Le b.a.-ba du Japon

La fête du « setsubun »

Vie quotidienne

Le mot setsubun désigne à l’origine le passage d’une saison à une autre, c’est-à-dire la veille du premier jour du printemps, de l’été, de l’automne ou de l’hiver dans l'ancien calendrier luni-solaire. S’il désigne essentiellement aujourd’hui la veille du premier jour du printemps (aux environs du 3 février) c’est parce que le passage de l’hiver au printemps était considéré comme la charnière d’une année à la suivante, un peu comme la veille du jour de l’An de notre calendrier.

Les démons dehors ! Le bonheur dedans !

Originaire de Chine, la tradition de lancer des haricots (mamemaki) pour faire fuir les forces néfastes, introduite au VIIIe siècle à la cour de Heian, est aujourd’hui un rite populaire ancré dans tout le Japon.

Ce rite consiste à éparpiller des haricots en criant « Les démons dehors ! Le bonheur dedans ! » Le geste symbolise le lancer de projectiles sur des sortes d’ogres, représentants du mal, pour les chasser. Il existe des variations selon les temples ou les régions ; par exemple, certains temples ne gardent qu’une partie de l’exclamation : « Le bonheur dedans ! », tandis d’autres invitent au contraire à l’intérieur les ogres, qu’ils considèrent comme des divinités ou leurs envoyés.

C’est normalement le chef de famille ou un « toshi otoko », membre masculin de la famille né sous le même signe zodiaque chinois que celui de l’année en cours, qui est censé effectuer le rituel, mais du fait de son aspect ludique, c’est souvent toute la famille qui y participe.

Des haricots grillés porte-bonheur

Ce sont des haricots grillés, appelés fukumame (haricots porte-bonheur), qu’on lance et selon les régions, on les offre d’abord aux dieux en les déposant sur l’autel familial, kamidana. À Hokkaidô, dans les régions du Tôhoku, de Hokuriku et du sud de Kyûshû, des cacahouètes sont également utilisées, probablement pour des raisons pragmatiques : elles sont plus faciles à ramasser et s’éparpillent moins par terre puisqu’elles ont une coquille.

Le rite est effectué à la fois dans les maisons et les temples. Certains temples convient des célébrités de la télévision ou du sport et en font un grand événement festif. Chaque année, les gens affluent dans les temples Naritasan-Shinshō-ji, Kanda myôjin, Ikegami-Honmon-ji, Sensô-ji pour cette fête.

Les supermarchés participent également en dédiant un espace au setsubun où sont vendus les haricots porte-bonheur, avec parfois en cadeau un masque en carton représentant un ogre qui permet à l’un des membres de la famille, en général le père, de jouer le rôle de l’ogre et d’amuser ou effrayer les enfants.

Après avoir lancé les haricots, on les ramasse et on en mange le même nombre que son âge. Une variante veut qu’on mange un haricot de plus que le nombre d’années vécues, pour devenir plus robuste et éviter d’attraper des rhumes.

Une autre coutume consiste à planter une tête de sardine sur une petite branche de houx ; cette composition censée repousser les ogres, et par extension les maux en général, est installée à l’entrée de la maison.

Ehômaki, un mets de bon augure

Depuis plusieurs années, la coutume de manger un ehômaki, rouleau de riz enveloppé dans une feuille d’algue, est également devenue très populaire. Il faut le manger le soir du setsubun, d’une traite et sans parler, en faisant un vœu, et ceci tourné dans la direction de bon augure de l’année, qui varie selon le dernier chiffre de l’année. Par exemple, pour 2019, la direction est celle de l’est-nord-est. 

Manger un ehômaki permet de s’entourer de bonheur comme la feuille d’algue enveloppe le riz et de préserver les liens tel le rouleau sans coupure. C’était à l’origine une coutume d’Osaka, appelée « marukaburi-zushi » (rouleau de sushi croqué tel quel). En 1998, la chaîne de konbini (supérette japonaise) Seven Eleven a donné à son rouleau de sushi le nom d’ehômaki qui s’est répandu dans tout le Japon, pour finalement en devenir le nom officiel.

Voir notre recette de préparation de l’ehômaki

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