Japan Data

La langue japonaise est une barrière pour de nombreux réfugiés ukrainiens

International Le japonais

Un sondage révèle que pour un grand nombre de réfugiés ukrainiens, la langue japonaise est extrêmement difficile. Nous nous sommes entretenus avec certains d’entre eux à ce sujet.

Plus d’un an après le début de l’invasion russe en Ukraine, tandis que la plupart des hommes ukrainiens ont choisi de rester dans leur pays pour le défendre, un grand nombre de réfugiés, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont dû fuir à l’étranger. À un moment donné, ils étaient près de 15 millions. Le Japon en a accepté près de 2 300 jusqu’à maintenant (à la date de mi-février 2023).

Différents sondages menés par la Nippon Foundation, qui prend en charge les frais nécessaires à leur venue au Japon et dans la vie quotidienne, révèle que la langue japonaise représente une barrière qui les empêche de communiquer correctement avec les Japonais. On constate néanmoins une certaine amélioration depuis le premier sondage en juillet 2022 et celui-ci mené six mois plus tard, au mois de décembre. Le pourcentage de personnes ne parlant presque pas japonais lors du premier sondage est passé de 68 % à 47 %. De la même façon, le pourcentage de personnes comprenant seulement le japonais de base a lui aussi augmenté.

80 % des personnes interrogées ont néanmoins confié qu’elles avaient toujours des difficultés avec les conversations de tous les jours.

La langue japonaise : véritable barrière pour les réfugiés ukrainiens

Le 20 février, la Nippon Foundation a reçu quatre réfugiés ukrainiens dans ses bureaux pour discuter de ce problème.

Olha Udovenko est arrivée au Japon en mars 2022, alors qu’elle était enceinte de six mois. Elle était accompagnée de sa belle-mère et de son fils de trois ans, et a donné naissance à une petite fille quelques mois plus tard, en juillet. Elle parle anglais couramment mais a toujours de grosses difficultés en japonais, une langue qui lui était totalement inconnue avant son arrivée dans le pays.

« Je peux seulement avoir des conversations extrêmement simples avec des Japonais, donc je n’utilise le japonais que dans les magasins, à l’hôpital ou à la crèche », explique-t-elle.

Olha emmène avec fille à ses cours de japonais, qu’elle prend deux fois par semaine, en plus d’étudier par elle-même.

 Des réfugiés ukrainiens parlent du Japon.
Des réfugiés ukrainiens parlent du Japon.

Yuliia Vatsyk, qui est arrivée au Japon au mois d’octobre, est étudiante à l’université de Tsukuba. Elle explique que la langue japonaise n’étant pas une langue européenne, les apprenants ukrainiens n’ont aucune base commune pour se créer facilement des phrases.

« L’apprentissage du vocabulaire de base est difficile, tout comme celui des idéogrammes kanji. »

« J’avais appris à dire sumimasen pour m’excuser mais un ami japonais m’a expliqué qu’on pouvait aussi dire gomen dans des situations plus relâchées » dit-elle.

En tant qu’étudiante, davantage de possibilités s’offrent à elle. Dans son université, Yuliia a formé un club pour les personnes qui souhaitent regarder des films d’animation japonais avec des sous-titres en anglais.

Yuliia Vatsyk est étudiante à l’université de Tsukuba.
Yuliia Vatsyk est étudiante à l’université de Tsukuba.

Igor Kulemza et Vira Rubezhanska étaient deux retraités comblés avant de devoir fuir leur pays. Ils ont rejoint leur fille au Japon en mai. Igor explique qu’il a assisté à des cours de japonais dispensés par la municipalité locale, mais cela avait été extrêmement difficile pour lui. À plus de soixante ans, apprendre une langue n’est pas chose aisée...

Vira ne veut pas se laisser abattre. Malgré ces obstacles, elle souhaite communiquer correctement en japonais. Mais elle souhaite rentrer en Ukraine lorsque la guerre sera terminée et parler à sa famille de tout le soutien qu’elle a reçu ici.

Igor Kulemza et son épouse Vira
Igor Kulemza et son épouse Vira

La Nippon Foundation explique que leur objectif principal en 2022 était de fournir une aide urgente, donc à court terme. Cette année, l’assistance prendra une forme différente. Elle doit être apportée à long terme. La Fondation accordera à 100 Ukrainiens une bourse pouvant aller jusqu’à 1 million de yens (7 000 euros) pour une durée maximale de deux ans afin qu’ils puissent suivre des cours de japonais. Cela leur permettra de tirer au mieux profit de leurs expériences et compétences pour obtenir un emploi à plein temps et devenir économiquement indépendants. Les candidatures sont acceptées à partir du 1er mars.

(Photo de titre : Ohla Udovenko et sa fille Bohdana, née en juillet dernier au Japon. Toutes les photos sont de la Nippon Foundation.)

international étranger échange réfugié langue japonaise Ukraine