Le b.a.-ba du Japon

Le climat du Japon

Vie quotidienne

Le climat du Japon est caractérisé par des contrastes régionaux importants. C’est ainsi que l’île septentrionale de Hokkaidô est longée par la mer d’Okhotsk qui gèle complètement deux mois par an, alors qu’au sud, Okinawa est soumise aux influences tropicales. Quand les cerisiers fleurissent dans l’île d’Okinawa, entre la mi-janvier et la première semaine du mois de février, Hokkaidô est encore sous la neige.

Une grande diversité climatique

L’archipel japonais forme un arc qui s’étire du nord-est au sud-ouest sur 2 200 kilomètres, au large du continent asiatique, du 46° au 20° de latitude Nord et du 154° au 123° de longitude Est. Tokyo, la capitale, est située à 35° de latitude Nord – l’équivalent de Los Angeles ou Athènes – et à 139° de longitude Est, comme la ville d’Adélaïde, en Australie. Le Japon est constitué de plus de 6 800 îles dont les plus grandes sont, du nord au sud, Hokkaidô, Honshû, Shikoku et Kyûshû. Son littoral qui s’étend sur quelque 30 000 kilomètres est plus long que celui des États-Unis. C’est par ailleurs un pays où les montagnes sont omniprésentes. Les trois-quarts de sa superficie sont en effet constitués de pentes supérieures à 15 % et les Alpes japonaises occupent une grande partie de Honshû, la plus grande île de l’Archipel.

Le Japon se compose de six grandes zones climatiques, comme on le voit sur la carte ci-dessous. Le nord du pays, en particulier l’île de Hokkaidô située à proximité des rivages sibériens, a un climat de type subarctique alors que le sud, où se trouve l’île d’Okinawa, fait partie de la zone subtropicale. En hiver, les vents glacés venus de Sibérie se chargent d’humidité au contact de la mer. Ils sont ensuite piégés par la dorsale montagneuse située au centre de l’Archipel, ce qui a pour effet de provoquer d’énormes chutes de neige – jusqu’à 6 mètres de hauteur – et de grosses pluies sur la façade donnant sur la mer du Japon. Dans le même temps, le littoral de l’Océan Pacifique bénéficie d’hivers relativement secs et ensoleillés. En été, les choses changent du tout au tout. Les précipitations deviennent plus fréquentes sur la façade pacifique, notamment à cause des typhons, tandis que les rivages de la mer du Japon jouissent d’un temps souvent bien ensoleillé.

1 Mer du Japon 1a Rivage de la mer d’Okhotsk Température moyenne inférieure à 0°C en hiver. Faibles précipitations annuelles.
1b Ouest de Hokkaidô et ouest du Tôhoku Fortes précipitations en septembre et en hiver. Température moyenne inférieure à 0°C en janvier et février.
1c Façade de la mer du Japon (Hokuriku et Sanin) Température moyenne mensuelle supérieure à 0°C. Fortes chutes de neige en hiver.
2 2 Ouest de Kyûshû Fortes précipitations en juin et juillet.
3 3 Est de Kyûshû et sud-est de Shikoku et de Honshû (Nankai) Fortes précipitations tout au long de l’année, en particulier juin et septembre
4 4 Pourtour de la mer Intérieure (Setouchi) Climat doux avec de faibles précipitations tout au long de l’année.
5 Est du Japon 5a Est de Hokkaidô Hivers très froids. Faibles précipitations sauf en septembre.
5b Nord-est de Honshû (Sanriku et Jôban) Températures inférieures et chutes de neige moins abondantes par rapport au littoral de la mer du Japon à la même latitude.
5c Régions de Nagoya (Tôkai) et Tôkyo (Kantô) Fortes précipitations en juin et de septembre à octobre. Temps sec et ensoleillé en hiver.
5d Zone montagneuse du centre de Honshû (Chûô kôgen) Grande amplitude saisonnière des températures. Hivers très froids avec de peu de chutes de neige.
6 6a Archipel des Ryûkyû (Nansei shôtô) Températures élevées avec une faible amplitude saisonnière. Faibles précipitations.
6b Île Chichijima Températures élevées avec une faible amplitude saisonnière. Fortes précipitations en mai et novembre.

Tableau établi par l’équipe éditoriale de Nippon.com d’après des publications des éditions Ninomiya shoten.

L’importance des changements de saison dans la culture japonaise

Le climat du Japon comporte quatre saisons bien distinctes, à l’instar de l’Europe. Mais l’Archipel a aussi une saison des pluies (tsuyu)qui dure environ six semaines, de début juin à mi-juillet. Elle affecte l’ensemble du pays, à l’exception de l’île de Hokkaidô épargnée par la moiteur, et les fortes précipitations caractéristiques de cette période de l’année.

Les Japonais accordent une grande importance aux passages d’une saison à l’autre et en particulier à l’arrivée du printemps. Sur la façade pacifique, celle-ci coïncide avec un fort vent de sud qui se met à souffler à une vitesse de plus de 8 mètres par seconde. Ce phénomène qui dure du mois de février à la mi-mars est appelé haru ichiban, « premier vent du printemps ». La période de la floraison des cerisiers (sakura) où les Japonais ont coutume de se réunir pour contempler les arbres en fleurs (hanami) commence à Okinawa, au mois de janvier. L’Agence météorologique japonaise donne des prévisions détaillées accompagnées de cartes indiquant la progression du « front des cerisiers » (sakura zensen) du sud vers le nord et la date estimée de l’apparition des fleurs dans chaque région (voir article « L’archipel des cerisiers »). La floraison des sakura prend fin au mois de mai, dans l’île de Hokkaidô.

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Au Japon, l’administration, les entreprises et les établissements scolaires changent d’uniforme en fonction des saisons. C’est ce que les habitants de l’Archipel appellent koromogae « changement de vêtement ». Dans la plupart des cas, on procède à deux koromogae par an. Le premier a lieu le 1er juin, où l’on revêt l’uniforme d’été, et le second, le 1er octobre date à partir de laquelle on porte une tenue d’hiver. Les familles japonaises, qui disposent bien souvent d’un espace de rangement limité, remplacent quant à elles le contenu de leurs penderies par des vêtements plus appropriés en mettant soigneusement à l’abri dans des boîtes les manteaux et les vêtements qui ne sont plus de saison. La pratique du koromogae est très ancienne puisqu’elle remonte aussi loin que l’époque de Heian (794-1185).

À gauche : un uniforme scolaire d’été. À droite : un uniforme scolaire d’hiver.

L’attitude des Japonais face au réchauffement climatique

Depuis quelques temps, on constate que les températures de l’Archipel ont tendance à être plus élevées en été. Elles dépassent fréquemment 30°C et parfois même 40°C en pleine saison estivale. La température la plus forte – 41°C – a été enregistrée en août 2013 par Shimanto, préfecture de Kôchi, dans l’île de Shikoku. Depuis 2008, on observe également une multiplication des pluies diluviennes, des précipitations locales brutales qui se caractérisent par leur courte durée et une pluviométrie supérieure à 50 millimètres par heure.

Les autorités japonaises et les habitants de l’Archipel font de gros efforts pour combattre le réchauffement climatique. En 2005, le ministère de l’Environnement japonais a émis une directive intitulée Cool Biz contenant diverses recommandations à l’intention des entreprises dont les employés ne portent pas d’uniforme. Celles-ci ont été invitées à encourager leur personnel à ne pas porter de veste, de cravate ou de chemise à manches longues en été, ceci afin de limiter l’emploi  de la climatisation. Outre l’air conditionné et les ventilateurs électriques dont ils font un usage intensif pour combattre la chaleur étouffante de l’été, les Japonais ont aussi recours à des moyens plus écologiques, éventails, stores de bambou, rideaux anti-UV, ou colliers réfrigérants – neck cooler – constitués de glaçons. Certains appliquent encore la méthode traditionnelle qui consiste à arroser les rues et les jardins (uchimizu) pour rafraîchir l’atmosphère. D’autres, de plus en plus nombreux, font pousser des plantes grimpantes, entre autres le melon amer (gôya), appelé aussi margose, et la belle de jour (asagao), devant leurs fenêtres pour créer un rideau végétal qui contribue à empêcher la chaleur d’entrer et à limiter l’emploi de la climatisation.

Le rideau végétal qui pousse devant cette fenêtre  est destiné à empêcher les rayons du soleil et la chaleur de pénétrer à l’intérieur du logement.

Ruban adhésif isolant pour lutter contre les courants d’air.

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Quand vient l’hiver avec ses nuits froides, les habitants de l’Archipel ressortent leurs radiateurs et leurs kotatsu, appareil constitué d’une table munie d’une couverture sous laquelle est installé un chauffage en général électrique. Ils achètent du ruban adhésif isolant dans les boutiques à 100 yens pour calfeutrer leurs fenêtres et se protéger des courants d’air. Ils utilisent aussi de la feuille d’aluminium  qui, une fois placée sous les tapis, contribue à garder la chaleur. L’isolation thermique et le double vitrage sont encore peu répandus dans une grande partie du Japon.

Les conséquences inquiétantes des changements climatiques

Au Japon, l’année scolaire débute au mois d’avril, pendant la période de la floraison des cerisiers. C’est aussi le moment où les nouvelles recrues qui ont terminé leurs études l’année précédente commencent à travailler. Ces événements sont marqués par des cérémonies spécifiques. Les photographies qui immortalisent la rentrée des classes sont souvent prises sur fond de cerisiers en fleurs. Les vacances scolaires d’été durent en général de la fin juillet à la fin août. Mais dans les régions où il y a de fortes chutes de neige, comme à Hokkaidô, elles sont un peu plus courtes et les enfants ont, de ce fait, des congés plus longs en hiver.

Deux élèves du cours préparatoire en train de poser devant des cerisiers en fleurs, le jour de la rentrée.

Les changements de saison occupent une place particulièrement importante dans la culture de l’Archipel. Ils ont joué et jouent encore un rôle capital dans la poésie, la peinture, la cérémonie du thé (sadô), l’art des fleurs (ikebana) ou la cuisine. On peut même aller jusqu’à dire que, sans les mots et les expressions qui y font référence, la culture traditionnelle japonaise ne serait pas ce qu’elle est.

Mais le style de vie caractérisé par la proximité avec la nature qui a été celui des Japonais pendant des siècles n’est plus ce qu’il était. La raréfaction des espaces naturels provoquée par l’urbanisation à outrance a profondément modifié l’environnement de l’Archipel. Les prévisions concernant la floraison des pruniers et des cerisiers sont de plus en plus hasardeuses, sans doute en raison de changements climatiques. Au point que les responsables de l’organisation des festivités et des activités liés à cette période de l’année redoutent que les phénomènes météorologiques n’en viennent à perturber des traditions qui jouent un rôle essentiel dans la vie des Japonais.

(Photo de titre : un cerisier en fleurs de la variété hikan zakura, dans l’île d’Okinawa, au même moment, dans l’île de Hokkaidô, le mont Yôteizan est recouvert par la neige.)
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