Le Japon et l’écologie

Devenir la plus belle mer intérieure du monde : le Japon ramasse une tonne de déchets plastiques dans les eaux de Seto

Société Environnement

Sur l’île d’Atata, dans la baie de Hiroshima, un projet expérimental visant à nettoyer les déchets marins échoués dans des lieux difficiles d’accès a été mené sur la plage et à la pointe de la péninsule de cet îlot isolé. Nous allons vous présenter une initiative qui s’était donné pour objectif d’améliorer l’efficacité de la collecte, du traitement et du transport des déchets, de rationaliser le temps de travail afin que Seto devienne la plus belle mer intérieure du monde.

Une mer intérieure où échoue 4 500 tonnes de déchets par an

Le 17 novembre, sur la plage de Nagaura, dans l’ouest de l’île d’Atata à Ôtake (préfecture de Hiroshima), les nettoyeurs se sont occupés d’une grande quantité de déchets, comprenant 400 grands flotteurs de pêche échoués. L’objectif de cette initiative était de créer un précédent, en nettoyant le littoral d’un site reculé et la pointe d’une péninsule difficiles d’accès, en utilisant des chalands, des véhicules spéciaux et des compacteurs de plastique.

Le projet a été conjointement lancé par les préfectures de Kagawa, Okayama, Hiroshima et Ehime en collaboration avec la Nippon Foundation dans le cadre du projet de gestion des déchets marins intitulé « Setouchi Oceans X ». La mer intérieure de Seto est entourée par Honshû, Shikoku et Kyûshû, trois des quatres îles principales du pays. Peu sujette aux courants de haute mer, elle est pourtant le site d’échouage de pas moins de 4 500 tonnes de déchets marins par an. Aux côtés des pêcheurs de la région, de Yuzaki Hidehiko le gouverneur de Hiroshima ou de Sasakawa Yôhei le président de la Nippon Foundation, près de 200 personnes ont participé au nettoyage. Un dur labeur consistant à transporter et ramasser les déchets échoués.

La cérémonie de lancement a eu lieu au parc Harumi Rinkai.  De gauche à droite : Kawahara Hidemasa, directeur de la coopérative de pêche de l’île Atata ;  Sasakawa Yôhei, président de la Nippon Foundation ; Yuzaki  Hidehiko, gouverneur de la préfecture de Hiroshima ; Iriyama Yoshirô, maire d’Ôtake.
La cérémonie de lancement a eu lieu au parc Harumi Rinkai. De gauche à droite : Kawahara Hidemasa, directeur de la coopérative de pêche de l’île Atata ; Sasakawa Yôhei, président de la Nippon Foundation ; Yuzaki Hidehiko, gouverneur de la préfecture de Hiroshima ; Iriyama Yoshirô, maire d’Ôtake.

Des cosplayeurs ont également participé à la collecte des déchets, faisant l’animation et sensibilisant à la cause.
Des cosplayeurs ont également participé à la collecte des déchets, faisant l’animation et sensibilisant à la cause.

Un problème qui touche une île à la population vieillissante

Moins de 250 personnes habitent sur Atata, une petite île de 11 km de circonférence dans la baie de Hiroshima. Située à 5 km au sud d’Itsukushima (île classée au patrimoine mondial), Atata est connue pour sa pêche à la sardine, la sériole et pour son ostréiculture. Elle est également célèbre pour ses superbes paysages, tels le littoral de Nagaura et sa longue plage de 350 mètres qui ont été classés par la préfecture et obtenu d’être un « littoral protégé ».

Du bateau qui s’approche de l’île, on aperçoit de grands flotteurs blancs échoués tout le long de la plage de sable. À bord, un caméraman de télévision surpris par ce volume s’exclame : « Ce n’est pas possible... Tout ça a été mis exprès ici pour notre venue ou quoi ?! »

La plage de Nagahama était autrefois un lieu de baignade très fréquenté, mais depuis 20 ans des déchets dérivants s’accumulent sur le littoral. Or la route qui la relie à l’intérieur de l’île est impraticable car couverte de végétation et il n’y a pas de jetée de débarquement, l’accès est difficile à la fois par terre et par mer. Kawahara Hidemasa, à la tête de la coopérative de pêche de l’île d’Atata, confie : « La population est vieillissante, depuis longtemps les habitants sont préoccupés et se demandent comment s’occuper des nombreux déchets s’échouant sur la plage. » Yuzaki, le gouverneur de la préfecture, a déclaré en débarquant sur la plage: « Je réalise combien la situation s’est dégradée en 20 ans. Le volume de déchets marins est vraiment alarmant. »

La plage de Nagaura vue depuis le bateau. Sur cette belle plage de sable, d’innombrables flotteurs blancs.
La plage de Nagaura vue depuis le bateau. Sur cette belle plage de sable, d’innombrables flotteurs blancs.

Les flotteurs échoués sur la plage servaient soit à maintenir en surface des plateformes de fermes piscicoles soit à protéger les coques des navires à quai (pare-battage).
Les flotteurs échoués sur la plage servaient soit à maintenir en surface des plateformes de fermes piscicoles soit à protéger les coques des navires à quai (pare-battage).

Compacter le plastique pour un transport efficace et rationalisé

Dans ce projet expérimental, le débarquement sur le site est assuré par un chaland, navire à fond plat qui sert également de jetée et permet aux véhicules spéciaux et aux nettoyeurs d’accéder à la plage.

Yuzaki  Hidehiko, gouverneur de la préfecture de Hiroshima, arrive sur la plage par le débarcadère du chaland.
Yuzaki Hidehiko, gouverneur de la préfecture de Hiroshima, arrive sur la plage par le débarcadère du chaland.

Le maire d’Ôtake réceptionne un flotteur collecté par le président de la Nippon Foundation.
Le maire d’Ôtake réceptionne un flotteur collecté par le président de la Nippon Foundation.

Les 400 grands flotteurs passent de mains en mains avant d’être empilés près des embarcadères. Les déchets ayant dérivé sur des sites plus distants sont récupérés en un rien de temps grâce à des karts ou à des bennes.

La star de la journée est le « compacteur de plastique ». Les flotteurs sont en polystyrène et font chacun 3 kg environ ; soit un total de 1,2 tonne pour les 400 flotteurs. Mais trop encombrants pour être transportés, même dans des camions de 10 tonnes, l’idée est de les compacter au dixième de leur volume afin de pouvoir les charger sur un seul camion de 2 tonnes, ce qui réduit considérablement, les besoins en main-d’œuvre et le coût du transport, en mer comme sur terre.

Les flotteurs passent de mains en mains.
Les flotteurs passent de mains en mains.

Les karts qui se déplacent rapidement, même sur des terrains ensablés, jouent aussi un rôle important.
Les karts qui se déplacent rapidement, même sur des terrains ensablés, jouent aussi un rôle important.

Deux petits compacteurs spécialement conçus pour traiter le polystyrène ont été installés à l’arrière des camions chargés sur les embarcadères. Les grands monceaux de flotteurs sont traités les uns après les autres.
Deux petits compacteurs spécialement conçus pour traiter le polystyrène ont été installés à l’arrière des camions chargés sur les embarcadères. Les grands monceaux de flotteurs sont traités les uns après les autres.

Avant et après compactage. Dans les compacteurs le polystyrène n’est pas chauffé, il n’y a donc aucune odeur nauséabonde de plastique fondu. Le matériau ne se détériore pas ce qui facilite d’ailleurs le recyclage.
Avant et après compactage. Dans les compacteurs le polystyrène n’est pas chauffé, il n’y a donc aucune odeur nauséabonde de plastique fondu. Le matériau ne se détériore pas ce qui facilite d’ailleurs le recyclage.

Nettoyer c’est bien, ne pas générer de déchets c’est mieux

Après le nettoyage, Yuzaki Hidehiko le gouverneur de la préfecture de Hiroshima, a déclaré : « Vous avez vu notre action alors, souvenez-vous que générer des déchets est facile, mais que les gérer ensuite est ardu. »

Et Sasakawa, le président de la Nippon Foundation de souligner à son tour : « Les gouverneurs des quatre préfectures ont uni leurs efforts pour faire de Seto la plus belle mer intérieure de la planète. Profitons de cette action pour inciter les enfants à contribuer à un monde sans déchet. »

« Setouchi Oceans X » s’est donné pour objectif de réduire de 70 % le déferlement de déchets marins et d’augmenter de 10 % ou plus le taux de collecte. Le projet souhaite proposer toujours plus de solutions pour des nettoyages efficaces. La préfecture de Hiroshima ambitionne de réduire à zéro la production de déchets plastiques marins d’ici 2050.

Les petits morceaux sont transportés par bennes et séparés du sable grâce à un système de trieur à vent et de tamis vibrant.
Les petits morceaux sont transportés par bennes et séparés du sable grâce à un système de trieur à vent et de tamis vibrant.

Les techniciens stagiaires d’origine étrangère et les cosplayers de l’île d’Atata ayant participé à l’opération de nettoyage. Espérons que ce type d’initiative essaimera au Japon et hors de l’archipel.
Les techniciens stagiaires d’origine étrangère et les cosplayers de l’île d’Atata ayant participé à l’opération de nettoyage. Espérons que ce type d’initiative essaimera au Japon et hors de l’archipel.

(Reportage, texte et photos de Hashino Yukinori, de Nippon.com)

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