Un homme d’affaires toujours à l’heure : Hattori Kintarô, le fondateur de la marque de montres Seiko
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Un horloger est né
Hattori Kintarô (1860-1934) est né à Tokyo au sein d’une famille de marchands. À l’âge de seulement 11 ans, il est devenu l’apprenti de Tsujiya, un importateur de produits occidentaux. Le commerçant Tsuji Kumekichi a rapidement remarqué la motivation et les facilités du jeune homme pour le monde des affaires. Et ce à tel point qu’il a même pensé en faire son successeur. Malheureusement pour lui, Hattori avait d’autres idées en tête... En 1874, à l’âge de 13 ans, il a décidé que son objectif était de créer sa propre entreprise, dans ce monde de l’horlogerie qui stimulait grandement son imagination. Avec une vision qui allait bien au-delà de son époque, il s’est dit que, puisque des trains circulaient désormais à Tokyo depuis la nouvelle gare de Shinbashi, les gens auraient de plus en plus besoin d’avoir une appréhension précise du temps.
Dans son livre récemment paru, « Une heure en or : l’histoire de Hattori Kintarô » (Ôgon no toki : Shôsetsu Hattori Kintarô), Nire Shûhei raconte l’histoire de ce talentueux jeune homme, retraçant les différentes étapes de sa vie jusqu’à ce qu’il devienne l’un des principaux hommes d’affaires japonais de son époque. Depuis ses débuts, ses rêves ont toujours été ambitieux. Il ne voulait pas seulement vendre des montres, mais également les fabriquer au sein de sa propre entreprise. « Les humains ne peuvent pas créer de pierres précieuses, mais les montres sont comme des joyaux que nous pouvons façonner de nos propres mains », croyait-il. Après avoir appris les ficelles du métier auprès d’un horloger de Nihonbashi, il est parvenu à ouvrir sa propre boutique de réparation de montres.
Son chemin était cependant semé d’embûches. Nire décrit parmi ses déboires l’incendie qui a détruit la première boutique de Hattori, la fin de son premier mariage, et ses problèmes de financement en détail. Le jeune homme d’affaires a malgré tout persévéré en visant à gagner la confiance de ses clients, créant petit à petit ses propres opportunités.
Quelques bienfaiteurs le soutenaient également dans ses efforts : Tsuji Kumekichi, son premier employeur, et Yoshikawa Tsuruhiko, un ingénieur talentueux qui a travaillé aux côtés de Kintarô pour lancer la compagnie d’horlogerie K. Hattori & Co. en 1881, aidant à la croissance rapide de cette entreprise. C’est Man, la seconde épouse de Hattori (qui deviendra plus tard la mère de leurs 14 enfants...!), qui avait présenté Yoshikawa à son mari. Les liens entre le protagoniste et les figures clé de sa vie sont habilement dépeints par Nire, dont l’histoire conserve un ton haletant, fascinant le lecteur du début à la fin.
Leçons d’affaires pour notre époque
Une autre étape déterminante dans le parcours de Hattori est sa rencontre avec le magnat des affaires Shibusawa Eiichi. Ce dernier a donné à la star montante de l’horlogerie ce conseil : « Monter une affaire, c’est comme faire une grosse boule de neige. Pour en faire une qui soit la plus grande possible, il vaut mieux commencer dans la force et la vigueur de la jeunesse. Ensuite, il faut pousser la boule en haut d’une colline, vers un sommet dont les neiges n’ont jamais été touchées. Plus on monte la pente, plus il est difficile de continuer à pousser. Mais c’est à ce moment qu’il faut redoubler d’effort. Alors enfin, on peut atteindre le sommet et accomplir son objectif. Notre boule de neige pourra ensuite redescendre par elle-même en grossissant encore et encore ». D’après les dires de Nire, cette anecdote de la boule de neige n’a subi aucun changement créatif de sa part, et elle résume parfaitement le secret de la réussite de Hattori dans les affaires.
« Une heure en or : l’histoire de Hattori Kintarô » (publié en 2021 pour marquer le 140e anniversaire de la fondation de la première incarnation de l’entreprise) approche la création de Seiko et la vie de son fondateur de manière romancée, restant fidèle aux faits historiques tout en tissant une histoire émouvante. Le livre fournit une vue d’ensemble enrichissante du développement technologique de l’horlogerie au Japon, ainsi que de l’industrie de fabrication des montres. Cette phrase du roman est particulièrement marquante :
« Ce n’est pas les machines qui produisent des montres de qualité. Ce sont les gens. Ce sont les ingénieurs et les ouvriers. La passion et les techniques que ces artisans apportent sont ce qui détermine les capacités, et donc la valeur, d’une montre. »
Hattori Kintarô avait un incroyable esprit d’entreprise et plaçait les moyens de subsistance de ses employés au-dessus de ses inquiétudes. En lisant ce livre, on ne peut que souhaiter que plus de gens comme lui soient encore en activité.
« Une heure en or : l’histoire de Hattori Kintarô » (Ôgon no toki: Shôsetsu Hattori Kintarô)
Par Nire Shûhei
Publié par les éditions Shûeisha en novembre 2021