une publication pour les recrutements et a été remarquée comme un des mots les plus en vogue pour 1994. Cette période s’étend de la seconde moitié des années 1990 jusqu’au milieu de la première décennie du siècle nouveau.

Les jeunes de cette génération étaient à l’université lorsque la bulle financière a éclaté, aggravant encore la situation économique. Les entreprises ont cessé de recruter, et il leur a été impossible d’obtenir des positions comme employés réguliers à plein temps. Un grand nombre d’entre eux a donc dû se contenter de contrats provisoires ou de travaux sur déplacement. Même ceux qui ont pu trouver un travail à temps complet n’ont pas bénéficié des occasions nécessaires pour réussir leur carrière durant cette crise économique alors que les affaires étaient au plus bas et les réductions des coûts endémiques.

Cette génération est à présent à la fin de la trentaine et dans la quarantaine et nombre de ses membres sont encore des employés non-réguliers mal payés. Les inquiétudes sur leur isolement social ont conduit le gouvernement à promettre un soutien en vue d’aider ces personnes à trouver des emplois plus stables et réguliers.

(Voir également notre article : La « période glaciaire de l’emploi » au Japon : les difficultés de ses survivants)

La génération du second baby-boom : nés entre 1971 et 1974

Les enfants du premier baby-boom (dankai junior) ont formé un second baby-boom, se superposant avec la génération de la période glaciaire de l’emploi.

La génération de l’éducation relaxe : nés entre 1987 et 2004

Cette génération a été à l’école alors que l’éducation était en train de se transformer, passant du bachotage à une approche plus relaxe, dite yutori, avec des changements comme un temps d’étude réduit. À la différence des plus jeunes générations, ses membres ont accordé plus d’importance à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée plutôt que de tenter de grimper l’échelle dans l’entreprise et de se tuer au travail à force d’heures supplémentaires. Ils préfèrent passer du temps en famille ou avec des amis, décevant souvent leurs patrons désireux d’aller boire avec eux.

Cette génération est également considérée comme moins matérialiste, sans désir pour les produits de marque et les voitures rapides de leurs aînés.  Leur tendance à toujours rechercher un accord ou un consensus peut décevoir les membres de la génération de la bulle qui sont beaucoup plus individualistes.

(Voir également notre article : Retour sur le débat autour de l’éducation « yutori »)

La génération des millenials : nés à partir des années 1980

Le Japon a adopté le terme américain millennials pour la génération qui a commencé à travailler à partir de l’an 2000, bien qu’elle se superpose en majeure partie avec la génération de l’éducation relaxe.

(Photo de titre : Pixta)

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