James Curtis Hepburn, un contributeur majeur à la modernisation de la langue japonaise

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James Curtis Hepburn a marqué l’histoire pour son rôle dans la modernisation de la langue japonaise. Avec son épouse, il s’est impliqué dans divers domaines, dont la médecine et l’éducation. Une biographie revient sur ses grands accomplissements.

Un pont entre le Japon et l’Occident

James Curtis Hepburn (1815–1911) était un médecin américain qui a passé plusieurs dizaines d’années de sa vie au Japon. Il est surtout connu comme celui qui a vulgarisé le système qui porte son nom, le système Hepburn de romanisation de la langue japonaise.

Hepburn a été initialement envoyé au Japon par la Mission presbytérienne américaine en octobre 1859. Après quoi, il s’installe à Yokohama avec son épouse Clara. Comme mentionné dans une nouvelle biographie japonaise rédigée par Okabe Kazuoki, James Curtis Hepburn s’est impliqué dans de nombreux domaines, pas ou peu en rapport avec son travail de missionnaire, notamment sa profession de médecin, avec la promotion de la médecine occidentale, ou encore la publication du premier dictionnaire japonais-anglais de l’histoire, la traduction de la Bible en japonais, l’enseignement à l’école et l’établissement d’une église protestante.

L'église Shiloh de Yokohama, que James Curtis Hepburn a contribué à fonder, telle qu'elle était en septembre 2023 (avec l'aimable autorisation d'Izumi Nobumichi).
L’église Shiloh de Yokohama, que James Curtis Hepburn a contribué à fonder, telle qu’elle était en septembre 2023 (avec l’aimable autorisation d’Izumi Nobumichi).

Si James Curtis Hepburn a entrepris de nombreux projets, c’est la rédaction d’un dictionnaire japonais–anglais qui a été de loin son succès le plus marquant. Plus qu’un simple dictionnaire, l’ouvrage devient un pont entre le Japon et l’Occident, avec au centre les pays anglophones.

Okabe Kazuoki écrit :

« Son souhait était tout d’abord de compiler un dictionnaire qui serait non seulement utile aux missionnaires et aux étrangers en général, mais pas seulement. Les apprenants japonais pourraient eux aussi s’en servir pour les aider dans leur étude de la langue anglaise. Pour lui, cet ouvrage n’était en fait qu’une étape préalable et indispensable à la traduction de la Bible en japonais. Et pour les Japonais, ce dictionnaire leur permettait d’améliorer leur anglais et de se familiariser avec une culture qui n’était pas la leur. »

De futurs dirigeants sur les bancs de l’école

La biographie de James Curtis Hepburn se distingue par le fait qu’elle consacre de nombreuses pages aux activités éducatives de Clara, son épouse, au Japon.

En 1863, James Curtis Hepburn et sa femme ouvrent une école. Lui y enseigne la médecine la plus récente, tandis qu’elle y donne des cours d’anglais. L’ouvrage décrit entre autres ses premiers étudiants, parmi lesquels Hayashi Tadasu, qui deviendra plus tard le premier ambassadeur japonais en Grande-Bretagne puis ministre des Affaires étrangères, Takahashi Korekiyo, futur directeur de la Banque du Japon, ministre des Finances et Premier ministre, et Masuda Takashi, qui dirigera la maison de commerce Mitsui Bussan et fondera ce qui deviendra plus tard le journal Nihon Keizai Shimbun.

Clara se consacre également à l’éducation des femmes, influençant le développement d’institutions telles que la future école pour filles Ferris.

« Clara peut être considérée comme une pionnière qui a travaillé avec son époux pour faire évoluer l’éducation des femmes. Partiellement en raison de l’influence du confucianisme dans l’Archipel, le Japon avait encore beaucoup à faire en matière d’éducation des femmes », écrit Okabe Kazuoki.

Sauver des vies

James et Clara ont vécu les derniers jours turbulents du shogunat Tokugawa ainsi que la Restauration de Meiji, lorsque le pays s’est ouvert à l’Occident. James Curtis Hepburn « a prodigué des soins à des milliers de personnes gratuitement et a sauvé la vie de beaucoup de Japonais ». Il a également fait la connaissance d’un nombre de personnages importants du Japon et de pays étrangers.

Dans cet ouvrage, on apprend par exemple qu’il s’était lié d’amitié avec Townsend Harris (1804-78), qui a notamment négocié le Traité d’amitié et de commerce nippo-américain. Par ailleurs, il a servi dans la capitale Edo (aujourd’hui Tokyo) en tant que consul général des États-Unis. En février 1860, souffrant, « James Curtis Hepburn est appelé pour lui administrer des médicaments. Il reste sous observation et retrouve une santé normale environ une semaine plus tard. »

En octobre 1872, Hepburn a également présenté une copie de son dictionnaire japonais–anglais ainsi qu’une Bible à l’empereur Meiji.

L’exploratrice britannique Isabella Bird, qui a écrit Unbeaten Tracks in Japan (« Hors des sentiers battus au Japon »), s’est rendue au Japon à cinq reprises à partir de 1878. Elle a séjourné , à Yokohama, chez les Hepburn, avec qui elle a également entrepris un voyage en mer, de Hakodate jusqu’à Yokohama.

Une église à Yokohama

L’université Meiji Gakuin, dont la création a été autorisée en 1887, trouve ses origines dans l’école créée par les Hepburn. Avec l’éducation comme vecteur, le couple a joué un rôle important dans la modernisation et la mondialisation du Japon, mais « la dernière tâche du couple Hepburn au Japon était de construire une église majestueuse ».

Ce fut chose faite en janvier 1892 avec l’église Shiloh à Yokohama. Une cérémonie fut même organisée pour marquer l’événement, en janvier 1892. Pour le nom, Hepburn a choisi de reprendre celui de son église mère en Pennsylvanie. La structure en briques rouges se détache nettement sur l’artère principale de la ville.

L'église Shiloh à Yokohama est ouverte aux visiteurs tous les samedis (avec l'aimable autorisation de Izumi Nobumichi).
L’église Shiloh à Yokohama est ouverte aux visiteurs tous les samedis (avec l’aimable autorisation de Izumi Nobumichi).

Le certificat de l'écrivain Izumi Nobumichi pour son assiduité à l'école du dimanche de l'église Shiloh à Yokohama, lorsqu'il était élève à l'école primaire (Noël 1959).
Le certificat de l’écrivain Izumi Nobumichi pour son assiduité à l’école du dimanche de l’église Shiloh à Yokohama, lorsqu’il était élève à l’école primaire (Noël 1959).

Né en 1941, l’auteur du livre, Okabe Kazuoki, professeur invité à l’université Hirosaki Gakuin, confie avoir commencé à s’intéresser à James Curtis Hepburn en décembre 1966, lorsqu’il est devenu membre de l’église Shiloh à Yokohama. Dans son avant-propos, il précise toutefois que « le but de ce livre n’est pas de glorifier le personnage mais d’expliquer avec la plus grande objectivité comment il a contribué à l’histoire du Japon ».

Loin de se contenter de retracer le parcours ou d’énumérer les mille et une réalisations du couple Hepburn au Japon, cet ouvrage évoque simplement leur foi profonde, leur vertu et leur impartialité, ainsi que tout l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre.

Quelques dates dans la vie de James Curtis Hepburn

1815 Naissance de James Curtis Hepburn à Milton, en Pennsylvanie.
1840 Mariage avec Clara Mary Leete.
1843 Le couple part en mission religieuse à Xiamen (Chine) puis retourne aux États-Unis trois ans plus tard.
1859 Le couple quitte New York en bateau et débarque à Yokohama.
1863 Le couple ouvre une école. James y enseigne la médecine et son épouse l’anglais.
1867 Il publie le premier dictionnaire japonais-anglais.
1887 Il achève la traduction de la Bible en japonais.
1892 Cérémonie d’inauguration de l’église Shiloh, à Yokohama. Le couple rentre aux États-Unis.
1906 Mort de Clara Hepburn à 88 ans.
1911 Mort de James Curtis Hepburn à 96 ans.

Biographie de James Curtis Hepburn : le père du dictionnaire japonais-anglais, de la traduction de la Bible et de la médecine occidentale. (Hebon-den: Waei jiten, seisho hon’yaku, seiyô igaku no chichi)

Par Okabe Kazuoki
Editions Yûrindô

(Voir également notre article : « Akashi » ou « Akasi » ? Les différents systèmes d’alphabet latin au Japon)

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