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« Sushi » ou « Susi » : et si le Japon repensait la romanisation de sa langue ?

Le japonais

Il existe deux façons d’écrire le japonais avec l’alphabet latin. Mais avec l’augmentation du nombre de touristes et de résidents étrangers sur l’Archipel, le gouvernement nippon envisage d’uniformiser le tout pour simplifier la lecture.

En règle générale, il existe deux façons d’écrire les rômaji, autrement dit la romanisation des caractères japonais avec les 26 lettres de l’alphabet. L’une d’entre elle est le système Kunrei, établi en 1937 selon l’ordonnance d’un cabinet, et l’autre le système Hepburn, dont le nom provient du missionnaire américain James Curtis Hepburn, qui est arrivé au Japon au XIXe siècle et a répandu cet usage. Avec l’augmentation du nombre de touristes au Japon et de personnes étrangères qui y sont établies, un conseil sous l’égide de l’Agence des affaires culturelles a entamé des discussions afin d’uniformiser les différents systèmes d’écriture, avec l’accent mis sur le système Hepburn, qui est le plus communément utilisé.

Choix d’écriture en rômaji

Exemples de noms de lieux

  Kunrei Hepburn
渋谷 Sibuya Shibuya
愛知 Aiti Aichi
難波 Nanba Namba
富士 Huzi Fuji

Exemples de noms

  Kunrei Hepburn
柔道 zyudo judo
津波 tunami tsunami
豆腐 tohu tofu
すし susi sushi
天ぷら tenpura tempura
絵文字 emozi emoji

La confusion demeure même dans le choix entre les deux possibilités. Il existe également une version modifiée du système Hepburn qui autorise des orthographes telles que Nanba, tandis que bon nombre de médias entendent bien garder l’orthographe shimbun (au lieu de shinbun) pour les titres de leurs journaux. (À noter que les dernières suggestions gouvernementales de romanisation acceptée de la langue japonaise ne donnent aucune indication pour ce qui est des voyelles longues dans le système Hepburn; à Nippon.com Français nous utilisons des accents circonflexes pour écrire des termes comme « tôfu ». Le système Kunrei imposerait quant à lui l’utilisation d’accents circonflexes pour les voyelles longues, ce qui donnerait « tôhu ».

En 1954, le gouvernement a émis un avis ministériel sur l’utilisation des rômaji, selon lequel le système Kunrei devrait être utilisé « en principe pour écrire le japonais ». Ledit document demande aux écoles primaires de suivre ce style, une approche logique pour les enfants japonais à l’ère du numérique, qui apprennent à taper sur un clavier leur langue en rômaji. D’autre part, le système Hepburn, qui donne des prononciations plus prévisibles pour les lecteurs de la plupart des langues européennes, est devenu plus communément utilisé après qu’il a été adopté par le Quartier général du Commandant suprême des puissances alliées après la Seconde Guerre mondiale, et il est utilisé pour les noms des gares par exemple.

Le panneau indiquant le nom de la gare JR de Shibuya, à Tokyo (© Jiji)
Le panneau indiquant le nom de la gare JR de Shibuya, à Tokyo (Jiji)

La division japonaise de l’Agence pour les affaires culturelles a expliqué que l’avis ministériel « n’est pas obligatoire, et qu’il est seulement une ligne directrice gouvernementale ». L’avis stipule également que dans le cas de relations et de conventions internationales, l’utilisation du système Hepburn est acceptée, « si des changements soudains sont difficiles ». Actuellement, le système Hepburn est communément employé pour les noms sur les passeports, ou encore pour les noms des rues entre autres informations sur les panneaux de signalisation au Japon. Si les délibérations du conseil progressent vers une révision de l’avis ministériel, ce sera la première réforme orthographique en près de 70 ans de la position officielle sur la romanisation de la langue japonaise.

Le 14 mai, Moriyama Masahito, le ministère de l’Éducation et de la Culture, a soumis au conseil une documentation sur la question de la romanisation. Lorsque l’avis a été rédigé, en 1954, « les rômaji étaient censés être utilisés pour retranscrire du texte en japonais », alors que maintenant leur usage principal est de « prendre en considération les personnes dont la première langue n’est pas le japonais et de transmettre des informations à la communauté internationale ».

Le conseil prendra également en compte le fait que des mots qui ont été romanisés, tels que « judo » (qui apparaît sans accent dans de nombreux dictionnaires de langue étrangère pour souligner la longueur du son voyelle dans la langue initiale, ce que nous faisons d’ailleurs à Nippon.com Français) et « matcha » sont déjà communément utilisé en anglais, français, et d’autres langues. Une décision finale devrait être prise au printemps 2025, au plus tôt.

(Photo de titre : Pixta)

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