Une pause-café dans une maison traditionnelle japonaise

Taizandô Café : des saveurs françaises au cœur d’une architecture japonaise

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Dans la région montagneuse de Chichibu, près de la capitale, se niche un petit havre de paix du nom de Taizandô Café. On peut y déguster des gourmandises d’inspiration française tout en se délectant de l’atmosphère traditionnelle d’une bâtisse japonaise.

Des parfums de sérénité

Une collection d’essais de la spécialiste de littérature française Kasama Naoko commence par cette phrase :

« Dès l’instant où je descends du train, les odeurs de la montagne m’emplissent les poumons. »

Elle y décrit la sensation qu’elle éprouve en rentrant à Chichibu, où elle a choisi de vivre après avoir quitté Tokyo. Elle explique que sa quête de parfums agréables est l’une des raisons qui l’ont poussée à s’installer dans cette région montagneuse, à l’ouest de la préfecture de Saitama. À propos des cafés de la région, elle affirme :

« Chaque établissement a une personnalité bien à lui, sans doute parce que personne n’attend d’uniformité ici. Pour les habitants comme pour les visiteurs, ces cafés sont des lieux de sérénité. »

Il est indéniable que Chichibu possède une véritable culture des cafés. J’ai d’ailleurs découvert le livre de Kasama exposé dans l’un d’entre eux, le Taizandô Café. Il est l’un des ouvrages favoris d’Aota Miyuki, la propriétaire des lieux.

Ce charmant établissement offre aux visiteurs l’occasion d’apprécier la culture de Chichibu. La bâtisse abritait autrefois la boutique d’un grossiste en soie de la région.

L’intérieur du café, invitant à la tranquilité
L’intérieur du café, invitant à la tranquilité

Le paysage environnant me transporte à l’ère Shôwa (1926-1989). La gare de Seibu Chichibu n’est qu’à 80 minutes en train express de la gare d’Ikebukuro, à Tokyo. J’ai donc décidé de partir à la découverte de cette petite ville entourée de montagnes embrumées.

Les échos de la sériciculture et du tissage de la soie

Pendant quelques décennies au début du XXe siècle, Kuromon-dôri, la rue menant au sanctuaire de Chichibu, était bordée de boutiques de marchands spécialisés dans les textiles de soie locaux appelés Chichibu meisen.

Trois bâtiments en bois à deux étages datant de cette époque subsistent encore aujourd’hui. Classés Biens culturels nationaux, ils témoignent de la prospérité passée de la région, fondée sur l’élevage du ver à soie et le tissage. Le Taizandô Café occupe la partie gauche de l’un de ces bâtiments au toit à pignon ; à côté de la boutique d’antiquités Hankoya.

À l’intérieur, les deux espaces sont reliés, formant un lieu chargé de souvenirs.
Lorsque les clients poussent la porte verte ornée d’un vitrail coloré — une pièce ancienne importée d’Angleterre —, Aota-san les accueille chaleureusement.

La porte verte du café, une antique élégance qui capte aussitôt le regard.
La porte verte du café, une antique élégance qui capte aussitôt le regard.

Une rencontre délicate entre l’esthétique et la mémoire

Tout amateur d’art qui apprécie également fréquenter les cafés remarquera l’agencement soigné des tableaux et de la décoration intérieure, témoignant d’un véritable désir d’intégrer l’art dans la vie de tous les jours. Rien n’est extravagant ; l’atmosphère est chaleureuse et apaisante.

Aota explique avoir grandi entourée des trouvailles de ses parents : paniers tressés, netsuke, objets artisanaux, auxquels elle a ajouté ses propres trésors — des œuvres d’artistes régionaux.

Le tableau près de l’entrée, par exemple, est signé Azami Norikazu, un artiste originaire de Chichibu. Ses nuances de vert profond, mêlées à des éléments naturels de la région, s’adressent au regard avec une tranquille intensité.

Aota souligne que les essais de Kasama Naoko et les œuvres des artistes régionaux ont renforcé son attachement aux charmes de Chichibu.

Douceurs françaises et thé

Un autre atout charme du lieu réside dans les desserts d’inspiration française, préparés par la fille d’Aota, Ôsaki Izumi, qui s’est formée pendant un an à Lyon.

L’une des spécialités les plus appréciées du café est le nougat glacé, un dessert emblématique du sud de la France. Il s’agit d’un mets rafraîchissant à base de crème fraîche et de meringue sucrée au miel, saupoudré de fruits secs et de fruits confits.

Le nougat fond délicieusement sur la langue, alliant fraîcheur et croquant grâce aux fruits secs. Le coulis de framboise, quant à lui, ajoute une légère touche acidulée qui vient sublimer l’ensemble.

Le fameux nougat glacé
Le fameux nougat glacé

Au menu, plusieurs boissons, dont une large variété de thés de la marque française haut de gamme Mariage Frères.

En cas d’hésitation, Aota se fera un plaisir de vous orienter. Elle est particulièrement douée pour recommander des thés aux arômes floraux, qui s’allient merveilleusement aux desserts préparés par sa fille.

Lors des chaudes journées d’été, on peut aussi profiter d’une boisson maison à base de gingembre légèrement épicée, ou encore d’une boisson à base de vinaigre noir.

Des tasses et boites à thé exposées derrière le comptoir
Des tasses et boites à thé exposées derrière le comptoir

Tarte aux noix et boisson pétillante au gingembre. À droite, gâteaux au thé matcha et chocolat blanc.
Tarte aux noix et boisson pétillante au gingembre. À droite, gâteaux au thé matcha et chocolat blanc.

Souvenirs d’antan

Aota explique l’histoire du bâtiment : « Il s’agit d’une pièce autrefois dédiée à l’élevage du ver à soie, appartenant à une famille paysanne. Dans les années 1930, elle a été démontée et déplacée ici pour servir de résidence. »

Dans la partie droite du bâtiment, son arrière-grand-père exploitait une activité appelée Taizandô, spécialisée dans la fabrication de hanko, les sceaux personnels.

Lorsque sa mère a hérité de cette entreprise, Aota l’a transformée en boutique d’antiquités. En 2008, le restaurant de râmen occupant l’autre moitié du bâtiment a fermé, et Aota a alors repris les lieux afin d’en faire un café.

Les robustes poutres apparentes du plafond, révélées lors des rénovations, ainsi que le plancher en châtaignier contribuent à l’atmosphère paisible du lieu.

Les anciennes fenêtres en verre ont été conservées en l’état, et les trous carrés dans les piliers témoignent du temps où des étagères, supportant les boîtes d’élevage des vers à soie, traversaient toute la pièce.

Les vieilles poutres portant encore les stigmates de leur passé se fondent harmonieusement avec le décor contemporain du café.
Les vieilles poutres portant encore les stigmates de leur passé se fondent harmonieusement avec le décor contemporain du café.

Niché sous l’escalier, un petit recoin attire mon regard. La lumière tamisée de la lampe éclaire paisiblement l’espace, projetant des ombres délicates sur le tableau accroché au mur et la petite sculpture posée sur le bureau.

La minuscule chaise, bien plus solide qu’elle n’en a l’air, a été réalisée par un artisan du bois ayant étudié auprès de Kuroda Tatsuaki (1904–1982), un artiste originaire de Kyoto, maître laqueur, du bois et de la marqueterie en nacre raden.

Le coin parfait pour une contemplation solitaire. Des œuvres d’art sont exposées dans tout le café.
Le coin parfait pour une contemplation solitaire. Des œuvres d’art sont exposées dans tout le café.

Aota raconte avoir ouvert le Taizandô afin d’offrir à sa fille un lieu où mettre en pratique sa formation de pâtissière. Elle évoque aussi l’influence des nombreux cafés qu’elle a fréquentés au fil des ans, et dont l’atmosphère apaisante l’a profondément influencée.

« Ma grand-mère est née à Ningyôchô, un quartier traditionnel au cœur de Tokyo, mais elle a été évacuée à Chichibu pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est là que ma mère et moi sommes nées et avons grandi. Quand j’étais petite, chaque fois que ma grand-mère m’emmenait à Tokyo pour rendre visite à sa famille, elle m’emmenait au centre commercial Mitsukoshi, à Nihonbashi, où elle m’offrait une glace dans un des salons de thé. »

Ses yeux brillent à l’évocation de ces souvenirs d’enfance.

Les clients du café sont majoritairement des gens de passage, en quête d’un moment de répit après avoir visité les sanctuaires de la région. Pour profiter pleinement du lieu et de sa tranquillité, il est conseillé de s’y rendre en semaine.

C’est un endroit privilégié pour goûter aux quatre saisons de Chichibu, un lieu où se rencontrent culture locale, mémoire des lieux centenaires et sensibilité poétique. Le meilleur moment pour profiter du calme du lieu est d’y pénétrer dès l’ouverture. Alors venez vous y ressourcer, bercé par le calme de Chichibu et la richesse de sa nature !

Taizandô Café

  • Adresse : 11-6 Banbamachi, Chichibu-shi, Saitama-ken
  • Horaires : 13 h – 17 h (dernière commande à 16 h 30)
  • Fermé : le mardi et le mercredi
  • Accès : à 7 minutes à pied des gares Ohanabatake ou Chichibu (ligne Chichibu Railway), ou à 12 minutes à pied de la gare Seibu-Chichibu (ligne Seibu Ikebukuro)
  • Site officiel : Instagram @taizando_cafe
  • Remarque : les enfants de moins de 7 ans ne sont pas acceptés

(Toutes les photos : © Kawaguchi Yôko)

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