Les nouvelles ombrelles, la bonne solution pour supporter la chaleur estivale japonaise avec le masque

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Porter un masque sanitaire dans un intérieur climatisé, c’est supportable. Mais ça l’est beaucoup moins sous un soleil de plomb, et les étés au Japon semblent de plus en plus chauds au fur et à mesure des années. C’est alors que les ombrelles entrent en scène : de nouveaux types d’ombrelles rafraichissent davantage le porteur, et des modèles voient le jour pour les enfants et la gente masculine. Sans compter qu’elles permettent de maintenir naturellement une distanciation sociale.

L’ombrelle davantage mis en lumière au Japon

Une publicité à Matsuya Ginza ; l’ombrelle comme moyen de distanciation sociale (avec l'aimable autorisation de l'auteur)
Une publicité au grand magasin Matsuya Ginza, à Tokyo. L’ombrelle comme moyen de distanciation sociale (avec l’aimable autorisation de l’auteur)

Kadoya Keiichirô, directeur des ventes au sein du groupe World Party Co. à Osaka, à qui appartient également WPC, la plus grande marque d’ombrelles de l’Archipel, explique que les ventes d’ombrelles se sont développées ces dernières années. « Il y a dix ans, nous vendions trois ombrelles pour sept parapluies. Mais aujourd’hui, en raison d’une demande accrue d’ombrelles due aux températures de plus en plus hautes et de la crainte des rayons ultraviolets par de nombreuses personnes, les chiffres sont beaucoup plus équilibrés, à peu près 50-50. Et jusqu’à présent, si la plupart de nos clients étaient des femmes d’un âge adulte, depuis peu, même les lycéennes s’y mettent. On a également vu sur les réseaux sociaux que les ombrelles étaient de bons moyens pour maintenir une distanciation sociale. En 2020, les ventes ont été en hausse de 30 % par rapport à 2019. »

« Le diamètre d’une ombrelle mesure à peu près 50 centimètres, ce qui fait que leurs utilisateurs devront se tenir à environ un mètre les uns des autres, et ce juste pour éviter de se heurter. Si deux personnes utilisent des ombrelles, l’écart sera alors de 2 mètres, exactement la distance sociale recommandée par les autorités sanitaires » poursuit Kadoya Keiichirô.

Les ombrelles qui rencontrent le plus de succès protègent des rayons UV et du soleil, et ainsi de la chaleur. Mais en cas de pépin, elles peuvent se transformer en parapluie car l’enduit qui les recouvre comble les espaces entre les fibres et rend le tissu imperméable. Ce sont les modèles pliants qui ont le plus la cote. Comptez environ entre 2 000 et 3 000 yens (entre 15 et 23 euros).

Différents types et motifs

Depuis 50 ans, chaque année, au mois de juin, le grand magasin Matsuya Ginza, dans le quartier de luxe de Tokyo, organise une promotion spéciale sur les parapluies et les ombrelles. Extrêmement réputé, il est devenu au fil des années le magasin de choix pour se procurer l’un des deux. Là, il faut compter entre 8 000 et 15 000 yens (entre 60 et 120 euros). Des « spécialistes des parapluies » certifiés par l’Association japonaise de promotion des parapluies sont même là pour informer les clients, répondre à leurs questions, et donner des conseils d’entretien.

Deux exemples d’ombrelles à Matsuya Ginza : avec des volants roses ou des motifs à fleurs (avec l'aimable autorisation de l'auteur)
Deux exemples d’ombrelles à Matsuya Ginza : avec des volants roses ou des motifs à fleurs (avec l’aimable autorisation de l’auteur)

Iseda Kyôhei est l’un d’entre eux. Il explique : « En plus des ombrelles à volants, qui rencontrent toujours un grand succès, les motifs de fleurs et les versions en forme de dôme sont très tendance. Les ombrelles en tissu Summer Shield sont aussi populaires. Développé par la grande enseigne du textile Toray, le tissu de ces ombrelles bloque la lumière et la chaleur. Les modèles pliants à huit baleines se vendent également bien. Les deux baleines supplémentaires rendent l’ombrelle plus solide. »

Une efficacité scientifiquement prouvée

Qu’est-ce qu’un coup de chaleur ? C’est la conséquence du déséquilibre des fluides et des électrolytes dans le corps. Par conséquent, le mécanisme de régulation de la température corporelle ne peut plus fonctionner correctement. Le port d’un masque peut entraîner une hausse de la température corporelle. Par ailleurs, l’intérieur du masque étant humide en raison de la quantité d’air expirée, il est possible que ces personnes ne ressentent pas le besoin de boire et qu’elles mettent un certain temps à se rendre compte qu’elles sont déshydratées.

Mais alors les ombrelles sont-elles la solution miracle pour prévenir les coups de chaleur ? « L’Association japonaise de promotion des parapluies (JUPA) n’a pas de normes spécifiques selon lesquelles les ombrelles réduisent la température d’un nombre de degrés spécifique. Cela dépend en effet notamment de de la température ambiante. Il serait difficile de donner un chiffre précis » explique Kadoya Keiichirô.

Toutefois, il est possible de chiffrer la baisse de température pour les propriétés de blocage de la chaleur du tissu des ombrelles. L’entreprise World Party a développé sa propre méthode de test pour ce faire et même défini une échelle numérique pour quantifier cette baisse de température. Cette méthode consiste à exposer le tissu à une lampe émettant l’équivalent d’une chaleur de 35ºC. On mesure la température à 5 centimètres sous le tissu ce qui permet de calculer la différence de température. Pour une exposition de 5, 10 et 15 minutes, on constate une réduction de la chaleur comprise entre 8ºC et 11ºC.

Ce thermogramme montre la différence de température procurée par une ombrelle (avec l’aimable autorisation de World Party).
Ce thermogramme montre la différence de température procurée par une ombrelle (avec l’aimable autorisation de World Party).

« Une étiquette explique à nos clients que le tissu des ombrelles permet de réduire la température car il bloque la chaleur. Plus le taux de blocage de la chaleur est élevé plus l’ombrelle est susceptible de leur procurer une relative sensation de fraîcheur. »

Le tissu avec l’indice de blocage de la lumière le plus élevé de la JUPA a été testé conformément aux normes industrielles japonaises. Il est certifié qu’il bloque les rayons du soleil à 99,9 %. Bien que certaines marquent prétendent que leurs ombrelles bloquent à 100 % les rayons du soleil, la JUPA n’a pas de telles normes. C’est tout simplement impossible, les ombrelles étant composées de morceaux de tissus cousus avec du fil et des aiguilles. Aucune ombrelle ne peut donc bloquer à 100 % la lumière.

Des modèles pour les hommes et les enfants

Le nombre de coups de chaleur a tendance à augmenter entre le début et le milieu de l’été, lorsque le corps n’est pas encore habitué à de hautes températures. Le ministère de l’Environnement recommande l’utilisation d’ombrelles. Selon ce dernier, une ombrelle bloquant la lumière à 99 % peut réduire le taux de sudation de 17 % et diminuer le risque de coup de chaleur.

Les élèves de l’école élémentaire Dôjiyama dans la ville de Toyota, dans la préfecture d’Aichi, utilisent des ombrelles les journées ensoleillées depuis la fin du mois de mai. Inquiète du fait que le port du masque n’augmente le risque de coup de chaleur, l’école a demandé aux élèves d’utiliser des ombrelles sur le chemin de l’école.

Cette initiative a attiré l’attention des réseaux sociaux, incitant d’autres établissements scolaires à faire de même.

Des écoliers utilisant des ombrelles comme rempart contre la lumière et la chaleur. Les ombres projetées par les ombrelles sont bien visibles sur le trottoir (avec l'aimable autorisation de World Party).
Des écoliers utilisant des ombrelles comme rempart contre la lumière et la chaleur. Les ombres projetées par les ombrelles sont bien visibles sur le trottoir (avec l’aimable autorisation de World Party).

Entendant répondre à ces nouveaux besoins, World Party s’est mis à proposer des ombrelles plus petites, pour les enfants, dès la fin du mois de juillet 2020. Ces ombrelles, qui peuvent également être utilisées comme des parapluies, sont disponibles en deux coloris, bleu marine ou rose. Elles sont également équipées de réflecteurs pour la sécurité des enfants le soir.

Mais les ombrelles qui avaient jusqu’à présent séduit un public plutôt féminin, commencent également à attirer une clientèle masculine. « Nous avons depuis quelques années maintenant vu apparaître des higasa-danshi (utilisateurs d’ombrelles masculins). On aperçoit souvent des représentants commerciaux qui font leur tournée dans le quartier de Ginza avec une ombrelle à la main » fait remarquer Iseda Kyôhei. Le rayon des ombrelles pour hommes de Matsuya Ginza se trouve à l’étage supérieur. Soucieuse d’attire la clientèle masculine, l’enseigne propose maintenant également des ombrelles unisexes aux couleurs unies.

L’utilisation d’ombrelles est plutôt répandue dans les pays d’Asie de l’Est comme le Japon et la Chine. Selon Kadoya Keiichirô, les ombrelles ont su également trouver écho auprès des personnes de classe aisée en Thaïlande et dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Il s’attend à une hausse de la demande, alors que les revenus de ces pays augmentent.

L’utilisation des ombrelles ne date pas d’hier. Elles ont fait leur apparition dans la Grèce antique, un grand nombre de personnes y voyant un bon moyen de se protéger du soleil. Les premiers parapluies, quant à eux, tels que nous les connaissons aujourd’hui sont apparus bien plus tard, dans les années 1820, en Angleterre.

De nos jours, les ombrelles ne sont plus que rarement utilisées dans les pays occidentaux. Mais ces ombrelles « made in Japan », permettant de lutter à la fois contre la chaleur et le coronavirus, pourraient-elles gagner un nouveau public et, qui sait, s’exporter hors de l’Archipel ?

(Photo de titre avec l’aimable autorisation de World Party)

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