Les plus jeunes et les plus habiles : gros plan sur les gouverneurs d’Osaka et de Hokkaidô et leur gestion de la crise du Covid-19
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Venant chacun d’horizon extrêmement différent, Suzuki Naomichi et Yoshimura Hirofumi ont pourtant un point commun : le fait de gérer habilement l’épidémie de coronavirus dans leur région.
Suzuki Naomichi, le gouverneur de la préfecture de Hokkaidô, s’est fait connaître dans les médias assez tôt, car dès le 26 février, c’est lui qui a ordonné le premier la fermeture de toutes les écoles primaires et des collèges publics de la préfecture. Continuant sur sa lancée, deux jours plus tard, il publiera une déclaration d’urgence routière, appelant la population à éviter toute sortie inutile. Cette prise de décision rapide fera connaître son nom dans tout l’Archipel, et même au-delà. En Asie, notamment en Chine et à Taïwan, il est même surnommé le « beau gouverneur ».
De l’autre côté, il y a Yoshimura Hirofumi, gouverneur de la préfecture d’Osaka. Son nom apparaît dans les journaux à peu près autant que celui de la gouverneure de Tokyo, Koike Yuriko. Réagissant à la découverte de plusieurs foyers d’infection dans quatre salles de concert de la ville, le gouverneur décide de jouer la carte de la transparence. Ainsi, soucieux d’endiguer la propagation du virus au plus vite, il rend alors public le nom des préfectures d’où étaient originaires les personnes qui se sont rendues dans ces établissements. Et il ne s’arrêtera pas là. Montrant qu’il sait agir promptement, il appelle la population d’Osaka à ne pas se rendre dans celle voisine de Hyôgo pendant le long week-end de trois jours du vendredi 21 au dimanche 23 mars.
Puis, le 5 mai, le lendemain de l’annonce du gouvernement de prolonger l’état d’urgence, la deuxième métropole nippone, elle, décide d’agir indépendamment. Elle annonce alors son « modèle d’Osaka » en autorisant progressivement, et sous certaines conditions, la population à sortir à nouveau et les entreprises à reprendre leur activité. Avec son allure intrépide, ce gouverneur qui ne mâche pas ses mots, a le vent en poupe. Sur les réseaux sociaux, un hashtag lui a même été consacré, #yoshimuranero (« Dors, Yoshimura »), faisant allusion aux cernes marquées sous ses yeux...
Ces deux gouverneurs ont de nombreux points communs. Âgé de seulement 39 ans, Suzuki Naomichi, le gouverneur de la préfecture de Hokkaidô est le plus jeune gouverneur de l’Archipel, suivi de son homologue de la préfecture d’Osaka, âgé de 44 ans. Et surtout, ils ont été élus en avril 2019, et donc tous deux frappés de plein fouet par la pandémie de coronavirus à peine un an après leur entrée en fonction.
Qui sont les gouverneurs Suzuki Naomichi et Yoshimura Hirofumi ?
Suzuki Naomichi Gouverneur de la préfecture de Hokkaidô | Yoshimura Hirofumi Gouverneur de la préfecture d’Osaka | |
---|---|---|
Date d’entrée en fonction | 23 avril 2019 | 8 avril 2019 |
Fonction précédente | Maire de Yûbari (préf. Hokkaidô) | Maire d’Osaka |
Parti politique | Indépendant | Association pour la restauration d’Osaka (représentant par intérim) |
Date de naissance | 14 mars 1981 | 17 juin 1975 |
Préfecture d’origine | Saitama | Osaka |
Cursus universitaire | Faculté de droit, Université Hôsei | Faculté de droit, Université de Kyûshû |
Première fonction | Employé du gouvernement métropolitain de Tokyo (à la sortie du lycée) | Avocat |
Situation familiale | Marié, sans enfants | Marié, trois enfants (un fils et deux filles jumelles) |
Activités sportives | Capitaine du club de boxe (université) | Club de rugby (lycée) |
Devise | « Perdre de l’argent, c’est peu. Perdre l’honneur, c’est beaucoup. Mais perdre courage, c’est tout perdre. » | « Ouvrir la voie où volonté il y a. » |
Le gouverneur Yoshimura a fréquenté le prestigieux lycée Ikuno d’Osaka et a réussi l’examen du barreau au cours de son année de remise des diplômes à l’université. En 2011, il se lance en politique et devient membre du conseil municipal d’Osaka. En 2014, il remporte l’élection à la Chambre des représentants et se consacre aux affaires nationales. Pour une courte durée cependant, puisqu’après le départ du représentant de l’Association pour la restauration d’Osaka et maire de la même ville Hashimoto Tôru, c’est son amour pour sa préfecture qui cette fois-ci l’emporte. Avec en tête de transmettre les idées du maire sortant, il n’hésite pas à se présenter aux élections municipales et succède à Hashimoto Tôru au poste de maire d’Osaka. Dévoué à sa préfecture natale, sa devise est « Je veux emmener Osaka plus loin ! »
Aux antipodes, il y a le gouverneur de la préfecture de Hokkaidô, Suzuki Naomichi. Contrairement à son homologue de la préfecture d’Osaka, il n’a pas fréquenté d’établissements scolaires prestigieux et son parcours est loin d’avoir été simple. Suite au divorce de ses parents, sa situation financière le contraint à renoncer à son rêve d’entrer à l’université, tout du moins pour un temps. En 1999, fraîchement sorti du lycée, il commence à travailler comme employé au gouvernement métropolitain de Tokyo. Travailleur acharné, il suit les cours du soir à l’université Hôsei, et trouve même le temps pour être capitaine du club de boxe. Il obtient son diplôme en quatre ans. En 2008, il est détaché dans la ville de Yûbari, dans la préfecture de Hokkaidô, alors en situation de faillite. Son mandat ne devait durer qu’un an, mais il sollicite de lui-même une seconde année et se donne corps et âme à la promotion la région. Après son retour au gouvernement métropolitain de Tokyo, il est affecté au département des affaires générales du siège du gouverneur de Tokyo et détaché au bureau du gouvernement. Cependant, lui aussi choisira un autre chemin. Son amour pour la ville de Yûbari a été plus fort et répondant à l’appel de la population locale, il se présente aux élections municipales et les remporte. Il vient tout juste d’avoir 30 ans.
À peine entré en fonction, il marque les esprits ; il réduit son propre salaire de 70 % et supprime sa prime de départ à la retraite et ses dépenses personnelles de divertissements. Avec un revenu annuel de 2,5 millions de yens, il est décrit comme le « gouvernement local avec le salaire le plus bas au Japon ». Visant une ville plus compacte et tout en recherchant des options de transport alternatives, il propose de lui-même à la compagnie ferroviaire JR de supprimer les lignes de train les moins fréquentées. Le gouverneur Suzuki entend reconstruire Hokkaidô grâce à la production et à la vente des melons de Yûbari. Une nouvelle fois, après son élection au poste de gouverneur de la préfecture Hokkaidô, il sollicite de lui-même une réduction de 30 % de son salaire et de son allocation de départ en retraite.
Très distincts dans leur personnalité, ces deux gouverneurs partagent toutefois la même volonté de protéger la vie de leur population et donner à cette dernière les moyens de le faire. Animés de la même détermination, tous deux ont su faire la différence grâce à leur pouvoir de décision et à leur dynamisme sans pareil.
(Photo de titre : à gauche, le gouverneur Suzuki Naomichi de Hokkaidô, et le gouverneur Yoshimura Hirofumi d’Osaka. Jiji Press)