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Les « alicaments » au Japon : un marché en pleine expansion dans la tourmente d’une affaire sanitaire

Santé

Les problèmes de santé et décès de personnes ayant consommé des compléments alimentaires à base de levure de riz rouge (beni kôji) de la firme Kobayashi Pharmaceutical ont focalisé l’attention du public sur le marché des alicaments en pleine expansion au Japon.

Au Japon, les compléments alimentaires peuvent être labellisés « alicaments » si les entreprises qui les mettent sur le marché produisent les preuves scientifiques requises attestant que les produits ont un effet, et qu’ils ne présentent aucun risque pour la santé. Avant la mise en vente, le dossier de candidature est soumis à l’appréciation du secrétariat général de l’Agence de la consommation. Ce système a été lancé en 2015 dans le cadre d’un plan de relance national. En date du 22 mars 2024, 1 693 entreprises avaient fait candidater 6 795 produits au label d’alicament.

Selon les données de l’Institut de recherche Fuji Keizai, le marché des alicaments devait augmenter de 19,3 % en 2023 par rapport à 2022 et peser 686,5 milliards de yens (4,12 milliards d’euros). Il devrait même être 25 fois plus important en 2026 qu’en 2015.

D’autres compléments alimentaires comme les médicaliments (appelés tokuho en japonais) peuvent prétendre à un label spécifique parce qu’ils ont des effets bénéfiques sur la santé, ces produits font l’objet d’un examen au cas par cas par les instances gouvernementales qui s’assurent de leur efficacité et vérifient avant la mise sur le marché, qu’ils ne présentent aucun problème sanitaire.

Poids du marché de l’alicament et des médicaliments

Les « nutraceutiques » sont eux utilisés pour élaborer les compléments. Il est plus rare que les médicaliments obtiennent le label, leur commercialisation coûte plus cher et prend plus de temps. Les entreprises préfèrent donc se concentrer sur le développement d’alicaments. En 2015, le marché des médicaliments pesait 378,4 milliards de yens, mais Fuji Keizai prévoit qu’il régresse, en ne représentant plus que 254,2 milliards de yens en 2026.

Le marché des alicaments continue de croître, mais la récente affaire sanitaire des compliments alimentaires à base de levure de riz rouge (beni kôji) de la firme Kobayashi Pharmaceutical, qui a provoqué des décès et des hospitalisations, pose à nouveaux frais la question de la sécurité alimentaire. Le 2 avril 2024, Jimi Hanako, la ministre chargée de la Consommation et de la Sécurité alimentaire, a annoncé la création d’un groupe de travail mené par le directeur général adjoint de l’Agence de la consommation qui devra réexaminer le système actuel de contrôle des alicaments.

(Voir aussi notre article : « La levure de riz rouge n’est pas coupable » : chercher la cause du scandale sanitaire)

(Photo de titre : Pixta)

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